Médecins de la Grande Guerre

Le Dr Van Coillie Ed, son fils René et le Cercle de Schaerbeek.

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Le Dr Van Coillie Ed, son fils René et le Cercle de Schaerbeek

Plan

1) Qui était le Dr Van Coillie ?

2) Le chagrin du Dr Van Coillie : son fils mort à 16 ans…

3) L’histoire du plus jeune sergent de l’armée belge, René Van Coillie

4) Les activités patriotiques du cercle de Schaerbeek

5) Biographie des médecins militaires du Cercle

6) Biographie des aumôniers militaires du Cercle

7) Biographies des soldats du Cercle morts pour la Belgique

8) Un membre du Cercle remarquable enseignant

9) Conclusion du Dr Van Coillie

1) Qui était le Dr Van Coillie ?

Le docteur Van Coillie était un membre très actif du Cercle Catholique de Schaerbeek. Ce Cercle de loisirs et d’entraide  essaya pendant la grande guerre de susciter et d'entretenir un esprit  de patriotisme et de résistance auprès de ses membres. Dans un livre intitulé « Une Page d’Histoire de la Grande Guerre[1] » le docteur  Van Coillie, dans les années vingt, s’attela à rappeler les sacrifices consentis par les membres de ce cercle pour obtenir la victoire ! L’auteur, homme modeste, évita d’écrire sur lui-même bien qu’il fût un véritable résistant ! Cependant, grâce à son confrère, le Dr Schoofs, qui préfaça son ouvrage, nous pouvons appréhender quelque peu sa personnalité. Voici un extrait très significatif de cette préface :

Je suis heureux de pouvoir rendre ici hommage au vaillant lutteur, au puissant polémiste, à l’ardent patriote que fut mon cher collaborateur à la Libre Belgique Clandestine, mon compagnon de prison, sinon de cellule. Les anciens lecteurs de cette feuille de combat ont pu apprécier, dans la longue série d’articles signés des pseudonymes Dr Z et Ego, la vigueur de son style, la richesse de sa documentation, la force de son argumentation ; c’est lui qui fournit le plus grand nombre d’articles, et non des moins substantiels, au vaillant petit journal. De sa plume cinglante, mordante, trempée dans le vinaigre et le vitriol, il était passé maître en l’art de démasquer la fourberie teutonne et de venger la vérité outragée. En même temps qu’il luttait contre le découragement et le pessimisme, il cherchait à resserrer les liens entre tous les Belges et à ramener la confiance en l’issue finale. Quelle bonne besogne il a faite en ce domaine !

Il eut la gloire de perdre un de ses fils, le plus jeune volontaire tombé du Cercle, qui devait inaugurer la série de nos morts, et celle de voir emprisonner sa dame et un autre de ses fils.

Bon sang ne peut mentir. N’est-ce pas une de ses jeunes filles, presqu’une enfant en 14, Yvonne, qui, à un officier supérieur boche à cheval l’interpellant sur la direction à prendre pour aller à Wemmel, fit cette fière réponse : « je connais la route mais je ne vous l’indiquerai pas ! »

N’est-ce pas la même qui, en pleine occupation ennemie, collabora avec d’autres jeunes filles du Cercle à l’organisation d’une fête de comédie au profil de la Conférence de Saint Vincent de Paul fondée clandestinement par nos membres parmi les prisonniers de Saint- Gilles ? Laissez-moi raconter, pour finir, ce joli petit trait qui dépeint si bien l’état d’âme de nos enfants sous le joug teuton. Il se faisait donc que cette association charitable avait à soulager de grandes et nombreuses détresses et réclamait de l’argent, beaucoup d’argent. Les enfants des papas emprisonnés ne pouvaient résister plus longtemps à l’appel de ces demandes instantes .Que faire pour battre monnaie ? Les théâtres étaient fermés ; une soirée de comédie serait assurée du succès ! Mais on n’avait pas d’acteurs de sexe fort, tous les jeunes gens du Cercle étaient partis au front, et eût-on trouvé quelques embusqués, on les eût dédaignés. A cela ne tienne ! Les rôles masculins seraient tenus par les plus audacieuses. Un local fut loué, les cartes furent placées, on oublia, et pour cause, de demander à la Kommandantur et à la censure les autorisations requises. La fête réussit à merveille et rapporta plus d’un millier de francs qui furent envoyés furtivement à Saint-Gilles où ils furent reçus avec des larmes de joie et de reconnaissance.

Spartacus de la Libre Belgique Clandestine (Dr Schoofs)  

2) Le chagrin du Dr Van Coillie : son fils mort à 16 ans, les armes à la main !

Le but avoué du livre du Dr Van Coillie était de rendre hommage à tous les membres du Cercle de Schaerbeek qui se dévouèrent sans compter pour la liberté de leur pays. Le but caché était cependant de garder vivante la mémoire de son jeune fils qui périt  les armes à la main et dont on ne retrouva jamais le corps enfoui à jamais dans la boue de l’Yser ! Le livre  est avant tout un monument élevé à la mémoire de son fils !
René Van Coillie, élève à l’Institut Sainte-Marie s’engagea le 6 août 14 à l’âge de 16 ans et demi ! On imagine facilement que cet engagement précoce   suscita chez le père de famille orgueil et fierté mais aussi remords ou regrets ! En entreprenant ce travail de mémoire, le docteur Van Coillie essaya de mettre un peu d’ordre dans les sentiments qui l’agiraient ! L’orgueil et la fierté l’emporteront : fierté d’avoir eu un fils mort pour la patrie, fierté que son fils ait été le plus jeune sergent de l’armée belge ! Bien évidemment, le docteur Van Coillie  mettra à profit la réalisation de son monument scriptural pour consoler les quinze autres familles du Cercle de Schaerbeek qui comme la sienne était endeuillées par la perte d’un jeune homme ! Il écrira donc pour chaque soldat tué au combat une biographie la plus complète possible. La mise encommun de ce patrimoine douloureux, le partage d’émotions lors des demandes de renseignements auprès des familles aidèrent certainement à la fois le Dr Van Coillie mais aussi les familles interrogées à faire le deuil de leurs héros !

