Médecins de la Grande Guerre
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Valleye, un héroïque ouvrier-mineur Guillaume Valleye. (Collection Antoine Léonard) Guillaume Valleye,
modeste ouvrier du pays Wallon, marié et père de trois enfants. Âgé de trente
ans, il a l'air costaud et possède un tempérament de chef. En ce mois de mars
1915, Valleye a déjà conduit des centaines de
volontaires en Hollande. Des volontaires et des soldats belges, français,
anglais restés derrière les lignes allemandes ou échappés de captivité. Depuis
qu'il s'est enrôlé dans la puissante organisation de passage dirigée par Mlle
de Monge, sa vie est complètement transformée. Le paisible ouvrier de naguère a
pris goût à ces voyages nocturnes au cours desquels on frôle à tout instant les
pires dangers. La frontière avec ses milles embûches exerce sur lui une
indéfinissable attirance. Plus de dix fois il a failli être pris. Chaque fois,
son sang-froid l' a sauvé. Maintenant, il a déjà trois mois de service et la
frontière lui est devenue une vieille connaissance. Le 23 mars, Valleye
est en repos. Cela ne lui arrive pas souvent. Il en profite pour recopier dans
un carnet les noms de tous ceux qu'il a déjà conduits de l'autre côté. C'est
une imprudence. Il s'en rend heureusement compte et dissimule le carnet dans
une cachette sûre . Bien lui en prit! Deux jours plus tard, vers six heures du
matin, une auto s'arrête devant sa porte. Quatre Allemands en descendent.
Réveillé en sursaut, Valleye n'a pas le temps de
fuir. Tandis que deux soldats le tiennent en respect, deux policiers en civil
fouillent sa maison. Heureusement, ils ne trouvent pas son carnet. Conduit au Palais provincial où siège la
chambre 149, il est aussitôt soumis à d'interminables interrogatoires. Valleye ne parle pas. Sans preuves, l'ennemi est bien
obligé de le déclarer innocent mais, par mesure de sécurité, on l'envoie dans
un camp de prisonniers en Allemagne. A peine dans le train qui l'emmène en
captivité qu'il songe à s'échapper. Dans le camp de Munster, l'occasion ne
tarde pas de mettre son projet à exécution. Un jour, à l'appel du soir, le feldwebell de service eut beau hurler son nom à plusieurs
reprises, personne ne répondit. Tandis que l'on procédait à la fouille de
toutes les baraques, le fugitif se dirigeait vers l'ouest à marches forcées.
Malheureusement, le lendemain, à la tombée de la nuit, alors qu'il se remettait
en marche, il fut accosté par deux gendarmes qui lui demandèrent ses papiers.
Trois jours plus tard, le 7 juin 1915, il était conduit sous bonne escorte au
camp d'Holzminden. Dans le train qui l'y conduit, il profite d'un moment
d'inattention de ses gardiens pour sauter par la portière mais il rate son élan
et les Allemands le rouent de coups de crosse. A Holzminden, on le présente au
commandant du camp comme "un sujet dangereux". Désormais on le
tiendra à l'œil. Pour lui enlever l'envie de recommencer, un mois de cachot !
Lorsqu'il sort de la cave, où il a passé trente jours, la première question
qu'il pose à ses nouveaux camarades de chambrée est : – Sommes-nous loin de
la frontière hollandaise ici ? Valleye se met
alors à étudier la géographie de l'Allemagne et la langue allemande. Le 12
septembre, les gardiens du camp fouillent les baraquements des prisonniers
civils de Holzminden. Un homme a disparu ! C'est Valleye.
Pendant dix jours, on le cherche en vain. Aurait-il réussi à gagner la Hollande
? Non, le 23 à l'aube, le commandant du camp est informé qu'on a arrêté le
fugitif à quinze kilomètres de la frontière. Affamé, exténué, à son retour à
Holzminden, il fait peine à voir. Résultat de sa deuxième évasion : deux mois
de cachot. Les semaines, les mois passent. Valleye
s'est-il résigné à son propre sort ? A présent les Allemands semblent avoir
oublié son passé d'évadé récidiviste. On finit même par lui confier
certaines corvées de confiance qui nécessitent de sortir du camp. Valleye n'attendait que cela. Le 21 février 1916, un groupe
d'hommes du camp revient du travail sous la conduite d'une sentinelle. Au
moment où il passe devant un bosquet, un prisonnier sort brusquement des rangs
et sans que l'Allemand l'ait remarqué, disparaît dans les taillis. C'est Valleye. Sans attendre la nuit, le fugitif se met en route
et jusqu'à l'aube, il marche et abat sans incident une étape de 40 kilomètres.
