Médecins de la Grande Guerre

Le docteur Marcel Detry aux côtés d’Edith Cavell

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Le docteur Marcel Detry aux côtés d’Edith Cavell

Philippe-Edgar Detry

Je crois qu’il y a des résistances honnêtes
et des rébellions légitimes
Alexis de Tocqueville

          Nous publions ci-après les pages de M. Philippe-Edgar Detry consacrées au docteur Marcel Detry. Ce dernier appartient à la branche de René-François Detry; fondateur de la Loterie coloniale, société devenue la Loterie Nationale où l'auteur de l'article est en charge des opérations de tirages. Ce dernier a publié une étude familiale sur Cinq siècles d'histoire de la famille namuroise DETRY, autrefois de Try sortie de presse en 2015.. Nous le remercions d'avoir pensé à notre revue pour publier ces bonnes feuilles.

       Marcel-Victor-Léopold-G. DETRY, docteur en médecine avec Distinction de l'Université Libre de Bruxelles, chirurgien formé dans des hôpitaux à Bruxelles, Berne (Suisse) et Paris (France), chirurgien des hôpitaux de Bruxelles et de la polyclinique de Charleroi (1907-1910) puis 1er chirurgien adjoint à l'Hôpital de Saint-Gilles (1910-1911), 1er chirurgien adjoint (1912-1919) puis chirurgien chef de service de l'hôpital de Jumet (1919-1938) et directeur du Sanatorium, chirurgien (à partir de 1939) pour divers hôpitaux à Bruxelles dont la clinique de la Croix-Rouge, l'Institut Edith Cavell et l'Institut Longchamp, résistant 1914- 1918 collaborant comme chirurgien avec Edith Cavell, membre de l'Ordre des Médecins dès sa fondation en 1942, trésorier et porte-drapeau du Comité de l'Association Générale des Etudiants libéraux (section de l'Université Libre de Bruxelles (1903-1904)), secrétaire du « Cercle des Éclaireurs du denier des Ecoles» placé sous la présidence du Ministre Devèze, officier de l'Ordre de Léopold, officier de l'Ordre de la Couronne, Croix de 1ère classe de la Croix-Rouge, né à Gilly le 17 novembre 1879, décédé à Uccle le 29 septembre 1972, épouse à Tournai le 10 septembre 1907 Blanche Mi-Joséphine DULLIER[1], née à Ransart le 5 avril 1878, décédée à Forest le 26 mars 1960, fille d'Herman, négociant et administrateur de sociétés[2], et de Céline-Mi-Désirée Stassart.

       Le lecteur trouvera aussi en fin d'article la biographie passionnante du père du Dr Marcel Detry, lui aussi médecin. Décédé juste avant la Grande Guerre, le docteur Louis-Philippe Detry avait vécu une carrière mouvementée et était, fait peu banal pour un médecin, lieutenant-colonel dans la garde civique (Gilly) ! 

Une famille d’origine namuroise

       Marcel Detry appartient à une famille qui plonge ses origines dès le XVIe siècle, et sans doute bien avant encore, dans le sol Namurois, et ses membres, inhumés dans leur église paroissiale, sont essentiellement censiers, parfois propriétaires, de grandes fermes. Lettrés dès l'origine et certains universitaires au XVIIIe siècle, bourgeois de Namur pendant cinq générations jusqu'à la disparition de cette institution, nombre d'entre eux sont échevins ou maires au fil du temps. Leurs alliances se nouent dans des milieux identiques et des descendants sont présents en Belgique et en France alors qu'une branche importante est établie depuis la fin du XIXe en Argentine où ils possèdent le « Palais des Lions » dans la capitale argentine et où un quartier de Moron, près de Buenos-Aires, porte le nom de « Detry ». Certaines descendances féminines mènent à des familles ou des personnages clés de la société belge et une généalogie disponible établit en détails ces jeux d'alliances[3].

       Si on connaît de cette famille les personnalités de René-François Detry (1881-1945), président fondateur de la Loterie Coloniale[4], devenue Loterie Nationale, et Arsène Detry (1897-1980)[5], artiste-peintre ami de Magritte et Delvaux, le docteur Detry est aussi le cousin germain de Valère Detry (1873-1953), chef de division à l'Union commerciale des Glaceries, commanditaire en 1923, au Dieweg 48 à Uccle, d'une villa à l'architecte reconnu Albert Huvenne, mais encore de Gaston Detry (1877-1947)[6], rentier dans une jolie villa aujourd'hui disparue sise 314, avenue de Messidor face au parc Brugmann, de Nestor Detry (1877-1936), rentier dans une villa subsistante au 155, avenue Longchamp, aujourd'hui Winston Churchill et faisant le coin avec la rue Edith Cavell[7], et de Julia Detry (1874-1957) épouse du professeur Pierre Rubay[8], docteur en médecine vétérinaire, recteur de l'École de médecine vétérinaire de Cureghem, membre de l'Académie Royale de Médecine, résidant au 141 avenue Molière.

Une vocation précoce inspirée du modèle paternel

       Fils d'un médecin particulièrement dévoué à sa clientèle, dans la région difficile de Gilly, Marcel Detry a très tôt cette vocation de vouloir « soigner ».



Le Comité de l'Association Générale des Etudiants de l'ULB dans la cour du « Diable au Corps », rue aux Choux, à Bruxelles. De gauche à droite: assis: Fernand Marzorati, Marcel Detry (Médecine), Walter VanDe Walle, Maurice Peynaert (Droit-Notariat), Jules Janson (Droit). Debout: Léon Lepage (Droit), Albert Dumont (Polytechnique), André Bomrichou (Pharmacie), Fernand Cuvelier (Droit), Jules Reyers et Guillaume Verheven (Polytechnique). Photo année scolaire 1904-1905. (Collections Archives et Bibliothèques de l'Université Libre de Bruxelles, 2Y263.)

À cette époque, les études de médecine comportent huit années. Inscrit en première Sciences préparatoires à la médecine à l'Université Libre de Bruxelles au cours de l'année 1899-1899, il en réalise une seconde l'année suivante. Trois candidatures couvrent les années scolaires de 1900 à 1903 suivies de trois années de doctorat de 1903 à 1906, cette dernière année au cours de laquelle il est diplômé avec distinction en octobre[9]. Son diplôme de « docteur en médecine, chirurgie et accouchement » est entériné par la Commission d'entérinement le 28 décembre 1906 et visé par la Commission médicale provinciale de Bruxelles le 13 novembre 1907.



Marcel DETRY (au centre), jeune médecin à Bruxelles.