3) L’histoire du plus jeune sergent de l’armée belge, René Van Coillie, fils du Dr Van Coillie

Voici le résumé de l’histoire de René écrite par son papa.

René Van Coillie âgé de 16 ans et demi s’engagea le 6 août 14. Il se fit rapidement remarquer en faisant arrêter à Gand un personnage suspect qui lui paraissait être un espion .C’était un Allemand de Dusseldorf qui fut fusillé quelques jours plus tard ! 

René nommé caporal avant l’âge réglementaire commanda un corps de volontaires de 28 hommes. C’est à cette époque écrivit  son père, qu’il fit la connaissance de Victor Gaillet, un autre membre du Cercle dont il devint inséparable. Les deux amis, dans leur chambrée, prirent l’initiative de la prière du soir à genoux et peu de temps après presque tous les soldats firent comme eux. C’est à Menin que René combattit pour la première fois. Une nuit, il fut chargé de garder avec cinq hommes un pont sur la Lys. Aucun des soldats n’avait encore eu le baptême du feu. Vers minuit, des habitants fuyant en désordre leur annoncèrent qu’une cinquantaine d’Uhlans arrivaient pour s’emparer du pont. Que faire ? Le petit caporal n’hésita pas. Il fait creuser des trous et attend l’attaque. Chacun des volontaires disposent de 45 cartouches. Quand les Allemands s’approchèrent, les six hommes déchargèrent leur fusil. L’ennemi fut  repoussé, laissant sur le terrain lances, fusils, chevaux morts ou touchés ainsi que deux hommes qui furent faits prisonniers. René et ses compagnons d’armes dont un seul fut blessé revinrent au matin  triomphalement dans leur compagnie. Le capitaine félicita les braves et élève René au grade de sergent bien qu’il n’eût pas l’âge et l’ancienneté exigée par le règlement.  « Vous êtes le plus jeune sergent de l’armée belge » dit-il en lui serrant la main.

La marche des volontaires se poursuivit et en  octobre 14 René se trouva  dans la boucle de Tervaete : l’ennemi a franchi là l’Yser et il s’agit de le contenir à tout prix ! Un soldat témoignera :

« Tout à coup, on vint nous annoncer que le génie qui avait gardé le pont de Tervaete avait flanché sous une forte attaque et avait dû abandonner le terrain  faute de munitions, et qu’environ 5.000 allemands avaient passés l’Yser. Devant le danger on nous annonce qu’il faut les refouler coûte que coûte. C’est ainsi qu’environ un quart d’heure plus tard on entend le clairon sonner le rassemblement pour le bataillon .Un moment d’angoisse fort compréhensible car nous avions déjà beaucoup souffert ! Une demi-heure s’écoule quand nous entendons sonner la charge par le 2ème bataillon ; le nôtre allait suivre, mais le sergent Van Coillie, poussé par l’enthousiasme, s’écriait : « Allons, mes amis, soyons courageux ! Suivez-moi ! » Puis il passa sa pipe et son tabac à un ami et se lança en avant avec quelques uns de ses soldats…

Au retour, après avoir rassemblé le bataillon qui se composait de 225 hommes, il n’en restait que 97, et le sergent Van Coillie était manquant ; les uns prétendent qu’ils l’ont vu blessé dans une maison, les autres disent le contraire. Ce qui est certain, c’est qu’on n’a plus jamais eu de nouvelles de lui »

René avait 16 ans et huit mois quand il disparut dans la boucle de Tervaete !

4) Les activités patriotiques du Cercle de Schaerbeek

Voici les activités du Cercle détaillées dans le livre du Docteur Van Coillie et résumées par mes soins  

a) L’envoi au front des fils des membres du cercle

Le Cercle Catholique compta 180 membres pendant la guerre et fut une véritable école d'enrôlement. Les fils de ses membres considéraient comme une honte de rester en Belgique occupée et ils s'en allèrent tous  sauf cinq dont trois retenus pour des raisons de santé, rejoindre le front. Parmi eux des jeunes gens de 16 à 17 ans. Sur les 90 garçons qui partirent 16 ne revinrent jamais et sur les 74 autres, plus de 20 furent blessés au front.

b) Les conférences patriotiques

Le cercle suscita aussi la résistance dans le pays. Dans les  réunions secrètes on exhibait le drapeau et on se quittait sous les accords de la Brabançonne. Parmi ces conférences, il y eut "La retraite de Haelen " par le R.P. Charles, « La défense de l'Yser » par l'avocat Van Eecke, « La Destruction de Reims » par le frère Denys, « La mort de Thiepval » par le curé de cette malheureuse paroisse  qui était avec ses ouailles, réfugié à Schaerbeek !

c) Le recrutement de volontaires dans la population de Schaerbeek

Le local du cercle était devenu peu à peu un local de recrutement. Là siégeait à des moments déterminés un comité qui recrutait la jeunesse et organisait les fuites. Dans cet œuvre de recrutement se signala Cayron Jean, Dupuis Jean, Van Lierop Jean…Au total, il y eut plus de cinq cents enrôlements!

