Médecins de la Grande Guerre

Paul Canon

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Né le 8 sept 1894 à Chièvres
Brancardier volontaire

Après la chute d'Anvers, envoyé à Calais. Les trains sanitaires vont chercher à Furnes, les blessés de l'Yser. Pendant cinq mois fera chaque après-midi, ce monotone voyage, « convoyant, comme il le dit les horreurs de la guerre ». Cette vie de « roulotte », c'est ainsi qu'il l'appelle ne manque pas de pittoresque. Faute de logement en ville , on passe la nuit dans le train. Au lieu de vivres, chacun reçoit 1fr 29 par jour pour sa subsistance. Paul achète chaque matin ses pommes de terre, sa viande, son pain; il fait sa cuisine en plein air...

Le 15 mars reçoit son affectation au 3° régiment de ligne. Participe à la bataille de Steenstraete comme brancardier. Faillit être victime des gaz.

« Épuisé, raconte-t-il lui même à la date du 29 avril, je m'étais étendu dans mon abri. Les obus tombaient à quelques mètres de là. Bientôt les yeux commencent à me piquer; impossible de les tenir ouverts sans éprouver une vive douleur. En même temps, je sens l'engourdissement me gagner et, la fatigue aidant, je m'endors malgré le bombardement. Le lendemain, quand on m'éveille, j'ai la tête lourde, j'éprouve une soif que rien ne peut apaiser; l'air est devenu irrespirable; beaucoup autour de moi ont perdu connaissance. Vite je m'éloigne, et à quelques mètres de là, me trouve en face d'un spectacle inoubliable. La tranchée est bouleversée; dans son abri éventré, un soldat est assis, le crâne ouvert comme une boite; en face de moi un Français noirci par la poudre, déchiré par la mitraille; à côté, d'autres cadavres. A terre, je vois un pied et un morceau de chair que je ne puis identifier. Je me retourne et aperçois une tête; plus loin dans un uniforme, un paquet d'entrailles. C'est horrible. Pendant que je dormais de mon sommeil plus ou moins naturel, les Allemands ont continué leur bombardement, puis attaqué ; le 3° de ligne a héroïquement résisté et repoussé l'attaque, le roi a félicité le régiment et l'enthousiasme est grand. »

Le 9 mai 1915, plusieurs compagnies passaient de deuxième ligne en première ligne; relève périlleuse dans un secteur mal protégé. Plusieurs des nôtres furent atteints. Le poste de secours prévenu, Paul Canon se présente. On lui signale un blessé français tombé près de la deuxième ligne, à un endroit particulièrement dangereux. Vainement on le supplie de ne pas s'exposer pour un résultat incertain à une mort qui paraît inévitable; il part, sans autre sauvegarde que sa soutane et son brassard en compagnie du Père Henvaux. Les deux brancardiers sous le feu d'une mitrailleuse, arrivent au blessé mais au moment ou Paul Canon le prend par les épaules, il tombe atteint de deux balles et expire un quart d'heure après. Un frère Hiéronymite, accouru au secours de Paul Canon fut lui-même mortellement blessé d'une balle de mitrailleuse. Le Dr Alfred Van Winsen, médecin du 5° bataillon du 3° régiment de ligne souligna dans un rapport la conduite héroïque de son brancardier.

(source : « Au service des blessés », E. Laveille S.J, Editions Duculot, 1921)


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