       Comme son cousin René-François Detry, fondateur de la Loterie Coloniale, il s'investit dans la vie estudiantine comme porte-drapeau et trésorier de l'Association générale des Étudiants libéraux de l'Université Libre de Bruxelles, alors placée sous la présidence d'Albert Devèze[10], et qui accueille lors de ses assemblées des hôtes prestigieux comme Sarah Bernhardt. LAlmanach de l'Université de Gand évoque en 1905 la section de Bruxelles de l'Association générale des Étudiants libéraux et reproduit une amusante caricature de Marcel Detry[11]. Une belle photo représentant le Comité de l'Association Générale des Étudiants libéraux de l'ULB dans la cour du « Diable au corps », rue aux Choux à Bruxelles, montre aussi les membres qui le composent : Marcel Detry et Fernand Marzorati en Médecine, Walter Van de Walle, Léon Depage, Jules Janson, Fernand Cuvelier et Maurice Peynaert en Droit et Notariat, Albert Dumont, Jules Reyers, Guillaume Verheven en Polytechnique, et André Bomrichou en Pharmacie[12].



Marcel DETRY (1879-1972), chirurgien et Résistant aux côtés d'Edith Cavell.

       La réussite universitaire de notre jeune médecin mérite d'être fêtée... Surtout quand ce sont les étudiants de l'Université de Bruxelles qui en ont décidé. Membre tout au long de ses études du groupe estudiantin « Les Gastronomes facétieux », Marcel Detry est l'invité de ses anciens amis de bamboche et, si ce n'est le style ou quelques mots usités, la narration de cette soirée arrosée, ne nous éloigne guère de celle d'un étudiant d'aujourd'hui : « Les Gastronomes selon les prescriptions des statuts se sont trouvés ponctuellement réunis tous les vendredis soir à un souper intime. Ce qu'ils firent ? Ils mangèrent gastronomiquement, et facétieusement. Pour le reste, demandez-le à Voltaire qui vous répondra : « Le souper fait, on digère, on raisonne, on conte, on rit, on médit du prochain ». Mais les « Gastronomes facétieux » veulent clôturer le premier semestre de l'année académique 1906-1907 en offrant un banquet d'adieu au facétieux Detry qui vient de terminer ses études. La fête s'ouvrit par une conférence du facétieux Léonce Reynaert qui nous entretint du célèbre « dîner de La soupe à l'oignon»[13].

       Lejeune conférencier nous conta spirituellement comment, sous la Restauration, vingt jeunes littérateurs prenant pour devise « L'oignon fait Laforce » jurèrent de se réunir hebdomadairement autour d'une soupe à l'oignon jusqu'à ce qu'ils forent entrés tous les vingt à l'Académie, et comment petit à petit chacun de ces conjurés gastronomiques franchit le Pont des Arts et siégea sous la Coupole. Puis La conférence terminée, on remit solennellement au docteur Marcel Detry qui s'apprêtait à quitter le pays, une copie du célèbre tableau de Jean Miel[14], « La dînée des voyageurs », Copie faite par Léon Dumont, expressément envoyé au Louvre afin de reproduire cette célèbre toile. Après quoi, on festoya ». La soirée, où le vin coule à flot, se poursuit dans cette atmosphère sans doute un peu particulière, d'une page qui se tourne, celle d'une certaine insouciance d'étudiant qui entre de plain-pied dans la vie adulte avec les responsabilités qui l'accompagnent. Mais l'heure est encore à la fête et lorsqu'on se quitte, l'aube pointe : « Au café, des hymnes bachiques succèdent aux chœurs pantagruéliques, et s'en retournant chez soi, bien avant dans la nuit, chacun chantait encore tout haut, au mépris du règlement communal interdisant le tapage nocturne, ce refrain gastronomique facétieux d'Hégésippe Moreau[15] :

A tout prix, il faut que je mange
Rien ne saurait m'en empêcher
Que le bon Dieu m'envoie un ange
Je le plume pour l'embrocher»[16]).

Médecin et résistant aux côtés d'Edith Cavell

       Exempté de service militaire « par un tirage au sort favorable », Marcel est admis comme élève stagiaire par le Conseil communal de Bruxelles qui approuve les nominations faites par le Conseil général des Hospices dans le service médical des hôpitaux[17] ; il occupe ensuite pendant quatre ans, de 1907 à 1910, les fonctions de chirurgien adjoint des hôpitaux de Bruxelles. Par décision du Conseil des Hospices de la commune de Saint-Gilles à Bruxelles, il est attaché fin de l'année 1910 à son Hôpital où il assure pendant une bonne année les fonctions d'adjoint puis de chirurgien avec les docteurs Fontaine et Docquier, puis est désigné en 1912 comme chirurgien en chef de l'Hôpital de Jumet. Cela lui donne l'occasion de renouer avec le Hainaut, province de son enfance[18]. Entre-temps, il épouse en 1907 Blanche Dullier, appartenant à une ancienne famille industrielle de Ransart et dont la grand-mère paternelle est une Delhaize, scellant les intérêts familiaux de cette branche Detry à cette grande lignée de l'industrie alimentaire. Leur mariage se fait en présence de Georges Derry, 24 ans, agent de change à Gilly, frère de l'époux, de Jules Detry, 61 ans, ingénieur, chevalier de l'ordre de Léopold, à Bruxelles, oncle de l'époux, de René Dullier, 27 ans, négociant à Tournai, frère de l'épouse ainsi que de Louis Demars, 35 ans, avocat à Tournai, beau-frère de l'épouse.



Mme Marcel Detry, née Blanche Dullier (1878-1960).

Leurs conventions de mariage sont passées devant le notaire Lambert à Tournai le 29 août 1907 et les jeunes mariés emploient non moins de sept domestiques à leur service qui, en guise de cadeau de mariage, leur offrent leur photographie commune faite pour l'occasion. Désigné en 1912 comme chirurgien en chef de l'Hôpital de Jumet, Marcel Detry renoue avec le Hainaut, province de son enfance. Il décide toutefois de demeurer à Bruxelles, au 68 avenue Brugmann alors dans une maison en location, et pendant plus d'un quart de siècle, il effectue le trajet qui sépare les deux villes, en voiture évidemment, à l'exception de périodes durant la première Guerre mondiale où la réquisition des automobiles par les Allemands le contraint à enfourcher un vélo.

