Médecins de la Grande Guerre
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Dora, petite-fille de Léopold II, fut infirmière à Berlin
durant la Grande Guerre Beaucoup de princesses n’eurent pas une
vie de « princesse » comme en témoigne, parmi tant d’autres, la vie
de Dora, la petite-fille de notre roi, Léopold II qui, vécut les deux guerres
mondiales dans le camp allemand. Sa jeunesse Dora est issue du mariage de Philippe de
Saxe-Cobourg avec sa petite-cousine la Princesse Louise, fille aînée de Léopold
II.
Avec sa mère la Princesse Louise de Belgique vers 1885. (photo K. Köller) Philippe est l’aîné de tous les
Saxe-Cobourg et à ce titre il est le gérant de tous les domaines appartenant à
sa famille étendue. Il en reçoit les revenus et doit les répartir entre tous
les Saxe-Cobourg. C’est ce que l’on appelle un « fideicommis ».
A sa mort, c’est le plus âgé des Saxe-Cobourg qui reprendra sa fonction
permettant aux propriétés (disséminées en Autriche, Hongrie, Slovaquie) de
n’être jamais morcelées.
Louise et Philippe le jour de leur mariage Il se marie le 4 février 1875 avec
Louise, fille du roi Léopold II et âgée seulement de 17 ans. Comme ses deux
sœurs, Stéphanie et Clémentine, Louise a beaucoup souffert de la mésentente de
ses parents. Hélas, son jeune couple ne sera pas plus heureux que celui que
formaient Léopold II et Marie-Henriette. Philippe est certes amoureux de sa
jeune épouse mais Louise le trouve vite trop autoritaire et possessif. Malgré
leurs différents, Louise donnera naissance à deux enfants, Léopold et Dorothée,
née le 30 avril 1881, et qui sera surnommée Dora. La famille réside à Vienne au
Palais Cobourg. Philippe est souvent en voyage et doucement les liens qui
régissent les époux se fragilisent. Louise trouve des compensations dans le
luxe et la coquetterie jusqu’au moment où elle trouve un amant qui n’est autre
que l’aide de camp de son époux. La reine des Belges intervient et parvient à
convaincre les amants de mettre fin à leur liaison. En 1894, Dora est laissée
aux bons soins de sa grand-mère paternelle pendant que ses parents effectuent
un long voyage en Egypte. Certes il y a une gouvernante pour l’éduquer, mais le
niveau de son instruction de Dora restera insuffisant avec comme conséquence
des difficultés pour elle à tenir des conversations dans le milieu
aristocratique qui, dès lors, la considérera comme une personne ennuyante. Un nouveau drame familial va survenir
quand sa mère, Louise rencontre un lieutenant des Uhlans nommé Géza Mattachich dont elle va follement tomber amoureuse. Elle
parvient à l’engager comme maître de ses écuries puis, désireuse d’être libre,
décide de quitter son foyer pour entreprendre avec sa fille un tour d’Europe. Très rapidement, Dora, sortie à peine de
l’enfance, lors de ses sorties avec sa mère,
devient la source d’attention d’un prince allemand, le duc Gunther de
Schleswig-Holstein, qui n’était pas moins que le beau-frère de l’empereur
Guillaume II ! Dora rencontra Gunther durant l’été 1896 dans son domaine de Primkenau
en Silésie prussienne (aujourd’hui Primkenau fait
partie de la Pologne).
Le château de Primkenau n’existe plus aujourd’hui Les évènements s’emballent et
l’adolescente Dora, âgée de 15 ans, est fiancée le 17 avril 1897 à l’hôtel
Bristol de Cannes ! Peu de temps après, le père De Dora perd sa cousine,
la duchesse d’Alençon dans l’incendie du Bazar de la charité à Paris. Dora et
ses parents se rendent aux funérailles. Peu après, Dora est emmenée par Gunther
dans sa future belle-famille pour y être présentée tandis que sa mère, Louise,
séjourne seule à Karlsbad où elle retrouve son amant Géza Mettachich.
