Médecins de la Grande Guerre

Le caporal André Garnier

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Le caporal André Garnier

       André Garnier mourut à la bataille de la Somme et repose, enseveli avec sa maman, auprès de la chapelle des roses.

Introduction

       Voyageant dans les Alpes maritimes, j’ai découvert récemment le site de Notre-Dame de Laus près de la ville de Gap. Peu de Belges connaissent cet endroit de toute beauté, un vallon entouré de montagnes dans lequel, à partir de 1664, une bergère aurait vu la Vierge à de très nombreuses reprises. Laus figurent parmi les cinq endroits des apparitions reconnues par l’église catholique en France. La bergère s’appelait Benoite Rencurel. Aujourd’hui un centre diocésain accueille les pèlerins et touristes autour d’une basilique construite sur l’ancienne chapelle où se passa nombre d’apparitions.



Le centre N-D de Laus dans son havre de nature


A partir du sanctuaire de Laus, plusieurs promenades mènent aux différents endroits où Benoite eut des apparitions, notamment à la chapelle des Roses


De la terrasse de l’hôtellerie, une vue plongeante vers la chaîne périphérique des Ecrins

       Une de ces promenades mène à la chapelle des Roses située en face du village natal de Benoite (Saint-Etienne). J’ai pu me rendre à cette chapelle et fut surpris de découvrir autour de celle-ci un cimetière désaffecté contenant quelques stèles centenaires dont celle d’André Garnier et de sa maman. La stèle précisait qu’André Garnier était mort le 20 septembre 1916 pour la France. Emu par le lieu et cette stèle, j’ai voulu essayer de reconstituer l’histoire de ce poilu.

Histoire (incomplète) du caporal André Garnier

       André Garnier est né le 04 mai 1885 à Gap et est mort pour la France le 20 septembre 1916 dans la région de Clery-sur-Meuse sur la Somme. Il faisait partie du 10ème régiment du Génie au sein de la 70ème Division d’Infanterie comme son compagnon André Weinbrenner âgé lui, seulement de 21 ans.

       C’était l’époque de la terrible bataille de la Somme. Le 3 septembre, les Français reprennent la ville de Clery-sur-Meuse.



       Le 16 septembre, le 42ème bataillon de chasseurs à pied mena l’assaut à la tranchée de Nich située au sud-est de cléry et en prit possession.

       La compagnie des deux sapeurs du nom de Cie 20/11, fut alors appelée à préparer la tranchée de Nich pour permettre une sortie facile des combattants lorsqu’ils se rueraient à l’assaut de la ligne de tranchées suivante. Ils s’y rendirent le 20 septembre afin d’aménager de nouvelles banquettes et escaliers dans la paroi est de la tranchée. Mais en ce jour du 20 septembre, les Allemands enclenchèrent un terrible bombardement sur leur ancienne tranchée (ainsi d’ailleurs que sur celles qui leur avaient été prises dans le bois des Berlingots où fut tué notamment Lacou Marcel avec comme résultat un nombre élevé de victimes dont hélas, nos deux sapeurs dans la tranchée de Nich.



En bas de la carte figure la tranchée de Nich et en haut à droite le bois des berlingots

       Clery-sur-Somme possède une nécropole militaire où reposent plus de deux mille trois cent soldats français morts dans la bataille de la Somme. André n’y figure pas. Sa maman vint un jour reconnaître le corps de son fils pour l’emmener au pays natal près de Gap dans le petit village de Valserre jouxtant le site de Laus. Son fils reposera dans le cimetière de la chapelle des roses. Sa stèle funéraire, dans le cimetière désaffecté indique aussi qu’avec lui repose sa maman, Marie née Jacob décédée le 29 mai 1923 à l’âge de 79 ans. Marie eut son fils André assez tard, à l’âge de 41 ans. Il est vraisemblable que son fils unique et célibataire fut son (seul ?) soutien avant qu’il ne soit mobilisé au début de la guerre. On se figure aussi sans difficulté, le chagrin de cette femme à l’annonce de la mort de son fils et sa ferme décision de ramener le corps de son fils auprès d’elle. Le long voyage qu’elle fit jusqu’à la Somme pour reconnaître son fils fut sans doute le seul voyage qu’elle fit en dehors de sa contrée. La stèle funéraire de ce jeune homme, mort à l’ennemi et de sa maman est remarquable par la douleur qui émane de ces deux noms assemblés. On espère que les autorités françaises trouveront le moyen de restaurer et de garder cette stèle précieusement dans le cimetière de la Chapelle des Roses Ce petit monument est un symbole de l’amour maternel. A ce titre, il trouve merveilleusement sa place en ce lieu qui vit la Vierge offrir des roses à Benoite Rencurel et cela, en plein mois de mars ! On peut penser que le geste de Notre-Dame la Vierge signifie que les belles créations de notre monde de disparaîtront jamais. Il en est certainement ainsi de l’amour d’une mère pour son enfant. J’imagine donc qu’André et sa maman, aujourd’hui, reçoivent encore de la Vierge les mêmes roses que reçut un jour Benoîte. 



La chapelle et le petit cimetière désaffecté


Sur cette stèle les noms d’André Garnier mort pour la France le 20 septembre 1916 âgé de 31 ans et le nom de sa maman, Marie Garnier, née Jacob décédée le 29 mai 1923 à l’âge de 79 ans.



La chapelle des roses photographiée du petit cimetière désaffecté

       Ecrit durant la Semaine Sainte 2025 en pensant aux innombrables misères et chagrins causés par les guerres.

Dr Loodts Patrick

 

 

 



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