       L’hôpital sanatorium de Jumet est neuf en 1912, et enorgueillit la ville. Implanté sur trois hectares sur « les hauteurs du Mont du Berger à proximité du château d'eau, l'endroit est des plus pittoresques et on y jouit du splendide panorama formé par les communes de Gosselies, Courcelles et Trazegnies ». La direction est alors confiée au docteur Hannecart qui était chef de service à l'hôpital de Saint-Gilles et dont Marcel Detry est l'adjoint direct. Le staff de Jumet est composé en outre de sept autres médecins spécialisés. La presse qui relate l'inauguration précise qu'outre le corps médical, « cinq infirmières laïques (garde-malades) venant de l'école de « La Source », de Lausanne (Suisse) seront attachées à l'établissement (...). Miss Cavell directrice de l'Ecole Belge d'infirmières diplômées de Bruxelles dont le concours et les conseils forent si précieux à l'œuvre que l'on installe aujourd'hui est également présente ( ..) » de même que toute la direction dont Marcel Detry, et le personnel de l'hôpital. Les lieux sont du dernier cri et l'ensemble construit dans « des jardins qui sont l'œuvre des ingénieurs Michiels frères, de Montaigu. On y rencontre toutes les essences du pays et de l'étranger que notre climat permet de conserver. Les pelouses décorées de corbeilles de fleurs sont magnifiques ». Se trouvent alors à la fois l'hôpital doté « de salles d'opération et de stérilisation munies toutes deux des instruments les plus perfectionnés connus à ce jour, pharmacie, laboratoire, bureaux, salles d'attentes et de malades, parquetées en chêne, vastes, à coins arrondis, plafond cintré, bien éclairée par de larges fenêtres, abritées contre les ardeurs du soleil par des persiennes hollandaises (...). Les salles de bain lavatory sont construites d'après les derniers perfectionnements (...) ». Mais encore une conciergerie, un dispensaire pour les consultations gratuites, et un sanatorium « dont toutes les chambres, excessivement propres, sont à un lit et les meubles sont en fer laqué blanc, ce qui rend leur désinfection facile », Les patients s'y succèdent alors et la presse y fait parfois écho comme en 1913 lors d'un accident dont la victime est opérée par le docteur Detry ou plus tard en 1920, où suite à un accident de tram à Lodelinsart, il est précisé que « Mademoiselle jacquet, la victime de l'accident que nous avons relaté hier, a subi hier après-midi l'opération du trépan effectuée avec succès par Monsieur le docteur Detry »[19].

       En juin 1913 a lieu l'inauguration d'une plaine de jeux à Uccle-Calevoet à l'initiative du Cercle des Eclaireurs du denier des Ecoles, dont Marcel Detry est secrétaire. La plaine de deux hectares qui voisine avec des champs d'avoine et de froment a pour but d'offrir aux enfants bruxellois défavorisés à la fois un espace d'air pur « car les réservoirs d'air manquent de plus en plus » écrit-on dans la presse, mais aussi proposer un lieu « qui offre les moyens de s'étirer, de pratiquer des exercices physiques indispensables à l'organisme » (...). Quoique peu distant de la « Grande chaussée d'Uccle, la plaine offre toutes les commodités agrestes, tous les charmes campagnards, et un vent large et frais souffle, qui vivifie (..). La plaine est constituée en une sorte d'amphithéâtre: elle comprend une piste pour courses pédestres et pour exercices de gymnastique, puis trois terrains superposés. Les deux premiers sont destinés à des mouvements d'ensemble et au jeu de tennis, le troisième est le domaine exclusif des tout petits », Le jour de l'inauguration, des tramways bondés déversent les passagers qui rejoignent le nouveau complexe, qui est situé rue Egide Van Ophem. Des milliers de visiteurs sont présents « et les écoles de Bruxelles arrivent avec leurs étendards respectifs et c'est un coup d'œil ravissant celui de cette campagne, en ce moment ensoleillée, où claquent au vent des légions de drapeaux aux couleurs nationales et locales »[20].

       En avril 1914, alors que la Paix règne encore sur la Belgique et qu'en ce mois, le jeune médecin a la douleur de perdre son père médecin comme lui, Marcel Detry acquiert en vente publique le 1er avril, pour la somme de cent mille francs, une belle et grande demeure avec dépendances construite le long de l'avenue Brugmann au numéro 116 ; la propriété qui est à la fois cadastrée sous la commune de Forest et sous celle d'Ixelles, s'étend sur près de 9 ares et dispose d'une entrée carrossable rue de la Culture devenue entretemps rue Franz Merjay.



Marie-Louise Detry (1911-2005), fille unique du docteur Detry : en infirmière en1919, alors âgée de 8 ans. Bon sang ne saurait mentir...

Cette demeure, a été construire au cours des années 1874 et 1875 comme un cartouche sur la façade le rappelle, sur les plans de l'architecte Jan-Hendrik dit Jean-Henri Van Sluyters dont la vie et la descendance ne sont pas banales[21]. L’origine de la propriété remonte à Georges Brugmann[22] dont on connaît le rôle joué dans le développement du quartier, et la vente contraint les acquéreurs à s'interdire « d'installer dans le bien vendu des établissements d'instruction pour jeunes gens, toute usine ou atelier incommode, débits de boissons, magasins à bières ou houille, et en général tout établissement de nature à déprécier les propriétés voisines ». De même, ils sont tenus à acquérir en plus du prix de vente, et pour un montant de sept cents francs, « les glaces du salon, de la salle-à-manger, de la véranda et du boudoir, du foyer de la salle-à-manger et de celui du boudoir ». Cette maison sert à Marcel Detry et son épouse de résidence principale plus d'un demi-siècle[23].