Cette liaison met Louise au banc de la société et de sa propre famille. Louise
loue ensuite une villa à Karlsruhe où elle fait venir sa fille avant de
rejoindre à nouveau Karlsbad… Ces voyages incessants avec sa mère qui ne veut
pas reprendre la vie conjugale ne lui laissent pas l’occasion de parfaire son
éducation comme on l’exigeait habituellement pour une princesse. Philippe, son
père, est quant à lui obligé de laver l’affront que lui cause l’amant de sa
femme, Mattachich. Un duel est organisé puis se
termine par la section d’un tendon du pouce de Philippe par le sabre de
l’uhlan. L’honneur de Philippe est maintenant sauf mais l’affaire n’est pas
terminée. Les bruits courent alors que l’on veut enfermer Louise et éloigner
ainsi définitivement son amant. Louise croit aussi que l’on veut la séparer de
sa fille. Pour éviter que Dora soit confiée à son père, Louise demande à
Gunther de la conduire dans sa propre famille, à Dresde, et cela jusqu’à son
mariage. Philippe accepte finalement cette solution qui éloigne sa fille de
Louise et de son amant. Dora à Dresde vivra des mois calmes. La
jeune princesse, hébergée chez la duchesse-douairière, mère de Gunther et de sa
fille célibataire reçoit alors l’instruction qu’elle n’a jamais vraiment reçue.
Quant à Louise, elle s’installe à Paris avec son amant et continue à dépenser
des sommes folles que doit régler son mari Philippe. Un divorce est alors très
mal vu dans la société et Philippe n’a d’autres recours que de publier dans la
presse qu’il est non solidaire des dettes encourues par son épouse. En toute
dernière extrémité, les amants se réfugient en Croatie. Cela ne les sauve pas
car Mattachich est arrêté pour désertion et de plus
est accusé de falsifications de documents. Il écopera de six ans de détention. Quant
à Louise, elle préfère être internée plutôt que de rejoindre son époux ! Gunther et Dora préparent leur mariage.
Il y a d’abord de longues discussions sur le rite religieux à suivre :
protestant ou catholique ? L’église catholique exige pour un mariage mixte
que tous les enfants issus d’un tel mariage soient élevés dans la religion
catholique… Après maintes discussions avec la famille et les autorités religieuses,
c’est le mariage catholique qui est choisi. Il a lieu le 30 juillet 1898 mais
sera aussi suivi d’une petite cérémonie protestante le 2 août juste avant les
noces. La famille royale de Belgique est absente car le roi Léopold II ne veut
pas rencontrer son gendre Philippe à qui il vient de refuser une aide
financière demandée pour rembourser les dettes contractées par Louise… Dora, prise souvent en otage entre père
et mère fut sans doute heureuse de trouver une nouvelle vie par un mariage
précoce (elle n’a que 17 ans mais le même âge de sa mère lorsque celle-ci se
maria !) avec un prince allemand, à la réputation de grand séducteur. Depuis plusieurs années, Gunther
cherchait à se marier mais aucune de ses amoureuses ne reçut l’agrément du
Kaiser… Ainsi par exemple, en 1894, il tomba amoureux de la fille du comte de
Paris lors d’un voyage entrepris en Egypte. Le couple impérial pose son veto
refusant catégoriquement une union avec
une princesse d’origine française. Gunther est aussi un bon vivant, un
sportif et un cavalier passionné qui possède un haras dans sa propriété de Primkenau. Petite anecdote : en octobre 1892, il prend
part à un raid équestre s’échelonnant de Berlin à Vienne (575 km !)… Il
arrive finalement au terme de la compétition en… menant à pied son cheval
épuisé ! La jeune mariée Les mariés semblent s’entendre. Gunther
a un côté paternel que la jeune mariée semble bien accepter. Gunther essaie de
combler le manque de culture de son épouse qui ne parvient pas à briller en
société. Elle fait pâle figure à côté de sa belle-sœur Féo,
écrivaine féconde, publiant ses œuvres sous le nom de F. Hugin.
La vie mondaine suppose de nombreux voyages et chaque année le couple passe
plusieurs semaines du printemps sur la Riveria.
Ensemble, il découvre la Turquie et l’Italie où ils sont reçus par le pape.
Mais Gunther apprécie aussi nombre de voyages en solitaire dans de nombreuses
villes d’Europe dans lesquelles il écume les casinos. En 1906, Gunther subit
une opération dont la cause ne fut pas connue mais qui nécessita une longue
convalescence… Certains voient en cette opération la cause de la stérilité du
couple mais Dora pourrait aussi avoir souffert de problèmes hormonaux. Le
couple restera donc sans enfants. Mais le ménage semble aussi inhabituel car Dora
semble accepter que son mari la trompe ouvertement avec sa propre dame de
compagnie, la très jolie comtesse Erika von Sass rentrée à son service en 1907. Malgré cette situation,
Dora conservera toute sa vie une fidélité exemplaire à sa dame de compagnie.
