Médecins de la Grande Guerre

La première Victoria Cross fut décernée au soldat Sidney Godley.

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La première Victoria Cross décernée pendant la Grande Guerre récompensa la vaillance du soldat Godley  sur le pont de Nimy


Private Sidney Godley

       Sidney est né le 14 août 1889 à North End, East Grinsted. Après la mort de sa maman, à l’âge de six ans il fut placé chez son oncle et sa tante et devint  plombier. Le 13 décembre 1909, il s’engagea dans les Royal fusiliers. Considéré comme très sportif, il avait la réputation d’être un bon  footballeur et  coureur de fond  tout en étant  un cricketeur doué. Quand la guerre fut déclarée en août 14, son bataillon fut un des premiers du corps expéditionnaire anglais[1] à traverser le Channel pour rejoindre la France et la Belgique. Il arriva à Mons le 22 août  pour porter secours aux Français qui ne parvenaient  plus à contenir l’avance ennemie. Très tôt dans la matinée du 23 août, le bataillon prit  position le long du canal Mons-Condé. Sidney Godley faisait partie de la section mitrailleuse du 4ème bataillon des Royal fusiliers. Sous le commandement du lieutenant Dease, la section avait reçu pour mission de défendre le pont du chemin de fer à Nimy.


Le pont du chemin de fer à Nimy

       Au moment de la bataille, Sidney avait pour mission d’approvisionner sa section en munitions. Sous la poussée ennemie, le bataillon se fit contraindre  d’entamer la  retraite mais pour couvrir  celle-ci,  il fut demandé à la section mitrailleuse de tenir deux heures. Les hommes de la section n’avaient que peu de chances de survivre à cette mission retardatrice. L’un après l’autre les mitrailleurs furent abattus par l’ennemi et bientôt il ne resta plus aux mitrailleuses que le lieutenant Dease aidé par le servant Godley. Malheureusement, l’officier  s’écroula à son tour  mortellement blessé.


La tombe du Lieutenant Dease au cimetière militaire de Saint-Symphorien (Mons).


Le Lieutenant Dease

       Il ne restait plus que Godley comme unique soldat de la section. Demeuré seul, il décida de reprendre la mitrailleuse que tenait son lieutenant. Fait d’arme surprenant, sans doute en  veillant à une meilleure position de tir, il parvint à tenir seul  le pont pendant un temps  considérable (une à deux heures ?). Ce fait d’arme donna la possibilité à son bataillon de retraiter sans pertes.     


Seul à la mitrailleuse.

       Quand Godley eut épuisé toutes ses munitions, il cassa son arme et jeta les fragments dans le canal. Sa résistance avait infligé à l’ennemi une perte énorme. Godley, son dos blessé gravement et atteint d’une balle dans la tête rampa jusqu’à la route et reçut là le secours de civils belges. Peu après, les Allemands le firent prisonnier. Il ne révéla rien d’autre que son nom et son matricule et son silence obstiné lui sauva sans doute la vie ! Soigné par l’ennemi, il fut envoyé à Berlin où les chirurgiens retirèrent les balles de son dos et de sa tête et le suturèrent au moyen d’un nombre impressionnant d’agrafes 150 ! Quand il fut assez valide, on le transféra au camp de prisonniers de Doberitz. C’est à cet endroit qu’il fut prévenu par l’ambassadeur américain qu’il était devenu le premier soldat décoré de la Victoria Cross  depuis le début des hostilités. A noter que son chef, le lieutenant Dease, reçut la Victoria Cross en même temps que lui mais hélas à titre posthume. Godley resta prisonnier pendant les quatre années de guerre. Il fut de retour en Angleterre en décembre 18 et présenté au roi George V le 15 février 1919. Retourné dans la vie civile, il reprit sa carrière de plombier et se maria le 2 août 1919. Le couple eut un fils unique. En 1920, Sidney Godney retourna dans son ancienne école à Sidcup où il reçut des présents : une  horloge en marbre gravée à son nom ainsi que 150 Livres en bons de guerre. En 1921, il trouva un emploi comme technicien d’entretien dans une école. Il prit sa pension en 1951. Entre les deux guerres, il participa de nombreuses actions de charité et se faisait un plaisir de ressembler le plus possible au célèbre  « Old Bill ».  « Old Bill », dessiné par l’artiste Bruce Bairnsfaither était devenu le portrait type du Tommy adulé par la population anglaise. Tout dans ce portrait correspondait à l’idée que la population se faisait du soldat anglais : la rudesse des traits du vieux soldat qui prendrait  tout le temps nécessaire à vaincre l’ennemi, les longues moustaches du sous-officier, symboles de virilité, et l’air débonnaire et philosophe du fumeur de pipe. Sidney Godley finit par ressembler tellement à ce personnage fictif que bientôt tout le monde l’appela « Old Bill ».


« Old Bill » caricaturé.


« Old Bill » caricaturé.

       En 1938, les Montois offrirent à « Old bill » une médaille réalisée à son intention. Le maïeur lui offrit un festin à l’hôtel de ville auquel participait notamment le Montois qui lui avait offert du café et des biscuits lors de son arrivée à Mons en août 14.  En 1939, il se retrouva une nouvelle fois à Mons pour inaugurer une plaque commémorative.


Plaque actuelle commémorant le courage de Dease et de Godley

       Au total, Godley se rendit sept fois à Mons, la dernière fois en 1939.  En 1940, la plaque fut mise à l’abri  jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.

Sidney surnommé  « Old Bill » mourut le 29 juin 57 âgé de 67 ans.  C’est le révérend Mellish[2] lui aussi décoré de la Victoria Cross  qui vint célébrer les funérailles.

       En 1961, la plaque commémorative célébrant le courage du lieutenant Dease et du soldat Godley fut replacé à son endroit initial sur le pont de Nimy.    

 

Dr Loodts. P

 

 

 

Bibliographie : voir  la biographie de Sidney Godley réalisée  par le Felbridge and District History Group (Local history of the Surrey and Sussex border, UK) à partir des  notes de Iain W Tidey :



[1] Le Général Douglas Haig  était  chargé avec le 1er Corps de défendre l’est de Mons tandis que le général Smith-Dorien à la tête du 2ème Corps  et qui avait survécu  à la défaite anglaise d’Isandlwana durant la guerre contre les Zoulous, couvrait la ligne Mons-Condé.

[2] Voir mon article sur le Révérend Mellish



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