       Collaborateur occasionnel d'Antoine Depage[24], Marcel Detry s'installe peu après la déclaration de guerre dans la demeure qu'il vient d'acheter et dont les jardins communiquent avec les trois maisons qu'Edith Cavell[25] transforme, rue de la Culture, en hôpital de la Résistance. Un écrivain anglais, Rowland Ryder[26] relayé ensuite par d'autres, a l'occasion du vivant de Marcel Detry de recueillir les souvenirs de cette époque où il prend des risques importants, et de les publier par la suite. L’auteur signale « la maison du Docteur Detry avenue Brugmann se trouvait à deux pas de la clinique d'Edith Cavell ; les jardins étaient contigus et depuis sa maison, le docteur pouvait entendre les soldats britanniques chanter. Il avait averti Cavell du risque qu'elle courait et a dit qu'elle était devenue nerveuse et préoccupée au bloc opératoire (...). (...) Après la bataille de Charleroi, le 23 août, les hôpitaux de la région étaient remplis de blessés, et à l'hôpital de Jumet, un peu au nord de Charleroi, qui avait été ouvert en 1912 sous l'égide de la clinique de Bruxelles, se trouvaient de nombreux blessés français et quelques blessés allemands. Le Docteur Marcel Detry, l'un des plus brillants chirurgiens de la clinique, se rendait à cet hôpital deux fois par semaine ; il faisait cela depuis au moins deux ans, et y avait souvent été assisté au bloc opératoire par Sœur White, qui faisait le trajet depuis Bruxelles avec lui. Sa maison, au 116 avenue Brugmann, était à un jet de pierre de la clinique, leurs arrière-jardins respectifs étant presque contigus. L'un des patients du Docteur Detry à Jumet, un soldat français qui s'était battu à Charleroi et récupérait de ses blessures, s’était résolu à prendre la fuite. Il avait discuté de cette question avec le Docteur Detry ; qui en avait ensuite parlé à Edith Cavell laquelle avait accepté de le recevoir. Marcel Detry organisa pour lui le voyage pour Bruxelles via le moyen de transport classique pour l'époque, une voiture à cheval avec correspondance à Nivelles ; habillé en civil le soldat français parvint à se mêler avec les passagers officiels et atteignit la clinique. Il y séjourna un jour ou deux, jusqu'à ce qu'Edith Cavell lui trouvât un guide pour passer la frontière hollandaise. Les dix soldats du Docteur Detry, « une dizaine » : pour citer sa propre expression, furent envoyés individuellement de Jumet vers Bruxelles et ensuite, quand le sort le permettait, vers les Pays-Bas, à intervalles d'environ une semaine, jusqu'à la fin du mois de janvier 1915 ».

       L’auteur explique aussi qu'on laissait les soldats cachés à la clinique aller et venir : même si Edith Cavell était un peu réticente, elle ne voulait pas qu'ils soient traités comme des prisonniers. Mais cela a donné lieu à un incident où une dizaine de jeunes Irlandais ont trop bu et se sont mis à chanter en anglais au milieu de la rue de la Culture, où étaient stationnés des officiers allemands ... L écrivain ajoute: « (...) Elisabeth Wilkins ne se rappelle que d'une seule occasion, probablement celle-là, où les choses sont devenues ingérables ; mais il y eut de nombreux autres cas de chahut. Le Docteur Marcel Detry se rappelle que de l'arrière de sa maison, il a entendu en une demi-douzaine d'occasions des interprétations extrêmement tapageuses de « Tipperary », un air de music-hall de l'époque, et d'autres chansons à succès. Georges Hostelet[27], secrétaire privé de l'industriel Ernest Solvay, qui avait donné à l'organisation Cavell un considérable appui financier, et qui visitait souvent la clinique, constata le même type d'imprudences, entendant des cris et des rires dans l'hôpital en plusieurs occasions (...). Le Docteur Detry et Georges Hostelet avertirent tous deux Edith Cavell des risques qu'elle courait : elle leur répondit ce qu'elle avait répondu à Harry Beaumont : « que les soldats n'étaient pas des prisonniers » (...) ». Plus tard, entre mai et août 1915, l'étau se resserre et l'auteur relève : « (...) L'immense tension ressentie à cette époque par les membres dirigeants de l'organisation est difficile à imaginer. Le Docteur Marcel Detry a dit comme Edith Cavell était devenue nerveuse au bloc opératoire, son air tendu et préoccupé, son habitude de tirer les rideaux pour jeter un regard à la rue, comme elle sursautait au moindre bruit inhabituel ». On comprend son stress, car c'est à cette époque que le réseau dans lequel se trouve Edith Cavell et qui comprend notamment la Princesse de Croÿ, Louise de Bettignies, la comtesse Jeanne de Belleville, tombe. Le 5 août, l'admirable infirmière, coupable de « trahison » envers les Allemands pour avoir permis l'évasion de centaines de soldats alliés de la Belgique, est arrêtée et s'effondre sous les balles de l'occupant le 12 octobre en ayant refusé, comme la triste tradition le propose, qu'on lui bande les yeux. Pour Marcel Detry, dont Miss Cavell était devenue l'amie de la famille, ce sont des moments terribles que le temps n'efface jamais. La guerre finie, le médecin idéaliste qu'il est à l'image de son père, épris de liberté, reçoit la Croix de 1ère classe de la Croix-Rouge de Belgique pour « services rendus pendant la guerre 1914-1918 », et il n'est pas de doute possible que cette reconnaissance, il la dédie alors à cette infirmière exceptionnelle qu'il a eu le privilège de côtoyer, elle qui a sauvé des vies, lui qui, régulièrement, donne la vie. Un demi-siècle plus tard, lorsque son interviewa lieu, son émotion est encore palpable.

La vie reprend malgré tout

       Mais la vie reprend son cours, malgré les souffrances, malgré les émois, malgré les manques. Marcel Detry poursuit ses fonctions à responsabilités à l'hôpital de Jumet où en 1919 il occupe en tout cas déjà la position de chirurgien en chef ; c'est avec cette mention qu'il fait paraître dans la presse des annonces sous la dénomination « d'Institut chirurgical du Docteur M. DETRY, quai au Grains, 1 à Charleroi ». C'est l'adresse de la Polyclinique mais il semble que le cabinet qu'il y avait se soit fortement agrandi au point d'être considéré comme une clinique privée au sein d'un plus vaste ensemble. Il occupe néanmoins toujours ses fonctions à Jumet dont il dirige en plus le sanatorium[28], lorsque sa fille unique, Marie-Louise, se fiance puis se marie le 3 août 1936 avec Jean Dewaet, ingénieur alors lieutenant dans l'armée belge, de deux ans son aîné; il est le fils d'un brillant lieutenant général dont la conduite exemplaire lors de la première Guerre a marqué les troupes. L'Indépendance belge relate tout en longueur l'événement et reproduit une belle photo des mariés. Il est précisé que « lundi a été célébré au milieu d'une nombreuse assistance le mariage de Mademoiselle Marie-Louise Detry avec le lieutenant Jean Dewaet. La bénédiction nuptiale leur a été donnée en l’église Notre-Dame de l'Annonciation par Monseigneur Dugardyn, prélat domestique de S.S. Le Pape, aumônier en chef de l'Armée belge (...). La mariée portait une élégante toilette de crêpe mat (...) ». Le cortège comporte une petite vingtaine de couples parmi lesquels figure un ami proche de Marcel Detry, Max Suetens[29]. Le journaliste reporter poursuit « après la cérémonie religieuse, Madame Marcel Detry a reçu de nombreux amis qui sont venus féliciter le jeune couple. Un déjeuner réunit ensuite autour des personnes du cortège, de nombreux invités dont le lieutenant général Denis, ministre de la Défense Nationale, et Madame Denis, les notaires du Mortier et Pinchart, M. et Mme Albert L. Courouble, Mme Charles Lhoest, le lieutenant général Carbonnelle, Mme Jules Vieujant etc. Les jeunes mariés sont partis pour le Pays de Galle et l'Ecosse »[30].