Une mystérieuse amitié les liera jusqu’à la mort.
Gunther et Dora peu après leur mariage. En 1904, la mère de Dora parvient à
s’évader de sa résidence surveillée. Son amant Mattanich
a été libéré et c’est à Paris que le couple illégitime se réfugie. En 1906 elle
obtient enfin son divorce et contracte de nouvelles dettes, persuadée qu’un
jour elle pourra tout rembourser avec l’héritage attendu de son père Léopold
II. La 17 décembre 1907, le roi décède. Le nouveau souverain, Albert propose à
Louise de pouvoir réintégrer la famille royale à condition de se séparer de son
amant Mattachich. Elle refusera… Quelques jours plus
tard les trois filles de Léopold II découvrent que le défunt ne leur laisse que
les 15 millions, la somme qu’il a lui-même hérité de ses parents. L’argent
amassé au Congo a été caché soigneusement dans des sociétés écrans... Louise,
poursuivie par une horde d’échéanciers, intentera procès sur procès pour en
récupérer une partie. En mai 1911, on retrouve Dora et Gunther
accompagnant le Kaiser à Londres ! La maman de Dora, Louise continue à
accroître son endettement et en avril 1913, la cour d’appel de Bruxelles
déboute les trois princesses belges qui néanmoins, reçoivent finalement sept
millions de plus que ce que prévoyait Léopold II dans son testament. Mais pour
Louise les sommes dues sont bloquées par ses 115 créanciers parmi lesquels on
retrouve Gunther, son beau-fils. La première guerre mondiale va empêcher tout
accord…. La Première Guerre mondiale Gunther prend la tête du régiment
d’infanterie n° 85 « Duc de Holstein ». Gunther semble avoir été au
cœur des combats durant les premiers mois de la guerre. Dora, début août,
rejoint Berlin pour suivre pendant quatre semaines des cours d’infirmière à
l’hôpital de Béthanie. Après sa
formation, elle est envoyée dans un hôpital de Saxe dans les environs de
Stendal puis dans un hôpital à Aix-en-Chapelle. En octobre, Gunther obtient un
poste auprès du gouverneur général de la Belgique occupée. Louise sa belle-mère
est en ce moment à Vienne avec Mattachich. Louise
demande l’aide financière de Gunther en échange de ses droits sur l’héritage en
litige de Léopold II mais aussi sur l’héritage de l’impératrice Charlotte du
Mexique, sœur cadette du roi Léopold II. Gunther accepte mais l’Allemagne a
ravi aux banques belges les quatre millions et demi qui restait de l’héritage de Léopold II et Gunther n’en verra pas la couleur. Dora reste donc empêtrée dans les
problèmes financiers que sa mère lui cause mais, de plus, elle doit affronter
un nouveau scandale familial. Son frère Léo entretenait une relation avec une
actrice de théâtre, Mila Rybiczka.
Mila Rybiczka, la maîtresse répudiée du prince Léopold Philippe, son père proposa à l’actrice
une forte somme pour s’éloigner de son fils Léo car la famille Cobourg ne
pouvait accepter un éventuel mariage avec cette roturière. L’actrice refusa.
Plus tard, Léo, lui-même souffrant de
trop de pressions de la part des siens, décida de mettre fin à sa
liaison. Une terrible scène se produisit alors le 17 octobre 1915 : Mila
jette de l’acide sur le visage de Léo avant de tirer quatre coups de revolver
sur lui et de se suicider. Leo survivra quelques mois mais aveugle et défiguré,
il décédera lors d’une opération en avril 1916 ! Ce drame rappelle une autre tragédie vécue
par la tante Stéphanie de Dora dont le mari Rodolf se suicida avec sa
maitresse ! Mais revenons à Gunther que l’on
retrouve, après Bruxelles, à plusieurs endroits du front notamment à Arras où
l’on fêta les cinquante ans de son régiment et où il remet la Croix de Fer aux
plus méritants. Quant à Dora, au printemps 1915, elle est obligée de ralentir
ses activités car elle doit être opérée de l’appendicite. On la retrouve
cependant, en 1917, assistante à la salle d’opération du docteur Esser, chirurgien hollandais qui acquit une grande
réputation en devenant un pionnier de la chirurgie faciale. La Hollande étant
neutre pendant la Première Guerre mondiale, ce médecin avait accepté de
travailler pour l’Empire.