d) Participation à l’espionnage

Il y eut aussi  participation des membres du cercle à des réseaux d'espionnage: l'abbé Walravens, ancien aumônier du navire-école l'avenir fut le chef de l'agence de renseignements Biscops. Assisté de l'ingénieur  Boucq de Charleroi, il fit parvenir aux autorités anglaises d'innombrables  renseignements. Arrêté, Mr Walravens fut condamné à mort ainsi que sa sœur Marguerite et cinq affiliés, mais la sentence fut heureusement commuée en travaux forcés à perpétuité. Mr Walfarens reçut la plus haute distinction militaire anglaise la Commanderie de l'Ordre de l'empire Britannique. Parmi les membres du cercle qui se lancèrent dans l'espionnage il faut aussi signaler Monsieur Honoré Maurice qui s'occupait de l'espionnage maritime à bord des navires naviguant entre Europe et Amériques ainsi que  monsieur Bieswal qui devint chef d'un réseau d'espionnage concernant les sous-marins allemands et monsieur Leroux Albert qui s'occupa de l'espionnage des Zeppelins. Ce dernier, averti de l'intention des aviateurs anglais de bombarder l'hangar d'Evere, photographia celui-ci avant le raid et après le raid. Plus tard il fut désigné en Hollande comme chef du contre-espionnage sur la frontière hollando-belge.  

e) Les soins  par les infirmières du Cercle

Bien entendu les membres du Cercle se dévouaient dans quantité d'œuvres de bienfaisance. Notons les services appréciables que rendirent deux infirmières du cercle: madame Lemaire Elisabeth et Ramy Isabelle. Ces deux dames donnèrent leurs soins  aux soldats à Chevetogne dans l'ambulance improvisée par la comtesse Van den Steen de Jehay dans son château.
Madame Ramy  s'occupa aussi de nombreux Dinantais après le sac de leur ville. Revenue à Bruxelles elle s'engagea à l'ambulance établie rue du Noyer et fut nommée infirmière monitrice à l'hôpital Ste Elisabeth. Elle s'occupa du Mot du soldat et parvint à faire évader plusieurs soldats en traitement. Elle se dévoua à l'hôpital Saint Servais à Namur où elle soigna les enfants malades et cela sous le bombardement ennemi. Enfin, à Dongelberg, elle soigna les enfants victimes de la grippe espagnole et tomba elle-même malade. Elle soigna 500 malades réfugiés de France, ensevelit elle-même les morts dont les hommes n'osaient se charger et fut l'objet des félicitations du Dr Tauchon, maire de Valenciennes ! 

f) Le mot du soldat

Le mot du soldat donnait des nouvelles des soldats aux familles. Il fallait distribuer les lettres des soldats aux familles  et veiller à la transmission des réponses. Plusieurs membres du cercle s'impliquèrent fortement. Parmi eux Cayron Jean qui organisa l'œuvre des facteurs anonymes. Par des boîtes de conserves ou des poulets bourrés de correspondance transmis en Hollande, les soldats de l'Yser parvinrent à avoir des nouvelles de leurs familles. Quand Cayron Jean partit au front, ce fut son frère Constant (qui plus tard fut interné en Allemagne et revint mourir épuisé en Belgique) qui lui succéda dans cette lourde tâche. Après eux ce fut leur soeur Marie qui reprit le flambeau. Notons aussi d'autres noms comme celui de madame Pelgrims qui malgré son âge se dévoua à la réception et à la distribution du courrier, ce qui lui fallut une incarcération à St-Gilles, Dinant et Givet!

g) Aide à la rédaction et à la diffusion de La Libre Belgique clandestine

Quelle aventure que la publication d'un journal patriote interdit! Cet épisode de la résistance vaudrait un chapitre entier à lui tout seul! La Libre Belgique clandestine fut fondée par M. Jourdain qui donna son nom à une place de Bruxelles.  Plusieurs membres du cercle se distinguèrent particulièrement dans la rédaction et la distribution du journal clandestin. Citons Albert Leroux qui organisa la rédaction, les corrections, l'impression et la distribution. Il prit aussi souvent la plume et parvint à rendre la publication hebdomadaire. Un  jour cependant,  il ne dut son salut qu'à sa fuite en Hollande où il resta jusqu'à la fin de la guerre. Il fut alors remplacé par un autre membre du cercle, l'abbé Hemeleers. De concert avec l'abbé Vanden Hout, ce dernier poursuivit  la publication  du journal clandestin qui parvint à atteindre un tirage de 2.000 exemplaires ! Moins heureux que son prédécesseur, l’abbé Hemeleers fut  capturé  par la polizei et condamné à cinq ans de réclusion. Parmi les rédacteurs des articles, se trouvaient plusieurs membres du Cercle. Albert Leroux  signait sous le pseudonyme de CALAMO. Le docteur Schoofs signait sous le nom de Spartacus. Ses articles étaient cinglants mais toujours écrits dans une langue châtiée. Le Dr Van Coillie lui-même écrivit de nombreuses pages sous le nom du Dr Z ou  de EGO. Les policiers allemands parvinrent à faire taire quelques rédacteurs. Le Dr Schoofs fut le premier arrêté et subit deux condamnations tandis que son confrère Van Coillie fut condamné aux travaux forcés. Testis (le R.P Paquet) et Fidelis (l'avocat Van De Kerckhove) furent aussi arrêtés. Le surlendemain de  la grande rafle, la feuille abhorée par l’ennemi reparut cependant! Elle ne mourut qu'au jour de l'inoubliable entrée du roi Albert à Bruxelles!

 5) Biographies des médecins militaires membres du Cercle

Le cercle eut l'honneur de compter parmi ses membres six médecins  et un pharmacien militaire. Le Dr Van Coillie détaille dans son livre leur biographie. Nous les résumons ici.

Le docteur Delcroix fut cité à l'ordre du jour de l'armée à Dixmude en 1915 et fut décoré de la croix de Guerre.

Le Docteur Lemmens termina ses études en 1914 s'engagea comme médecin volontaire st soigna les blessés et malades dans les ambulances du front jusqu'au moment où il dut lui m^me prendre place dans un lit d'hôpital. Il resta après la guerre dans l'armée et devint chef du service de chirurgie de l'hôpital militaire belge d'Aix-la-Chapelle.