       Si cette union est particulièrement heureuse et durable, l'époque est à nouveau trouble, la crise économique est profonde et à la naissance de Francis, premier fils du couple, font bientôt suite des rumeurs puis la déclaration de guerre. Le cauchemar recommence. Marcel Detry qui a quitté Jumet depuis 1938, opère dans divers hôpitaux bruxellois dont celui qui porte le nom de son amie Edith Cavell ; il précise lors de son inscription en 1942 à la toute nouvelle Chambre des médecins « qu'entre mai et septembre 1940, n'ayant pas été désigné à une fonction à Bruxelles, je suis passé en France avec une colonne de la Croix-Rouge dans l'intention de créer une ambulance. Les événements s'étant précipités, la chose n'ayant pu se faire, je suis rentré à Bruxelles ».

À nouveau sous le joug de l'occupant

       Malgré son âge, il a 61 ans en 1940, et ses inquiétudes pour son gendre membre de l'Armée secrète, Marcel Detry continue intensément son activité de médecin. A la question que lui pose la Chambre des médecins, « quel est votre rayon d'activité habituel ? », il répond sans hésitation : « Partout où l'on m'appelle », Et c'est avec la rage au cœur, à l'âme et à l'esprit qu'il déclare « ne pas tomber sous l'application des ordonnances du 28 octobre 1940 décrétée par le commandant militaire pour la Belgique, et relative aux Juifs », Son papier à lettre d'époque nous précise qu'il reçoit à domicile « les mardi, jeudi et samedi de 14h à 15h ». Le nombre de voitures mises à la disposition des médecins est limité par l'Autorité allemande et Marcel n'a pas manqué de s'en plaindre à la Chambre des médecins. Le 20 février 1944, il s'adresse au docteur Dossin, responsable de la Chambre pour le remercier d'être intervenu en sa faveur : « Très honoré Confrère, j'ai l'honneur d'accuser réception de votre lettre par laquelle vous me faisiez part que ma demande de renouvellement de mon permis de circulation en auto avait reçu un avis favorable. Je vous en remercie et vous prie d'agréer, très Honoré Confrère, l'expression de mes sentiments distingués ».

       En avril, c'est le gaz qui fait défaut, et là aussi il s'en ouvre au président précisant : « je viens porter à votre connaissance que depuis quelque temps et surtout ces derniers jours, il devient impossible pour les médecins faisant usage de l'automobile de se ravitailler en gaz. En effet, notre carte de priorité blanche n'a plus de valeur en présence de cartes bleues qui ont la priorité sur nous. Les porteurs de ces cartes ayant augmenté considérablement en nombre, il n'est plus guère possible pour nous d'arriver à être servi. Ayant une carte pour le poste de Ropsy-Cbaudron, j'ai dû attendre quatre heures pour pouvoir faire ma charge de gaz », Si le responsable de la Chambre lui répond « bien connaître la situation catastrophique que vous me dépeignez et mon intention d'y remédier d'urgence », le problème n'a pas dû se régler car la petite fille de Marcel Detry, May Dewaet se souvient parfaitement qu'une pompe à essence sur roulette, alimentée par les... Établissements Delhaize a été installée dans le jardin de la maison de son grand-père pour lui permettre de satisfaire sa consommation.



La maison de Marcel Detry, au 116 de l'avenue Brugmann.

       Et les contraintes se poursuivent puisque ayant récupéré son permis en février, il lui est retiré en août avec le devoir de partager un véhicule avec un autre médecin. Cette situation ne lui convient pas du tout et Marcel reprend sa plume pour s'adresser à la Chambre le 21 août : « J'ai appris que vous étiez le seul qualifié pour délivrer le permis de circulation en auto pour les médecins. En conséquence, vous m'obligeriez en voulant bien me faire connaître les raisons pour lesquelles j'ai été éliminé. Je me trouvais en effet dans toutes les conditions requises pour l'obtention de ce permis. Âgé de 64 ans, souffrant d'une sciatique, chirurgien gynécologue, je ne fais pas de clientèle de quartier. Ma clientèle est très dispersée dans l'agglomération bruxelloise et dans les environs dans la partie wallonne. De plus je faisais équipe avec un autre confrère. Dans les circonstances actuelles où les moyens de déplacement deviennent de plus en plus difficiles, les malades atteints d'affections chirurgicales viennent difficilement chez le médecin d'où des déplacements plus nombreux pour ces derniers. De plus, les hôpitaux étant de plus en plus encombrés, on est amené à devoir opérer certains cas à domicile. Pour toutes ces raisons, l'usage de l'automobile m'était tout à fait indispensable et sa suppression me met dans un grand embarras. Ne pourriez-vous trouver une solution pour me rendre un permis pour ma voiture ? Faire équipe avec le docteur Moiny comme vous le proposez n'est pas possible pour moi et je ne vois pas pourquoi sa voiture aurait priorité sur la mienne (...) ».

       Dès le lendemain, Marcel reçoit une réponse qui ne le satisfait en rien : « (…) En ce qui concerne votre permis de circulation, j'ai l'honneur de porter à votre connaissance que tout d'abord l'Autorité allemande a refusé catégoriquement de laisser l'usage d'une voiture automobile à tout médecin isolé. Nous avons été obligés de faire faire des équipes. Dans le cas qui vous concerne, le docteur Moiny a eu la préférence parce qu'il paye une cotisation double de la vôtre. Ainsi que je l'ai dit dans le Bulletin, nous devons estimer que tout médecin qui paye de grosses cotisations a, du moins dans les villes, une clientèle plus considérable à desservir que les autres. Vu le nombre très réduit des permis que nous avons obtenus et qui malgré tout a constitué un sursis puisqu'il était question de supprimer toutes les voitures, il est impossible de changer quoi que ce soit à la situation présente. J’estime qu'il y a lieu de vous entendre avec le docteur Moiny pour que vous puissiez disposer de sa voiture un jour sur deux (...) ». Pas de choix possible donc et l'obligation de s'arranger bien que les clientèles des deux médecins soient, fort, différentes.

       Marcel Detry continue son activité au-delà de la seconde Guerre mondiale et connaît la joie d'être quatre fois grand-père même s'il a la tristesse de perdre l'un d'eux accidentellement. En 1960, son épouse décède après cinquante-trois ans de vie commune. Il reste encore cinq ans dans sa maison de l'avenue Brugmann, témoin de tant d'événements et la met en vente en 1965. Il s'installe alors en appartement et décède en 1972 dans sa nonante-troisième année, après une existence faite d'idéal, de combats pour la liberté et d'enthousiasme pour la vie.

