Médecins de la Grande Guerre

Un mariage à l’hôpital auxiliaire n° 19 de Caluire.

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Un mariage à l’hôpital auxiliaire n° 19 de Caluire


Frères de Caluire – Hôpital auxiliaire n° 19.

       A Caluire ; dans la banlieue de Lyon, il y a l'hôpital auxiliaire n° 19, dont une partie est réservée à une école de rééducation d’aveugles de la guerre. Cet hôpital était en fête le 28 septembre, à l'occasion d'une bien émouvante cérémonie : le mariage d'un élève de l'école, le soldat Bonnetain , béni par un de ses camarades de gloire et d'épreuve.

       Blessé à Curlu, le 22 juillet dernier, et évacué à Caluire, sur sa demande, le soldat brancardier Guyennet, curé de Grand-Corent, par Ceyzeriat (Ain) ; avait tenu à présider lui-même la cérémonie et à célébrer la Messe de mariage, dans la chapelle de l'hôpital. C’est avec une émotion profonde qu'il bénit l'union des jeunes époux. Cette émotion, fut ressentie par toute l'assistance qui entourait les nouveaux mariés et leurs familles ; elle fut traduite avec infiniment de cœur et de talent par M. l'aumônier, l'abbé Lévêque, qui retraça la vie de haute probité et de traditions d'honneur des familles des deux conjoints. Le soldat Bonnetain était, en effet, accompagné par sa vaillante mère, tout heureuse de reconquérir l'ainé de ses dix enfants, qui se prépare à revenir au foyer paternel, à Tramayes (Saône-et-Loire), pour y exercer les métiers parfaitement possédés de brossier et de chaisier. La jeune femme désire l'aider dans le commerce entrepris, et les traditions de travail et d'énergie qu'elle a reçues dans sa famille leur sont un sûr garant de réussite. Pendant l'office, des chants de circonstance furent donnés par plusieurs soldats aveugles. Le caporal Thévenard, un aveugle encore, joua avec âme un morceau de violon délicatement choisi.

       Le lunch a réuni quelques instants tous ceux qui s'intéressaient à l'avenir de ce nouveau foyer : M. Terrasse, premier adjoint au maire de Caluire ; MM. les administrateurs et médecins de l'hôpital ; le personnel infirmier, les représentants de l'Association Valentin Haüy et de la Société de secours aux blessés, les directeurs et professeurs de l'école, les trente-trois aveugles de l'école et leurs camarades clairvoyants, désireux de manifester au jeune ménage toute leur sympathie.


Actuellement Mairie de Caluire-et-Cuire.

       Deux discours furent prononcés. M. Crouès, administrateur, félicita, au nom de tout l'hôpital, les nouveaux mariés. Il trouva dans son grand cœur le secret d'adresser à chacun de ceux qui donnent leur dévouement à la maison de mérités remerciements. M. de la Boisse, directeur de l'école, se fit le porte-parole de tous les amis des nouveaux mariés et leur exprima, en termes éloquents et chaleureux, les pensées d'espérance et de réconfort qu'ils faisaient naître en l'esprit de tous en continuant la famille française dans ce qu'elle a de plus noble et de plus élevé : l'amour dans le sacrifice.

[La Croix, 5 octobre 1916.]

      



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