Il échoue dans une cabane abandonnée et y passe la journée transi de froid. Le
soir, il se remet en route et pendant quatre nuits encore, il erre en pays
inconnu, obligé parfois de grimper les poteaux-indicateurs pour y lire dans
l'obscurité les noms des localités traversées. Hélas, le 28 février, le
hasardeux voyage tourne à la catastrophe. A bout de forces, il se risque à
aller mendier un morceau de pain dans une ferme. Une heure après, il est
rejoint par deux gendarmes et c'est le retour à Holzminden. Cette fois, le
récidiviste paraît avoir perdu pour toujours le goût d'errer sur les grand' routes
d'Allemagne à la recherche de la liberté perdue. Pendant trois mois, il mène la
vie d'un prisonnier exemplaire, docile aux ordres et content de son sort.
Cependant, un matin, à la fin du mois de mai, les sentinelles qui montent
la garde autour du camp remarquent que l'on a creusé un trou sous la clôture de
barbelés. Valleye a de nouveau pris la clé des
champs, mais cette fois il n'est plus seul car accompagné d'un camarade qui
connaît l'allemand. Les deux fugitifs se sont enhardis à prendre le train
jusqu'à Cologne. Tout marche à souhait jusqu'à la gare de cette grande ville où
malheureusement ils se font appréhender comme suspects. Pour ne pas être
fusillé comme espion, Valleye est forcé de révéler
son identité et sous bonne garde il est reconduit au camp d' Holzminden. Ses
quatre échecs successifs ne le découragent pas et bientôt une nouvelle occasion
de s'échapper est trouvée : Valleye se dissimule au
fond du chariot à détritus qui sort du camp. La tentative échoue : il est
découvert par le gardien chargé du déchargement et est aussitôt mis au cachot
pour un mois. Lorsque sa peine fut purgée, Valleye
n'avait pas perdu la volonté de s'échapper. Il parvint, un peu plus tard à
se substituer à un de ses compagnons désigné pour une corvée en dehors du camp
et s'en fut placidement, une bêche et une pioche sur l'épaule, vers un champ
tout proche, où d'autres prisonniers étaient déjà au travail. On attendit son
retour... Ce n'est que trois semaines plus tard, qu'il reparut entre deux
soldats. Affamé, mort de fatigue, il tenait à peine debout. En guise de
réconfort, les Allemands lui octroyèrent deux mois de cachot. La conclusion
qu'il tira de cette sixième escapade, c'est que pour voyager en Allemagne, il
faut une tenue vestimentaire impeccable. Il lui a suffi de se montrer en plein
jour dans un village pour être aussitôt suivi et épié par les regards
soupçonneux des habitants. Ce n'est que le 2 mars 1917, que Valleye
muni cette fois d'un costume qu'il s'était procuré pièce par pièce, retrouve
l'occasion de quitter subrepticement le camp à la suite d'un heureux concours
de circonstances. Cette fois, notre courageux passeur réussit à atteindre
Aix-la-Chapelle après quinze jours d'une marche exténuante. Il ne restait alors
plus qu'une étape avant de retrouver la frontière. Valleye
ne l'accomplira pas. A la sortie de Aix-la-Chapelle, deux policiers lui
demandèrent ses papiers. Il tenta bien de fuir, mais sa lassitude était telle
qu'il fut immédiatement rejoint et arrêté. Ramené au camp de Senne, Valleye se fit porter malade et joua une telle comédie que
le médecin décida de le transférer au lazaret. Un matin, l'infirmier de service
s'aperçut que le lit du malade était vide. Le 29 mai, il atteint la frontière à
Venloo. Il observe les sentinelles et il se décide à
faire le pas décisif.Un haut treillis l'arrête. Il
tente en vain de l'escalader. Une patrouille survient et des cris montent dans
la nuit : "Wer da?" Le fugitif se met au
pas de course, mais derrière lui les fusils crépitent. Soudain il s'affaisse
touché d'une balle à la jambe. La blessure n'est heureusement pas grave et il