 

*          *          *

Le docteur Louis-Philippe Detry, lieutenant-colonel de la garde civique à Gilly.

       Louis-Philippe DETRY , docteur en médecine, chirurgie et accouchement avec LA Plus Grande Distinction de l'Université de Liège, inspecteur du service médical des Charbonnages des Houillères-Unies et de Noël-Sart-Culpart,chargé du service médical des Charbonnages Réunis, du Trieu-Kaisin, des Forges de Gilly et de nombreuses autres industries de la région, médecin au service du Grand-Central et des Chemins de Fer de l'Etat belge, membre du Bureau de bienfaisance de Gilly, président de la Commission d'Hygiène de cette commune, lieutenant-colonel commandant la Garde civique de Gilly[31], conseiller communal puis échevin libéral de l'Instruction publique [32],  membre de l'Association libérale du canton de Gosselies, président de la Commission de l'Instruction publique de Gilly, président d'honneur de la Société de Tir de Gilly, membre de la Fédération des Tireurs du bassin de Charleroi, conférencier sur différents sujets, amateur horticole et membre du Cercle horticole de Gilly, membre-fondateur en 1900 de la Société régionale protectrice des animaux de Charleroi, membre du jury du Cortège fleuri de Gilly, off. O. Léopold , méd. civique de 1ère classe[33], méd. commémorative du règne de S.M. Léopold II, ° Saint-Amand 7 mai 1851, + Gilly 9 avril 1914[34], X Mellet 5 février 1879[35] Marie-Lucie-G. LANGHENDRIES[36],° Mellet 10 septembre 1857, + Saint-Gilles 27 mars 1924, fille de Victor, fermier-propriétaire et bourgmestre de Chassart sous Mellet[37], vice-président de la Section agricole de Fleurus dont le président d'honneur était Maximilien Detry, membre de la Commission du canton de Gosselies chargée de l'expertise des taureaux, et de Marie-Joséphine Stainier[38].

Médecin des corons

       Louis-Philippe Detry voit le jour au sein d’une famille aimante, où le goût du devoir en toute chose est un fil conducteur permanent. Eduqué aux valeurs de l’étude, du travail et du don de soi, il conquiert avec la plus grande distinction son diplôme de docteur en médecine, chirurgie et accouchement à l’Université de Liège. Ayant vécu toute sa jeunesse dans la campagne de Saint-Amand, il n’hésite pas, dès avant son mariage, à exercer la fonction de médecin à Gilly, petite cité industrielle, où la vie est pour la plupart, difficile. Il côtoie, même si lui est du bon côté de la frontière, la misère sociale, mais tous ses contemporains sont unanimes pour épingler ses qualités sociales et sa bonté naturelle. Par sa famille, par son mariage avec Marie Langhendries, appartenant elle aussi à une famille bien établie socialement[39] et bien connue des Detry, tous les salons lui sont ouverts, mais c’est sur le terrain plus qu’ailleurs, que Louis-Philippe se révèle. Proche des plus démunis dont il est le médecin, il est aussi très actif au sein du Bureau de bienfaisance de Gilly. Inspecteur des charbonnages et médecin d’un grand nombre d’établissements industriels, président de la Commission d’hygiène, il soulage au quotidien la misère. Les cas dans lesquels il intervient sont des plus variés et la presse le plus souvent relaye ses bons offices.

       Qu'il s'agisse de patients écrasés par un chariot, d'accidents lors de fêtes, de tentative ou de meurtre, de brûlures, de coups de sabot de cheval, de coups de fusil, de rixes dans une verrerie, de crises de nerfs ou de cocher éjecté de sa carriole, la diversité est de mise. En 1892, il donne la vie à un bébé de 4 kg, ce qui n'aurait en soi rien que de réjouissant si la jeune mère n'avait...14 ans. La presse précise « que la Justice enquête sur ce cas flagrant de détournement de mineure ». Cinq ans plus tard c'est un ouvrier de dix-huit ans qui est grièvement blessé, os frontal fracturé et clavicule brisée, dans les ateliers de construction de Madame Berger à Gilly et il est précisé « que son état est tout à fait désespéré ». En 1902, c'est un patient qui, suite à la rupture d'un fil de trolley de vicinal, a été électrocuté, dont s'occupe le docteur Detry. En 1910, c'est une épouse poignardée par son mari à Farciennes qui nécessite ses soins les plus délicats. Lui-même faillit être blessé dans un « accident de roulage »... En effet, en juin 1883, la presse rapporte « qu'hier après-midi, le cheval attelé de Monsieur le docteur Detry s'est emporté subitement. Le docteur a été jeté à bas de sa voiture mais sans aucun mal. Le cheval se dirigea d'une course folle droit vers son écurie. Dans la cour,la voiture heurta une échelle sur laquelle travaillait un blanchisseur à une hauteur de cinq mètres. Celui-ci fut renversé et très grièvement blessé à la tête. Dans la Grand-rue, deux personnes courageuses, MM. Emile Faulx et Alfred Nisolle, s'étaient jetées à la tête de l'animal mais n'avaient pu le maîtriser. Peu s'en fallut même qu'ils ne payassent cher leur dévouement ». En juin 1884, c'est à Louis-Philippe Detry, qui tient les cordons du poêle lors des funérailles, qu'échoit la douloureuse mission de prononcer un discours lors des obsèques du docteur Florent Hannoteau, médecin de l'ULB, et bienfaiteur des pauvres[40].

Mandataire public : un atavisme

       Membre de l'Association libérale du canton de Gosselies, Louis-Philippe Detry a bien l'intention, à l’image de son père, de son grand-père et de nombre de ses ancêtres, de se dévouer à la chose publique. Candidat des libéraux pour l'élection du 19 octobre 1884, il est élu avec 687 voix, après avoir été scrutateur lors des élections législatives du 8 juillet. Echevin de l'Instruction publique, président de la Commission y relative, la carrière échevinale de l'intéressé est loin d'être de tout repos. S'il est fortement apprécié, voire quasi adulé, dans les fonctions qu'il occupe ensuite de longues années durant à la tête de la Garde civique, son passage au conseil communal est houleux, et terriblement chahuté. On ne sait s'il faut l'attribuer à un caractère fort et indépendant, ce qui est un fait, ou à la présence des socialistes dans la commune, qui rendent sa mission libérale, extrêmement périlleuse, toute progressiste, et peut-être parce qu'elle l'est justement, qu'elle soit.