Le Dr Johannes Esser à Brünn au milieu de ses patients opérés du visage
A Berlin en 1916, Dora alors qu’elle est infirmière. (photo A. Grohs) L’après-guerre Après le 11 novembre, sous la république
de Weimar, Gunther est obligé de vendre, à bas prix, les propriétés qu’il
possède au Danemark. L’apanage que le gouvernement impérial lui versait est
supprimé, le couple voit ainsi disparaitre une partie importante de ses
revenus. Une curieuse adoption Gunther et Dora sont sans postérité et
pourtant ils veulent une succession. Une astuce est trouvée : ils vont
adopter deux enfants issus d’un couple princier, celui du prince Albert de Glûckburg. Albert a perdu son épouse en avril 1918 de la
grippe espagnole. Il doit élever 4 enfants et est dans une situation financière
précaire. Gunther lui propose d’adopter deux de ses enfants, Marie-Louise 10
ans et Johan Georg, sept ans. Albert accepte. Les deux enfants dont les noms familiers
sont Minny et Hans emménagent dans le domaine de
Gunther à Primkenau en septembre 1920 où l’on engage
pour eux des professeurs. Quelques mois plus tard, le 22 février
1921, Gunther meurt emporté par une septicémie. Dora se retrouve veuve à 39 ans
et avec ses deux enfants adoptifs. Dora hérite du château Neues
Schloss de Primkenau et
du parc qui l’entoure. Les propriétés communes à tous les Holstein que gérait
Gunther et que l’on appelle le fideicommis est
démantelé en partie et le reste est confié à l’aîné de la branche, un cousin
germain de Gunther. Au cours des années suivantes, pour ne pas changer, Dora
est confrontée aux multiples problèmes financiers pour payer tous les salaires
et charges liés à son domaine. Malgré ces soucis, elle parvient à continuer des
activités philanthropiques dont une importante contribution financière pour la
réalisation d’un grand Parc des sports à Primkenau. Pour
faire face à toutes ses dépenses, elle organise des ventes successives des
objets de valeur de son château. En 1926, un de ses créanciers demande en
justice la mise en faillite de Dora. Un peu plus tard, cruelle déception pour
Dora, c’est le père naturel de son fils adoptif Hans et de sa fille adoptive Minny qui entame une procédure pour bloquer les avoirs de
Dora, afin dit-il, de préserver la part d’héritage qui devrait plus tard aux
enfants adoptés. Dora tient bon et obtient finalement gain de cause mais après
de multiples tracasseries. La mort de son père vint encore lui donner un
surcroit de soucis avec une succession compliquée aggravée par le fait que
l’administration Tchécoslovaque s’empare des terres des Cobourg dans l’ex-haute
Hongrie. Dora dut lors porter plainte comme aussi dans d’autres affaires, elles
aussi liées à la succession. Quant sa mère Louise meurt en mars 1924, les
créanciers de cette dernière tentent de retrouver leurs mises auprès de Dora…
En 1927, c’est la mort de l’impératrice du Mexique, Charlotte qui va à nouveau
soulever une tempête d’ennuis à Dora. Elle hérite en partie mais beaucoup de
biens doivent rester en indivision entre les six héritiers et finalement le roi
Albert et ses deux sœurs consentent un prêt à Dora en attendant la fin de l’indivision.
Que de problèmes d’argent à régler pour la pauvre Dora…. Dans l’Allemagne hitlérienne Vint le monde d’Hitler où Dora n’a
d’autres choix que de survivre. Ses ennuis financiers continuent. On note qu’en
1938, elle a sollicité l’aide du parti nazi pour obtenir gain de cause dans
l’affaire de l’héritage de son père qui l’oppose à son cousin Josias ! Quand la guerre éclate, l’aîné des
petits-fils de guillaume II est blessé mortellement. Ses funérailles à Posdam voient affluer 50.000 personnes. Hitler y voit un
soubresaut monarchiste et décide d’interdire aux membres de l’aristocratie de
servir dans l’armée du Reich. Cependant, les membres de la noblesse ne sont pas
tous mis à pied. Le fils adoptif de Dora est ainsi jugé « sans risque pour
le régime ». Devenu lieutenant, Hans est envoyé sur le front russe et est
tué le 23 juin 1941 au cours de la fameuse opération Barbarossa. A Primkenau,
la misère s’installe au cours de la guerre. Une vingtaine de prisonniers de guerre
français rejoignent le domaine et s’occupent de l’entretien des écuries et des
travaux dans les vergers et le parc. Le château devient vite un refuge pour
nombre de familiers. Mais un beau jour, de février 45, les troupes russes et
polonaises arrivent à proximité du domaine et Dora décide de fuir son domaine.