s'en tirera avec quelques semaines d'hôpital. Étendu sagement sur son
lit, Valleye consacre ses longues méditations
solitaires à échafauder un nouveau plan d'évasion. S'il se laisse
reconduire au camp, il doit s'attendre à faire un long séjour au cachot. Pis
encore, on va peut-être l'envoyer en Prusse orientale d'où il lui sera
désormais impossible de revenir par ses propres moyens. Mieux vaut risquer le
tout pour le tout et essayer une neuvième fois d'atteindre l'objet de tous ses
rêves : la terre hollandaise. Le 16 juillet, le train qui venant de Viersen
s'arrête à Venloo en Hollande amène un passager
clandestin ayant fait le voyage dans des conditions peu confortables. il est en
effet juché sur le butoir de la dernière voiture ! C'est Valleye
qui a enfin réussi à fuir la terre d'exil dans une neuvième tentative
d'évasion. Parti clandestinement pendant la nuit de l'hôpital où il était en
traitement, il avait abattu à marches forcées les quelques 80 kilomètres qui le
séparaient de Viersen. Il s'était présenté à la gare, mais on avait refusé de
lui délivrer un billet. Tandis qu'il s'efforçait en vain d'accéder aux quais
d'embarquement, il vit s'ébranler un train à destination de la Hollande... N'y
tenant plus, il bouscule la préposée au contrôle des billets, s'élance,
rattrape le convoi, se hisse sur le butoir et, poursuivi par les clameurs du
personnel de la gare, s'éloigne rapidement vers le pays de ses rêves. A Maestricht, Valleye
entre en rapport avec Monsieur Sauveur, délégué du 2ème bureau des
services de renseignements français. Valleye accepte
la mission de reconstituer un réseau d'espionnage dans la région de Liège
afin d'observer le trafic ferroviaire. L'affaire ne traîna pas longtemps.
Devenu le numéro 127 du S. R. F., muni de pièces d'identité au nom de Guillaume
Smet de nationalité hollandaise, il se mit en route vers la frontière
belgo-hollandaise qu'il découvrit munie d'une redoutable haie électrisée.
Maintenant Valleye rampe lentement, très lentement.
Ses yeux se sont familiarisés avec l'obscurité et il repère deux sentinelles
qui marchent l'une vers l'autre et bientôt se rencontrent. Elles ne restent pas
longtemps ensemble. Leurs silhouettes se détachent l'une de l'autre et
s'éloignent. C'est le moment attendu par Valleye
qui court vers la haie de mort. Il tient à la main un volumineux colis. C'est
un panier de pigeons destinés à communiquer rapidement à ses chefs les premiers
résultats de son activité. Mais voici que le hardi noctambule est déjà aux
prises avec les fils électrisés. Les mains gantées de caoutchouc saisissent la
pince isolante. Une violente secousse, un éclair bleuâtre et le premier est
sectionné net. Le deuxième, le troisième, le quatrième subissent le même sort
.A ce moment, des cris montent dans la nuit. Les sentinelles accourent mais Valleye a déjà disparu. Après avoir passé une seule
demi-journée avec les siens, Valleye se remet en
route. Une seule préoccupation : remplir sa mission. Contrôle régulier des lignes
de chemin de fer Liège-Tongres, Verviers-Herve, Liège-Namur, Liège-Bruxelles;
cela fait au moins quatre postes à créer de suite. La tâche est obscure mais
importante. Après cinq jours d'allées et venues continuelles, Valleye a recruté ses hommes et, l'un après l'autre,
ses pigeons s'envolent dans la direction de Maestricht. Bientôt, Valleye, prend en charge lui-même les renseignements qu'il
transporte en Hollande. Pour un oui, pour un nom, Valleye
passe de Belgique en Hollande, comme si ce voyage s'effectuait dans les
conditions les plus banales. Pas un jour où il n'abatte ses dix, quinze,
vingt-cinq kilomètres. A force d'entraînement, sa résistance physique s'accroît
encore et ses performances de marche deviennent de plus en plus étonnantes.