       Il a par ailleurs une grave dissension avec l'architecte Zacharie Clercx, famille à laquelle s'allie par la suite son fils Georges Detry, qui se plaint de son « autocratie ». On lui reproche notamment d'avoir donné des ordres à la Police lors de la Distribution de Prix des Ecoles centrales, alors qu'il n'en a pas le pouvoir, d'avoir résilié le bail d'une école communale sans avis de qui que ce soit, et d'avoir modifié le jour de la rentrée scolaire. Mais Louis-Philippe se défend avec force d'interpellations et la presse constate « avec quel ton et quel autoritarisme s'est emporté M. Detry ». Le Journal Le Bien public parle de « tumulte » au conseil communal de Gilly. Il donne des conférences dans les écoles exposant sa vision de l'enseignement officiel auquel il est très favorable et qu'il veut ouvert au plus grand nombre. Alors qu'il insiste en janvier 1889 pour que la sécurité soit renforcée à Gilly « qui doit engager un veilleur de nuit », et que l'on opère des économies dans les frais de secrétariat, il fait voter, dans les mois qui suivent, un impôt original qui frappe les familles qui n'ont aucun de leur membre dans la Garde civique, et tient compte selon trois tranches de taxation, de l'état de fortune du contribuable . C'est que les finances de Gilly, comme celles de Jumet, sont désastreuses suite aux fortes indemnités à payer aux industriels lésés lors de grèves récentes en mars.

       Par la suite les tensions ne se calment pas vraiment au sein du Conseil communal. Encore et toujours avec le sieur Clercx qui s'oppose à lui à propos de la distribution d'eau courante. Ce dernier dit avoir la paternité du projet, ce que lui conteste Louis-Philippe qui s'adressant à un confrère lui assène : » c'est ici que vous devez émettre vos idées et non dans les cafés et journaux ». Les socialistes, de leur côté, lui reprochent de freiner la construction d'écoles « pour protéger l'école des Frères », ce qui semble peu probable au vu de l'intérêt qu'il porte à l'enseignement officiel, et de son engagement philosophique, même s'il est effectivement pratiquant modéré, principalement pour satisfaire son adorable moitié comme il semble avoir eu coutume de dire [41].

Lieutenant-colonel de la Garde civique de Gilly : une seconde nature



Louis-Philippe Detry, peint, par Charles Watelet en 1898.

       Patriote convaincu, royaliste affirmé, il est désigné comme major le 6 juin 1886 dans la garde civique de Gilly dont il devient le chef de corps en 1897. La réunion annuelle du Corps de l'Etat major est propice aux réjouissances et les journalistes présents relèvent « qu'après avoir sablé quelques vieux flacons, on arrive à l'heure des toasts. Les bouchons sautent et l'honorable chef de la Garde, M. Detry, porte la santé du Roi et de la famille Royale. Des applaudissements bien nourris lui répondent, et les assistants, tous levés, écoutent l'hymne national exécuté par la fanfare »[42]. Le 21 mars 1893, S.M. le Roi Léopold II reconnaît les services éminents rendus par le commandant Detry, en le nommant chevalier de l’ordre de Léopold. Louis-Philippe est touché par cette séance d’hommage qui lui est rendue par le corps des officiers au complet et la musique de la garde qui viennent le congratuler à son domicile. La presse évoque le fait « qu'outre sa qualité de major, M. Detry avait d'autres titres à l'octroi du ruban rouge : il a siégé à notre conseil communal où son rôle n'a pas été effacé ; il a fait partie de plusieurs commissions d'hygiène et de salubrité publique ; enfin, il a déjà une belle carrière médicale »[43]. En mars 1895, il donne une conférence sur le croup[44] et trois mois plus tard, il est atteint dans ce qui lui est le plus cher : la perte de son unique fille, Paula, décédée le 27 juin 1895 à l’âge de onze ans. Cette année là aussi, il escorte le Prince Albert en visite à la Société de gymnastique « La Gillicienne » et des années plus tard, il se souvient encore du plaisir ressenti à cette rencontre[45].

       Amoureux de la nature, Louis-Philippe partage avec son fils Georges la passion des fleurs et des plantes rares. Il a des collections diverses et à l'image d'une certaine bourgeoisie passionnée de sciences horticole, appartient au Cercle local et dispose d'une très vaste serre dans laquelle il cultive diverses espèces. Ses collections sont appréciées et ses installations servent parfois de lieu de rencontre et de conférence comme en cette année 1896 où la presse précise : « dimanche dernier a eu lieu dans la serre de M. Detry, à Gilly, une conférence intéressante donnée par M. Jules Lorge. Plus de trois cents auditeurs habituels des conférences si goûtées du jeune professeur s'étaient donné rendez-vous à Gilly. Nous en avons remarqué de Ransart, de Montigny, de Lodelinsart, de Châtelet etc., tous endroits où M. Lorge va donner régulièrement ses entretiens si bien suivis. C'est avec son sens pratique habituel, sa connaissance approfondie du sujet qu'il a entretenu son auditoire pendant plus d'une heure, sur la culture, la taille et l'entretien de la vigne en serre. L'assemblée s'est séparée après avoir écouté la théorie de l'assolement dans les jardins potagers, théorie simple s'il en fut, mais qu'on a trop souvent tort de ne pas mettre en pratique (...) »[46]. Propriétaire d'un vaste local à Gilly doté d'un établissement de restauration dit « Café du Louvre », Louis-Philippe le met régulièrement à la disposition d'associations diverses selon un accord pris avec l'occupant. C'est le cas notamment en 1898 où la Gillicienne organise le 3 avril en ces lieux une soirée de gymnastique acrobatique pour laquelle les répétitions enchantent les journalistes locaux qui signalent : » nous avons assisté à une répétition du travail à dix trapèzes exécuté par des gymnastes de première force et sommes partis du local émerveillé »[47]

       En 1898 encore, une manifestation en son honneur est organisée en grandes pompes, car alors qu’après douze ans de bons et loyaux services, il pense passer la main, il accepte de poursuivre le commandement tant il est plébiscité. Evoquant la mise sur pied de la Garde civique de Gilly, le lieutenant Chartier rappelle, lors de cette manifestation, « que l’organisation de cette institution réclamait le concours d’un homme d’activité et d’énergie. Appréciant, à ce point de vue, toute la valeur du docteur Detry, les officiers élus par les suffrages des gardes nommèrent, le 6 juin 1886, Monsieur Detry, Major-commandant le bataillon. Ne consultant que son ardent patriotisme, voulant lui-même coopérer à prévenir le retour des excès qui avaient agité si déplorablement notre commune, M. Detry accepta ces délicates fonctions. Sous son impulsion intelligente et énergique, le corps prospéra largement et rapidement» (…). La Garde entière n’a cessé de reconnaître la façon loyale dont il a exercé son autorité, son constant souci de ne jamais faire de distinction entre le plus aisé et le plus humble de ses gardes, le sentiment de justice qui inspira toujours ses décisions. » (…) C'est à ses occasion que la Garde offre à Louis-Philippe son portrait par Charles Watelet « qui a été excellemment inspiré » mentionne la presse car « il a su saisir l'attitude crâne et cependant empreinte de familière bonhomie du sympathique major ». Emu, Louis-Philippe remercie « et au milieu du silence le plus profond, le major Detry se lève et devant tous les assistants debout, porte le toast au Roi, sauvegarde de la patrie, qui à la tête de la nation, incarne le mieux l'amour du pays » [48].