On charge quelques souvenirs et bagages sur des charrettes bâchées auxquelles
on attelle les derniers chevaux du domaine. La petite troupe sous la direction
de Dora est composée des résidents temporaires au château, de sa dame de
compagnie Erika Von Sass, du mari de celle-ci et des
prisonniers français. Curieusement ces derniers ont préféré suivre leurs geôliers »
plutôt que de tenter leur chance de leur côté. La destination des fuyards est Blankenburg- am- Harz où se
trouve le château du duc et de la duchesse de Brunswick. Dora compte sur leur
hospitalité. Le 13 févriers les fuyards passent par Dresde et constate la
désolation de la ville détruite par l’aviation alliée. Dora et ses compagnons
ne parviennent plus à s’orienter. Le salut vient alors des soldats français qui
déplient des mouchoirs reçus dans leurs colis et qui, en étant trempés dans
l’eau, révèlent une carte d’Allemagne détaillée devant leur servir en cas de
fuite. Grâce à eux le périple peut continuer et durera trois longues semaines.
Le château de Blankenburg-am-Harz Arrivés au château de Blankenburg-
am-Harz, après avoir gravi l’escalier de 122 marches,
Dora est accueillie par sa nièce Viktoria Luise. Il y a plus de cent personnes
qui ont trouvé refuge au château. Après quelques semaines, Dora prend la route
de Nôrdlingen pour trouver finalement refuge dans le Hohes Schoss du château
de Dischingen appartenant à la famille de ses cousins
de Tour et Taxis.
Le Hohes Schlosse de Dischingen Elle doit faire le deuil de son
domaine de Primkenau où le château a été complètement
détruit et où même les tombes familiales du domaine ont été profanées puis
détruites par les russes qui espéraient y trouver des objets de valeur. La
pierre tombale qui recouvrait la tombe de son époux a même disparu. Dora est
restée l’hôte de la famille de Tour et Taxis au château. Les conditions de vie
sont rudes car il y a peu de confort et absence de chauffage central mais au
début des années cinquante, dora peut bénéficier d’un confort plus grand au
troisième étage du Prinzenbau, un autre
immeuble de la famille de Tour et Taxis.
Dora doit beaucoup à cette famille qui lui verse aussi régulièrement de
l’argent pour subvenir à sa vie matérielle. Ruinée, elle reste impliquée dans
plus de trente actions judiciaires concernant entre autres et encore la
succession de son père, la succession de l’ex-impératrice Charlotte du Mexique,
l’affaire de la confiscation de ses propriétaires en Basse-Silésie par l’état
Polonais, les bijoux de sa grand-mère paternelle Clémentine d’Orléans…) Dora de
Saxe-Cobourg, duchesse de Schlessig-Holstein s’éteint
le 21 janvier 1967 à l’âge de 86 ans. Elle reposera dans la crypte de l’église
Saint-Augustin de Cobourg. Sa vie fut loin d’être un conte de fée malgré le
fait qu’elle était la petite fille du roi Léopold II et la belle-sœur du kaiser
Guillaume II ! Dora vécut constamment au milieu de drames familiaux successifs
qu’elle dut très souvent affronter seule. Une époque de deux guerres, une
époque où la liberté de la femme était encore à conquérir, une époque d’une
noblesse en déclin mais où cependant régnaient encore des conflits
interminables entre les familles princières et des drames épiques du fait des
mariages arrangés et de la quasi impossibilité de divorcer. Il paraît d’après
ses biographes que dans les dernières années de sa vie Dora revenait souvent au
cours de ses conversations sur les évènements de sa vie… On veut bien croire
qu’elle avait beaucoup à raconter !
Promenade dans la « Forêt anglaise » près du château de Dischisgen Source : Olivier Defrance et Joseph van Loon, « La Fortune de
Dora, une petite-fille de Léopold II chez les nazis », Editions Racine,
2013 |