Le Dr Smets quitta en 1914 sa clientèle pour aller avec sa famille  se fixer au Havre. Il débuta en novembre 14 comme chef des Invalides à Saint-Adresse et organisa l'Institut physiothérapique. Il fut nommé directeur de l'hôpital militaire belge du Havre et organisa ensuite l'hôpital militaire de Cannes. A noter son activité médicale en faveur des réfugiés civils belges qui séjournaient aux alentours du Havre. Le Conseil municipal de Ste adresse le créa "citoyen de saint Adresse en récompense aux services qu'il rendait à la population civile. Outre ses décorations Belges il devint aussi  chevalier de la Légion d'honneur et officier de la couronne royale d'Italie.

Le Dr Tessens envoyé en août à l'hôpital de Bourg-Léopold y fut fait prisonnier le 17 août; chargé d'y continuer le service aux soldats blessés belges, il parvint à les faire évader revêtus d'habits civils. Libéré il dut rejoindre son domicile le 27 octobre, mais dès le 7 décembre, il s'échappa et se rendit à calais. Il fut  alors chargé de soigner les contagieux à l'hôpital St Pierre où il soigna les cas de typhoïdes. Sur plus de 700 cas, il n'eut que 15 % de mortalité. On lui confia ensuite le traitement des scarlatineux et tuberculeux. En 1916, il fut attaché à l'infirmerie divisionnaire; en 1917 il passa à l'artillerie à Dixmude. Enfin en 1918, il fut attaché à la division de cavalerie puis  lors de la grande offensive à la compagnie des cyclistes du génie. Lors de cette offensive, il faillit être tué entre Thorhout et Bruges. Après la guerre, il accompagna les troupes à Aix-La-chapelle et Crefeld.  

Le Dr Van Hoeck mobilisé le 1er août 14 fut d'abord attaché à la position fortifiée d'Anvers puis plus tard fut désigné pour les hôpitaux militaires de Grandville et de Port-villez. Sur sa demande, il rejoignit par après le front en servant d'abord chez les grenadiers puis au 12ème d'artillerie. Il participa à l'offensive  victorieuse et fut cité à l'ordre du jour pour "n'avoir jamais hésité, malgré les plus violents bombardements, à se porter partout où il était appelé, et s'être acquis par cette manière d'être en toutes  circonstances,la confiance de ses chefs et de ses subordonnés".

Le Dr Vermeersch Ch, eut une carrière agitée! En 1915, il se rendit à l'appel de détresse poussé par la Serbie avec pour infirmier son fils âgé de 17 ans. Il fut là le seul médecin pour assurer le service sanitaire de tout un détachement où régnait le typhus exanthématique: population civile, corps militaires, hôpitaux, camps de prisonniers; il suivit le calvaire de la tragique retraite vers le Montenegro sous la poussée austro-allemande à travers les neiges et glaciers et  arriva à Scutari où régnait une horrible famine. Il revint après cela à Londres. En 1916, après un repos de deux mois bien mérité, il s'engagea, toujours avec son fils Lucien, comme médecin dans l'armée d'Afrique et y connut les dangers des combats de brousse. Après la victoire de Tabora, sa présence n'étant plus nécessaire à l'armée, il fut nommé médecin de résidence en Urundi. Au total son séjour en Afrique dura  trois ans et demi. Bien entendu il mérita une série impressionnante  de décorations !  

Le pharmacien Dandoy assista au siège d'Anvers, fut fait prisonnier puis fut rapatrié par la Suisse. Il remplit ensuite les fonctions de pharmacien à l'hôpital du Havre.

6)  Biographies des  aumôniers du cercle

Le Dr Van Coillie rédigea dans son livre les biographies des aumôniers militaires qui firent partie du cercle de Schaerbeek. Nous les avons résumées.

L'abbé Deckers Léon et Van Herwegen Georges, né le 10 décembre 1879, se dévouèrent auprès des  soldats internés en Hollande

L'abbé Lens Pierre né à Lierre le 28 avril 1881. Participa comme aumônier à l'expédition belge des autos-canons en Russie. Il fut cité deux fois à l'ordre du jour de l'armée russe, la première fois le 25 août  1916 pour son dévouement, la seconde fois en 1917 le 2 juillet, pour s'être porté dans une batterie éprouvée par de lourdes pertes et pour avoir par son ascendant contribuer à tirer les cyclistes de leur position fâcheuse. Il ne se retira lui même qu'avec le dernier combattant et avec les corps de deux braves tombés au champ d'honneur.  A son retour, il devint aumônier du centre d'instruction des sous-lieutenants à Gaillon (Eure). Il devint par la suite curé à Cortenbergh.

L'abbé Van der Linden d'abord aumônier à Anvers y fut blessé et évacué en Hollande. Rentré après guérison à Bruxelles, il s'occupa activement du recrutement des volontaires et de la distribution  de la Libre Belgique .Trahi par la faiblesse d'un jeune homme, il fut condamné à un an de prison qu'il passa à st gilles. Il employa son temps dans la prison à apporter aux prisonniers les secours fournis la conférence de St Vincent de Paul fondés parmi les membres du Cercle.

L'abbé Widdershoven né à Liège le 19 mars 1878. Joseph Widdershoven fut attaché au front comme aumônier d'abord aux carabiniers puis à l'artillerie. Cité à l’ordre du jour de l’armée le 11 novembre 1915 : « Pour s’être dévoué malgré le feu de l’artillerie ennemie, pour dégager trois soldats ensevelis sous les décombres d’un abri défoncé par les projectiles ».  Il  revint malade du front.

7) Biographie des  soldats du Cercle de Schaerbeek,  morts pour la patrie.


Reproduction du Fanion du Cercle – Composition de Mlle M. Leylens

Les biographies des soldats du Cercle de Schaerbeek morts durant la guerre constituent la matière principale du livre du Dr Van Coillie. Nous les avons résumées ci-dessous.