Pour créer des nouveaux postes de surveillance, il se présenta un jour chez le
curé de Trooz. Mais le brave curé, appartient déjà à un autre réseau et se
méfie. Pour s'assurer de l'identité réelle de Valleye,
le curé lui demande de lui fournir des preuves qu'il travaille
réellement pour le Service des renseignements français. Valleye promet au curé de les lui apporter le lendemain. Le
jour même Valleye reprenait le chemin de Maestricht
et allait demander à ses chefs toutes les précisions nécessaires pour inspirer
confiance au prêtre. A son arrivée dans la petite ville hollandaise, il apprend
que M. Sauveur est à Rotterdam. Prévenu immédiatement, ce dernier rentre
rapidement et remet des instructions à son agent qui repart illico en
Belgique. A la frontière, difficulté imprévue : la Meuse est en crue et ses
eaux couvrent d'immenses étendues de terres dans la région où court la haie
électrifiée .Comme il n'y a plus de sentinelles sur les rives du fleuve, Valleye n'hésite pas : il se jette à l'eau et le traverse à
la nage. Formidable exploit, l'après-midi du même jour, il se représentait chez
le curé de Trooz dont cette fois, il dissipa rapidement la méfiance. Après des semaines, des mois d'activité
incessante au cours desquels il étonna ses chefs et ses collaborateurs tant par
son audace que par son extraordinaire résistance physique, Valleye
était redevenu le spécialiste du passage clandestin qu'il avait été
autrefois. Quels que fussent les difficultés et les obstacles, il les
surmontait. Conséquence : ses rapports parvenaient régulièrement au bureau de
Maestricht en un laps de temps minimum. C'était là pour son service une solide
garantie de succès. Tout semblait marcher conformément à ses vœux, lorsque le 7
mars survint la catastrophe. Ce jour là, revenant d'un enterrement et
rejoignant son habitation située boulevard Saucy,
il est arrêté en pleine rue par trois Allemands. Valleye
n'est pas armé mais résiste. Une lutte sauvage s'engage et lorsque l'empoignade
prend fin, Valleye maîtrisé saigne abondamment. Il se
laisse maintenant emmener mais sur le pont Maghin
il tente de franchir le garde-fou pour pouvoir plonger dans la
Meuse. Cependant, les trois sbires parviennent à le retenir à temps et
fous de rage le rouent de coups. A la prison, nouvelle scène de brutalité. Les
policiers se vengent des émotions que leur a données le captif, en lui tombant
dessus une troisième fois. Valleye apprendra lors de
l'interrogatoire à laquelle il est soumis que les policiers ont découvert dans
sa chambre trois rouleaux de papiers, en fait des rapports qu'il s'apprêtait
à transmettre en Hollande. On le presse de dénoncer ses complices.
Conduit en cellule, Valleye entrevoit sa condamnation
à mort et décide de tenter une nouvelle fois une évasion. Pendant des jours,
sans succès, il va essayer de soudoyer ses gardiens pour obtenir une lime
pour scier ses barreaux. Cet échec amène Valleye à
trouver un autre plan d'évasion. Au cours d'un interrogatoire, il propose de
pouvoir reconnaître des complices dont il ne connaît pas le nom dans un café de
Liège nommé bien à propos " la Taverne du Roi Albert". A son vif
étonnement, les policiers consentent à le mener sur les lieux mais hélas, les
policiers ont la malencontreuse idée de le ligoter avant de le faire rentrer
dans la voiture de police. Quelques jours plus tard, pour sortir de prison, Valleye fait aux policiers une autre proposition : je peux
vous conduire à la frontière et vous montrer l'endroit où je la franchissais.
Ici aussi, l'occasion de s'échapper lui échappe car à nouveau on lui lie bras
et jambes. Furieux d'être berné, Valleye mystifie ses
gardiens. Apercevant trois feldgrauen qui déambulent
paisiblement à proximité de la haie électrisée, il les montre en disant : – Voilà les trois
individus que je payais pour qu'ils me laissent passer. – Vous leur donniez de
l'argent ? – Naturellement, ils ne
travaillaient pas pour mes beaux yeux. Les trois soldats qui ne comprennent
rien à ce qui leur arrive sont immédiatement arrêtés et un policier s'en va
réquisitionner une auto pour les conduire à Liège. Comme l'un des trois
infortunés fait mine de résister, on le roue de coups. Valleye,
lui, a peine à garder son sérieux. Ramené à Liège, il est confronté avec ses
pseudo complices et, à la grande indignation de ces derniers soutient
effrontément qu'ils lui ont prêté aide moyennement payements, à chacun de ses
passages. Ces incidents lui font gagner un temps précieux bien nécessaire pour
qu'une nouvelle occasion de fuite se présente. La fortune favorise les
audacieux et le 27 mars, vers 8 heures du matin, la porte de sa cellule s'ouvre
et il est emmené pour un nouvel interrogatoire. Valleye
dénonce à nouveau la complicité des trois feldgrauen
qui se trouvent dans la pièce attenante. A un moment donné, les déclarations de
Valleye nécessite des éclaircissements de la part des
trois soldats et le policier passe dans la chambre voisine pour leur demander
des renseignements. A peine a-t-il tourné le dos que, prompt comme l'éclair, Valleye bondit vers le portemanteau, endosse le pardessus de
l'Allemand, se coiffe de son chapeau, rafle la serviette restée sous la table
et sans hésitation sort de la pièce. Le voici dans le couloir. D'un pas alerte,
il se dirige vers la grille barrant l'entrée de la prison. Une sentinelle,
baïonnette au canon, y monte la garde en permanence. Elle croit reconnaître un
des nombreux policiers qui tous les jours entrent et sortent. Elle lui ouvre
immédiatement la porte. Trois secondes après, Valleye
est sur le trottoir. Bien que le pavé qu'il foule aux pieds lui brûle les
pieds, il se garde de courir, ce qui pourrait attirer l'attention. La rue des
Vivegnis est là toute proche, s'il y arrive sans être poursuivi, il est sauvé.