 Elie Bovy ( 23 octobre 1892 - 9 août 17)


Elie Bovy

Etudiant ingénieur. Engagé volontaire en septembre 14, fit d'abord partie des cyclistes volontaires de la 2ème division. Aux batailles de Quatrecht et de Melle conduisit une automobile au milieu des plus rands dangers. Rentra plus tard au Génie  où il acquit le diplôme de sous-lieutenant en juin 1916. Le 11 août, décéda d'un éclat de schrapnell reçu à la tête ! Ce jeune officier était aimé de tous et très débrouillard. Dans le secteur de Boesinghe, un des plus exposés, il remarqua le courant rapide d'un petit cours d'eau. Au moyen d'une dynamo, il put extraire du courant qui fournit de l'électricité aux abris d'alentour. Les officiers supérieurs vinrent visiter cette curieuse installation. "Je ne tiens pas à vie dit-il un jour à sa mère; je ne sais pas pourquoi je vis; je voudrais me consacrer à quelque chose de grand, avoir un noble but."

 Daniel Bovy (6 mars 1895 - 24 juin 1918)


Daniel Bovy

Il se trouvait à Bonne sur le Rhin pour apprendre l'allemand quand la guerre éclata. Pris pour un espion, il fut fait prisonnier le 5 septembre et incarcéré dans un cachot.  Libéré, il lui fallut plusieurs mois pour retrouver un semblant de santé. Il partit alors rejoindre l'armée belge. Malgré sa myocardite, à force d'insistance il parvint à être incorporé dans l'artillerie lourde  en mars 1916. Trois fois il fut réformé, trois fois, il demanda sa réintégration! Au bout d'un an il devint sous-lieutenant. A l'école d'artillerie, sa grande distraction pendant son temps libre était la visite aux hôpitaux où il allait consoler les blessés. Le 24 octobre 18 fut le dernier jour de sa vie. Occupé à vérifier un dépôt de munitions, une bombe tomba dans une caisse de charge et cinq de ses camarades furent foudroyés. Lui-même expira le lendemain sans avoir repris connaissance  Il était allé rejoindre son frère dans l'éternité, son frère qui avait écrit quelques temps auparavant ces beaux vers qui pouvaient lui être appliqués ;
Seigneur, qui dispensez la force et la justice,
Qui renfermez en vous l'infinie bonté,
Donnez à votre enfant ces vertus pour qu'il puisse
Vous glorifier ici et dans l'éternité.
Un billet lancé par un avion et ramassé à Rhode-St-Genèse, vint apprendre ce second et douloureux coup aux parents éplorés, doublement éprouvés par la guerre

 Constant Cayron  (10 mars 1897 - 6 décembre 1916)


Constant Cayron

La famille Cayron tient une place importante dans le mémorial du cercle. En société avec son frère Jean, Constant parvint à faire passer la frontière à  plus de 200 jeunes gens. Quand Jean s'enrôla à son tour et que Constant fut aux mains des allemands, ce furent la mère et la sœur qui demeurés seules, continuèrent le travail du recrutement de concert avec Arthur Leytens et Mme Charlotte Hauterive. Marie fut arrêtée à son tour et subit pendant plus d'un an la prison !

Constant s'occupait aussi de la propagation de La Libre Belgique clandestine et de l'œuvre du Mot du soldat. Deux fois par semaine il allait se gonfler les poches des petits mots et plus tard il venait rapporter les paquets de réponses aux principaux distributeurs. C'est dans une de ces missions qu'il sonna le 1er août à la maison de l'avocat Baucq: ce fut un policier allemand qui vint ouvrir et l'arrêta. Il fut jugé dans le procès de Miss Cavell et fut condamné à 3 ans de travaux forcés en Allemagne. Après avoir séjourné  à Aix-La-Chapelle, Coblenz et Wittlich, l'adolescent miné par les privations dut s'aliter. On le renvoya alors à Bruxelles mais trop tard. Deux mois après son retour il s'éteignit dans les bras de ses parents. Quelques jours avant sa mort il prononça cette parole :

"Le fait d'agir en toute chose par esprit d'abandon à la volonté de dieu allègue le poids de chaque contrariété, de chaque souffrance" 

Marcel Ceriez (20 mai 1895 - 28 février 1917)


Marcel Ceriez

La guerre obligea à ce brillant jeune homme, fils de général, à abandonner  ses études universitaires à St Louis où il récoltait "les plus grandes distinctions"

Voici son acte de décès

"J"ai l'honneur de porter à la connaissance du régiment la mort du sergent Marcel Ceriez, candidat sous- lieutenant, frère du capitaine-adjudant-major, tombé en brave aux tranchées de première ligne le 28 février au cours d'une lutte de bombes pendant qu'il dirigeait les hommes en vue de les soustraire aux coups de l'adversaire. Au nom des officiers du régiment, j'adresse au capitaine Ceriez mes plus vives condoléances"

Le capitaine du régiment, Constant

Paul Emsens (1 septembre 1893 -1er juillet 1916)


Paul Emsens

Le chef de famille, Alphonse Emsens fut condamné aux travaux forcés. Bientôt malade, il fut autorisé à revenir en Belgique où malheureusement  il mourut! Un de ses fils nommé Alphonse fut aussi condamné aux travaux forcés. André quant à lui subit la rigueur de la cellule. Deux autres fils dont Paul, passèrent la frontière pour rejoindre l'armée belge…Un mari décédé, les quatre garçons partis, il ne restait plus  à la maison que la courageuse mère !

Paul ancien élève de Saint-Michel s'engagea comme volontaire de guerre et devint caporal motocycliste. Un jour le 1er juillet lui parvint l'ordre de porter une missive à une unité amie.. Sur une  route de Flandre la moto dérapa  … Paul décéda sous le coup !

Victor Gaillet ( décembre 1891 - 18 juin 1915)


Victor Gaillet

Le 12 juin, il s’offrit pour conduire une patrouille et faire une reconnaissance à la ferme Violette à Ramscapelle. Le lendemain un soldat témoigna : 

« Le caporal Gaillet, disait-il s’était offert à se rendre avec moi à ce poste périlleux. Il avait l’impression que l’affaire était dangereuse et avait pris les précautions de me remettre sa montre et différents souvenirs ainsi qu’une lettre pour sa famille. Puis il me pria de demander à l’aumônier de célébrer une messe à son intention s’il ne devait pas revenir. Après cela il partit remplir sa mission…un éclat d’obus est venu lui traverser la tête. »

Voici cette lettre

Chers parents,

Cette lettre, je la prépare avant de monter à l’assaut d’une position. Ce n’est pas la première fois. Toujours j’ai fait mon devoir ; cette fois je n’en suis plus sorti. Si cette lettre vous parvient, c’est que je serai mort en faisant mon devoir. Ne pleurez pas car c’est un au revoir, n’est-ce pas ? Je meurs en bon chrétien comme j’ai été élevé et le jour de la vierge. »

Sur son corps inanimé on trouva au verso d’une petite image du sacré Cœur, ces mots écrits de sa main : « A mes chers parents, bon courage, et « bientôt au ciel ! Fiat ! »

Le matin de sa mort, il avait eu la consolation de communier et de servir la messe de son ami et ancien professeur, Monsieur Van Gramberen. C’est un autre ami et professeur, l’aumônier Scheider, qui lui fit de belles funérailles à Adinkerke, où il fut mis ne terre. 

 Victor Lafosse (21 novembre 1898 - 19 décembre 1916)


Victor Lafosse

Elève en 3ème latine à l’Institut St-Louis, il se réfugia avec sa mère en Angleterre à Londres. Victor fut alors envoyé au School-house de Cambrigde (Kent) où, malgré l’ignorance de la langue anglaise, il parvint à force de ténacité à se placer premier parmi ses condisciples. Durant les grandes vacances 1915, à Londres il passait son temps libre à assister les blessés belges dans les hôpitaux jusqu’au moment où il eut la joie de recevoir l’acceptation de son engagement dans l’armée belge. Après avoir suivi les cours de mitrailleur à Criel-sur-Mer, il devint lui-même instructeur jusqu’au moment où il obtint son transfert sur le front au 9ème de Ligne. Malheureusement, peu de temps après, il devint malade et dut s’aliter. Il fut alors envoyé au camp du Ruchard puis le 12 décembre 1916 puis transporté au cap Ferrat à l’hôpital Col-de-Caire où il resta sept jours. Il mourut dans le décours d’une opération qu’il dût subir d’urgence ! Pendant sa longue et pénible maladie (sans doute une tuberculose pulmonaire puisque l’hôpital du cap Ferrat avait été créé comme centre de traitement des maladies pulmonaire), il sentit que sa fin approchait mais ne voulut pas alerter ses parents sur son état. Il était devenu squelettique. La veille de sa mort, le colonel vint le visiter. « Courage mon ami, lui dit-il, bientôt vous reprendrez votre poste de combat ». Il répondit alors « non mon colonel, demain, je serai près du bon Dieu ».

Louis Lampe (30 juin 1894 - 21 octobre 1916)


Louis Lampe

Fils unique, Louis se destinait aux études de médecine. Il eut le courage de se séparer de ses parents qui l’adoraient pour s’engager comme volontaire et devint sous-lieutenant au terme de son instruction. Brave et intrépide, il était renommé comme lanceur de grenades et était devenu l’idole de ses hommes et de ses camarades. Sa fin fut tragique.  Il fut invité à participer à une expédition de patrouille sur le Houtensluisvaart, affluent de l’Yser. Il accepta et bientôt une petite barque emmena six carabiniers et Louis le grenadier sur les eaux de la rivière. Soudain, quelques canards sauvages effrayés s’envolèrent et donnèrent l’alerte aux allemands Alors s’éleva à quelques mètres une crépitation de fusils et de mitrailleuses. Les hommes se jetèrent au fond de la barque sauf Louis qui au contraire se dressa afin de pouvoir  jeter de toute sa force ses grenades. Au même moment hélas, une balle lui traversa le front !

Les six survivants tombèrent aux mains de ’ennemi et furent faits prisonniers. Les Allemands retrouvèrent six semaines après le corps du héros, le chapelet autour du cou. Deux officiers allemands vinrent à Schaerbeek annoncer la triste nouvelle. Louis repose à Zarren.

Auguste Lapierre (10 juin 1897 - 3 aôut 1918)


Auguste Lapierre

Le 5 août, à peine âgé d e17 ans,il s’engage comme volontaire dans le régiment des carabiniers. Il fit sa première rencontre avec l’ennemi à Berlaere. Pendant une année entière, ce sera une vie âpre et dure, tout de bravoure intérieure, de tenace endurance et de gaîté souriante dans l’effort. Dans la plaine de l’Yser, auguste va monter aux tranchées, patrouiller devant les lignes, travailler aux avant-postes et s’entraîner pour les opérations futures. A Steenstraete, à la maison du Passeur, à Dixmude, il enthousiasme ses camarades du 2ème carabinier.  