L'y voici, Valleye aperçoit l'enseigne d'un coiffeur.
Il entre et s'adresse au coiffeur : – Je
viens de m'évader de la prison de St-Léonard. Pouvez-vous me couper les cheveux
pour me rendre méconnaissable. Le coiffeur est un patriote et conduit Valleye à l'étage. Dans la discrétion, Valleye est alors coiffé et aidé dans la
poursuivre de son escapade. En récompense de ses services, Valleye
lui remit plus tard en cadeau le chapeau du policier. Jusqu'au 8 avril, Valleye
se terra puis il se fit apporter deux brownings, une pince d'électricien et se
fit fabriquer un cadre de caoutchouc. Muni de son attirail, il décida alors de
rejoindre la Hollande une nouvelle fois pour y chercher des instructions.
Arrivé à Visé, il monta vers Berneau et atteignit la haie. Mais au moment où il
venait de couper le premier fil, il entendit des voix alertées par la
flamme bleue qu'il venait de provoquer. Tumulte dans la nuit. Valleye va-t-il être encerclé ? Non, sourd aux sommations,
il s'esquive et traqué par une patrouille reprend le chemin de Liège. L'hôte
qui l' a hébergé après son évasion est très surpris de le voir revenir à quatre
heures du matin.. L'intrépide Valleye ne prend que
quelques heures de repos avant de tenter à nouveau de franchir la
frontière. Vingt-quatre heures après l'échec de sa première tentative, il est
de nouveau devant la haie électrique. Il franchit la première clôture non
électrifiée, se redresse et d'un coup de pince sectionne le plus haut fil
électrifié. Une courte flamme bleue, puis une deuxième, une troisième, une
quatrième... Tous les fils sont coupés et leurs tronçons se sont rejetés sur
les côtés. Le passeur se courbe pour se glisser
sous la troisième clôture. Il y a contre le sol un cinquième fil électrisé tout
à fait invisible. En se couchant, Valleye le touche
du pied et, du coup, s'immobilise, foudroyé. Les Allemands ne découvrirent son
cadavre qu'à l'aube. Ils le photographièrent et l'enterrèrent dans le petit
cimetière de Fouron-le-comte. C'est là que Valleye l'intrépide repose. La France a rendu un éclatant
hommage à la mémoire de ce modeste ouvrier mineur de chez nous en le citant à
l'ordre du jour de sa glorieuse armée. Le cadavre de Guillaume Valleye photographié par les Allemands le 9 avril 1918. (journal "Cours belges" n°8 d'octobre 1951) Animé du plus pur patriotisme et du plus beau
désintéressement, a rempli dans les lignes ennemies de nombreuses missions
particulièrement dangereuses et couronnées de succès. Arrêté, a encore témoigné
de son énergie en tentant une évasion périlleuse au cours de laquelle il a
trouvé la mort. Maréchal Pétain, Commandant en Chef des armées de l'Est. Alors que l’on pensait le corps de ce héros disparu, le mystère est résolu. Nicolas Gérard, en fonction à la ville de Herstal, gère ses cimetières et ses plantations. C’est dans le cimetière de Rhées, fin 2018, qu’il y découvre la tombe de Guillaume Valleye. (photo F. De Look) Gros plan sur l’inscription dans le cœur. (photo F. De Look) Source : Laurent Lombard, "Evasions de condamnés à mort", Collection Historique 1914-1918, Éditions Vox Patriae, Stavelot, 1940. |