Voici une lettre qu’il écrivit à un de ses professeurs de Sainte-Marie

« Vous direz, mon cher professeur, à votre retour de Belgique, si je ne puis le leur exprimer moi-même, vous direz à vos collègues, combien a été puissante sur moi (et sans doute sur beaucoup d’autres) la douce influence et l’agréable ambiance de l’Institut Ste-Marie ; vous direz à vos jeunes élèves, jeunes Belges libres dans la libre Belgique, de ne pas oublier la belle devise : « Dieu et Patrie » de songer quelquefois à ceux qui se sont sacrifiés pour cette belle cause, celle de l’Humanité, celle de la Liberté, celle de Dieu et de la Patrie…N’oubliez pas mes chers parents dont l’absence m’est si cruelle. Vous les rassurerez en leur faisant prendre patience, et, si leur patience n’a pas de récompense ici-bas, rassurez-les sur mon sort dans l’autre monde ; vous direz que j’ai songé à eux et que je les embrasse de tout cœur ; vous aimerez mon jeune frère et ferez pour lui ce que vous avez fait pour moi…Priez pour moi ! »

Le 1er  mars 18, alors qu’il travailler à la digue de l’Yser, auguste est frappé à la tête par une balle de schrapnell. La balle  traversa le casque et pénétré dans la partie droite du crâne en entraînant la paralysie du côté droit. « « Conservant toute sa conscience dira son chef, le Capitaine Dirix, il s’est montré très courageux me disant au-revoir lorsqu’on le transportait au poste de secours ».

Il survivra encore quelques semaines à l’hôpital  sans doute après avoir été trépané ! Il  eut la joie de recevoir des mains de S.M. le Roi la Croix de Guerre.

Antoine Leytens (7 janvier 1896 - 28 septembre 18)


Antoine Leytens

Il se destinait à la prêtrise et fut volontaire dès la première heure. Il se distingua particulièrement à Tervaete et alors que ses compagnons laissaient pour la plupart leurs os dans les marais, il eut le bonheur de sortir de cette bataille sans la moindre égratignure. Il prit ensuite part à de nombreux raids et fut notamment cité à l’ordre du jour  N° 143

« Leytens Antoine, excellent sous-officier sous tous les rapports. Au front depuis 41 mois, vient de se distinguer particulièrement au cours d’un raid exécuté le 19 juillet 18 sur les organisations ennemies de St-Georges. L’officier dont il était l’adjoint ayant été blessé au cours de l’opération, il a pris le commandement et a dirigé de façon très judicieuse le repli du détachement qui était entré en contact  avec des forces supérieures et soumis à un feu très violent ainsi qu’au tir de barrage adverse. A fait preuve de décision dans sa troupe et a permis de ramener tous les blessés. »

Quelques jours avant sa mort il écrivit à ses parents

«Si votre « grand » ne revient pas, c’est qu’il est tombé en brave, sans beaucoup de forfanterie peut-être (aujourd’hui le courage est presque toujours obscur) mais au devoir et pour la défense de ces trois entités que beaucoup n’ont pas la force de comprendre après tant de souffrances : Dieu, Roi, Patrie ! Si donc, vous recevez cette lettre, c’est qu’il était écrit que je ne devais pas vous revoir. Je m’incline et vous supplie de vous incliner sans trop de chagrin. »

Antoine fut nommé sous-lieutenant le 22 septembre. Le 28, il tombait à Passendaele. Malade, il avait insisté pour ne pas être exempté de service et prendre part à la grande offensive !

Pierre Levie (1er Mai 1994 - 6 octobre 14)


Pierre Levie

Fils du Ministre d’Etat Michel Levie, Pierre était un ancien du collège St Michel et étudiait la philosophie à St-Louis. Il s’engagea dès le 2 août 14 et reçut son baptême de feu à Melle en combattant avec les carabiniers volontaires  le 7 septembre, un mois à peine après son enrôlement. Pierre fut à Anvers et participa aux  fameuses sorties de l’armée belge en dehors de l’enceinte des forts. Le 5 octobre, son bataillon fut chargé de défendre à tout prix le pont-route à Duffel. L’attaque allemande se déroula le 6 octobre. La résistance à l’ennemi fut  acharnée mais entraîna la mort de  Pierre Levie !

Jean-Guillaume Micheels (10 mars 1895 - 18 septembre 1918)


Jean-Guillaume Micheels

Véritable héros que Jean-Guillaume. Il avait 19 ans quand éclata la guerre. Entré comme brancardier dans une ambulance, il fut témoin de l’incendie de Louvain et assista aux passages des prisonniers belges de Waelhem. Après une vaine tentative, il parvint finalement à traverser les lignes allemandes et à rejoindre l’armée belge à Gand le 7 septembre. Il devint caporal, puis sergent et enfin acquit le certificat d’aptitude à la sous-lieutenance à Bayeux. Pour rejoindre rapidement le front, il demanda à être rétrogradé au grade de sergent. Il commanda alors le peloton d’assaut du 2ème régiment des carabiniers. Il ne cessa alors d’emmener ses hommes dans des reconnaissances et missions dangereuses. Il s’empara notamment du Reginaldcross, position redoutable allemande que les Anglais avaient vainement tenté de prendre. Il fut successivement porté à l’ordre du jour de l’armée à Nieuport, St-Georges, Merckem et Passchendaele. Il fut décoré de la Croix de Guerre : « Commandant le 27 août 18 un groupe chargé d’attaquer la zone de couverture ennemie à Langemarck, il enlève dans un corps à corps la tranchée » Comoedia » défendue par des forces supérieures. Il s’avance jusque Steenbeek protégeant l’occupation du terrain définitivement conquis et ramène 14 prisonniers et deux mitrailleuses. »

Le 28 septembre lors de l’offensive, le colonel fit appel à des volontaires pour conquérir la position forte de West-Roosebeke. La seule route qui conduisait au village était parsemée de blockhaus ; au sud de la route un immense marais était rendu infranchissable par un fouillis de barbelés et obstacles divers ; des deux côtés des mitrailleuses et sur le mamelon des canons !

Jean-Guillaume et tous les hommes de son peloton se portèrent volontaires pour cette mission extrêmement risquée. Le peloton s’élança et ouvrit la route au régiment à travers les marais. Tous les hommes de l’avant–garde, l’un après l’autre seront malheureusement fauchés. Notre héros sera tué par une balle en pleine poitrine ! Cette action d’éclat permit la prise de West-Roosebeke.

Jean-Guillaume avait un caractère énergique et inflexible .Etonné du prestige qu’il exerçait sur ses hommes, un officier supérieur lui demanda où il avait appris cet art. « Au patronage mon major » répondit Guillaume !

Ses deux frères s’engagèrent aussi à l’armée. Son père Hubert Micheels conduisit lui-même ses deux cadets  par delà la frontière en Hollande. Ce père de trois soldats joua aussi un rôle important dans la diffusion du ‘mot du soldat ». Il joua aussi un rôle primordial dans l’édition de la Libre Belgique clandestine qu’il fit, à un moment donné, imprimer  à ses frais et à ses risques

 Pierre Ruttiens (19 avril 1897 - 4 août 1918)


Pierre Ruttiens

Volontaire à 17 ans. Devint sous-lieutenant. Dans la nuit du 4 août 1918, il partit avec quelques hommes en reconnaissance. Trois de ses hommes furent mortellement frappés  mais Pierre ramena ses hommes ainsi que les corps des tués. Il reçut les félicitations du Général de Blauwe pour cette action. Le lendemain, il alla consoler les blessés à l’hôpital. La reine Elisabeth se trouvait justement à leur chevet. Le voyant entre, un blessé dit à la noble visiteuse : « voilà précisément mon lieutenant. Quel homme ! Il fallait le voir dans la mêlée ! Comme il était grand et beau ! »

Quelques jours après, il participa à nouveau à une patrouille de reconnaissance dans la nuit du 7 au 8 août. Celle-ci avait pour objectif le château de Vicogne et se termina très mal.  Les Allemands avaient en effet  dressé une embuscade et le peloton fut sommé de se rendre. Pierre répondit en encourageant  ses hommes à combattre jusqu’au dernier ce qu’ils firent. C’est ainsi que Pierre perdit la vie !

Henry Scheyvaerts (20 septembre 1892 - 1er novembre 1914)


Heury Scheyvaerts

Volontaire incorporé au 2ème régiment des Grenadiers. A peine familiarisé avec la vie de guerre,il prit part aux combats dans les intervalles des fortifications et aux sorties d’Anvers, assista à la retraite vers la mer et fut des huit terribles journées d’octobre de la bataille de l’Yser.  Le premier novembre, le régiment d’Henri fut chargé de la mission de reprendre à Stuyvenskerke une position occupée la veille par l’ennemi.  Le signal de l’attaque à peine donné qu’Henry se lança à l’avant. Il ne put faire qu’un pas : un éclat de schrapnell vint l’abattre ! Henry était connu pour être un étudiant joyeux et aussi artiste. Il était un boutre en train de la « Gé »,  la  « Société Générale des Etudiants Catholiques ». Comme les réunions de la « Gé » manquaient de variété, il créa et anima une compagnie de chansonniers  « les troubadours » dont il fut l’âme !

Jules Teurlings (13 juillet 1897 - 28 septembre 1918)


Jules Teurlings

Jules était un ancien élève de St-Louis et de Ste-Marie. Il participa aux quatre années de guerre, combattit à Liège, avers et sur l’Yser. Sous-lieutenant et puis lieutenant au 9ème de ligne, il fut trois fois cité à l’ordre du jour de l’armée. Voici une de ces citations :

« Officier courageux et décidé depuis le début de la campagne. Titulaire de la Croix de guerre. Le 17 avril 1918, lors des contre-attaques effectuées par sa compagnie, a fait preuve de remarquables qualités de calme, de sang-froid, notamment en se portant résolument à l’attaque de « l’hermine », ouvrage important qui a été enlevé en coopération avec une autre unité, et dans lequel plusieurs centaines de prisonniers furent capturés. »

Cette attaque fut particulièrement sanglante et tragique. Trois fois, Jules mena sa compagnie à l’attaque de cet ouvrage ! Deux fois il en revint seul avec son ordonnance ! Au troisième assaut, l’ouvrage fut prit !

Le 28 septembre eut lieu l’offensive finale. Jules tomba d’une balle à la tête à la tête de ses hommes en partant à l’attaque du « Stadenberg ».

René Van Coillie (5 février 1898 - 22 octobre 1914)


René Van Coillie

Voir chapitre 2

8) Un membre du Cercle, remarquable enseignant : Monsieur Michiels

Monsieur Michiels membre du comité du cercle parti pour un voyage d'études au Congo en Juillet 14, revint en octobre 14 en Angleterre où il retrouva de nombreux belges qui y avaient trouvé refuge. Sans tarder Monsieur Michiels se mit à l'œuvre et entra dans le comité d'asile aux réfugiés belges. Il entreprit  alors la fondation d'un collège belge où les enfants purent recevoir une instruction selon le programme officiel belge. Il nomma ce collège du nom de S' Mary's College en souvenir de l'institut Sainte-Marie où il avait été professeur. Après la guerre il assuma la direction de l'Institut Sainte- Marie.

9) Conclusion par le Dr Van Coillie

« N’oublions jamais ! Mais surtout n’admettons pas que les générations futures puissent oublier. Je me figure dans quelques cinquante ans, les familles de nos descendants, libres et heureuses dans une patrie indépendante. Qu’elles n’oublient jamais que c’est d’un baptême de sang et de larmes que sont issus leur bonheur et leur liberté ! (…) Qu’elle se souvienne, la postérité, de tous nos morts tombés pour elle, et sache qu’il en fut qui, enfouis on ne sait où, n’eurent même pas quatre planches pour renfermer leurs restes déchiquetés[2]. »

 Dr Loodts P.

 

 

 

 



[1] « Une page d’histoire de la Grande Guerre », Dr Ed Van Coillie, non daté, librairie Delanoy et Action Catholique, chaussée de Haecht 79, Bruxelles

[2] « Une page d’histoire de la grande guerre »,  phrases extraites des pages 148 et 149



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