       Le 3 février 1899, il publie une annonce « demandant domestique et servante au courant du service. Certificats exigés »[49]. En 1900, le sous-lieutenant chef de musique Jules Lorge, crée une partition en l’honneur de Louis-Philippe. Dédiée au « Major commandant Docteur L. DETRY », il s’agit d’une marche du Bataillon, écrite aussi dans une version pour piano. Prenant son rôle particulièrement à cœur , Louis-Philippe ne manque pas d’écrire, même s’il le fait de manière anonyme, un « Vade mecum de la Garde civique », diffusé lors de l’agitation en faveur du suffrage universel en 1901[50]…Un an plus tard, il publie un « Guide pratique à l’usage des sous-officiers, caporaux et gardes » dans lequel il estime que : « qu’il n’y a rien de tel que la cavalerie et spécialement la gendarmerie pour disperser les rassemblements sans nécessiter une répression trop sanglante ». Il ajoute qu'il est prudent « qu’il y eût toujours à portée, quelques gendarmes à cheval pour faire des charges ; la garde civique ne devrait alors intervenir par la force des armes que si les cavaliers étaient impuissants »[51]. A cette occasion, le lieutenant-général Tournay ne manque pas de souligner : «Votre ouvrage est de nature à développer l’instruction des gardes en leur donnant sous une forme claire et concise tout ce qui les concerne. Ils peuvent ainsi s’assimiler sans le moindre effort une quantité de matières éparpillées dans plusieurs volumes parfois difficile à rassembler ». Il se fait aussi conférencier pour défendre les valeurs patriotiques qui sont les siennes et sa causerie sur le « Rôle de la Garde civique en général en temps de guerre ou en cas de mobilisation de l’armée » est particulièrement appréciée.

       Sur un mode plus léger, la population de Gilly s’apprête, en ce mois de mai 1902, à assister à une Revue-opérette en trois tableaux qui porte le nom de « Tout Gilly y passera »…Avec humour et bonhomie, Louis-Philippe s’aperçoit en y assistant, que sa personne remplit trois couplets du livret… :

« C’est moi Louis, le beau coq du village,
Médecin des dames et le plus beau des majors
Il faut me voir, grand chef et sans partage
Quand je commande de ma voix de stentor » (….)
Il faut nous voir à l’assaut d’une table
Bien entouré de mon état-major
Faire un bon repas est toujours agréable.
De la bonne chère, nous aimons les trésors.
Du jus divin vidant plus d’une bouteille
Car nous aimons de faire sauter le bouchon
Du bon Bourgogne célébrant les merveilles,
Levons nos verres, au salut de la nation (…) ».

       Le 12 avril 1904, les objectifs de Louis-Philippe sont atteints et il est publiquement reconnu que la Garde civique de Gilly dispose d’une instruction pratique très satisfaisante, qu’elle est bien habillée, très bien équipée et qu’elle a une allure vraiment militaire…Son chef de corps, Louis-Philippe s’en félicite et s’adressant aux siens souligne. Je vous adresse à tous mes félicitations les plus chaleureuses et mes remerciements les plus sincères. Vous avez fait de la Garde civique de Gilly, l’une des plus belles et des meilleures de la circonscription Hainaut-Namur. Tous, j’en suis convaincu, vous aurez à cœur de maintenir dans l’avenir, dans toute son intégrité et dans sa réelle grandeur, cet hommage éclatant de votre valeur militaire ». Amoureux des chevaux, il ne sacrifie pas à la mode des automobiles et c'est un installé dans sa « Victoria » à soufflet qu'il fait ses consultations.

       A l’occasion du 75e anniversaire de l’Indépendance de la Belgique, le 21 mai 1905, un drapeau national officiel est remis au nom du Roi au chef de corps Detry qui le présente lors d’une cérémonie officielle. Il rappelle avec fierté que « ces trois couleurs forment pour tout cœur bien né une idée, une émotion, un souvenir, une espérance ». Grandiloquent, il rappelle : « C’est un honneur insigne que de porter le drapeau. Celui qui tient le drapeau haut et ferme est un homme sacré ; s’il tombe, remplacez-le…, s’il en tombe deux, remplacez-les…s’il en tombe dix, …cent, …mille, remplacez-les ! Tombez tous… pourvu qu’il tombe le dernier ! Vous dormirez immortels à l’ombre de ses plis ! » (…).Et de poursuivre : « nous défendrons jusqu’à la mort le trône de notre souverain, notre belle Constitution et le sol libre de notre chère Belgique. Que le conquérant qui voudrait envahir nos frontières en foulant aux pieds nos traités politiques, n’oublie pas que nous sommes les descendants des fiers Nerviens, dont l’héroïsme et le courage ont arraché à César cette admirable et immortelle appréciation : Omnium GallorumfortissimisuntBelgae »[52].

       Un repas de fête au menu suivant, marque la journée et rappelle, s’il en faut, le patriotisme des participants :

« Potage constitutionnel
Barquettes patriotiques
Saumon à l’Indépendance
Filet de bœuf de Waelhem garni à la 1830
Poularde de Berchem à la Mérode
Asperges brabançonnes
Langoustes à la Jenneval
Marquise à la Chasteleer
Café congolais extra
Gâteau Léopold II
Desserts ».

       Outre son épouse, les deux fils de Louis-Philippe, Marcel et Georges, ce dernier également membre de la Garde, assistent au dîner ; les convives sont nombreux dont le général Tournay, l’échevin Gillieaux, le capitaine d’Etat-major Gendebien, et le colonel de Cannart d’Hamalle qui, obligé de quitter les festivités, envoie illico à Louis-Philippe un télégramme ainsi libellé « Admiration pour votre belle Garde. Sympathie et regrets ».

       Moins d’un an plus tard, c’est une nouvelle manifestation en l’honneur de Louis-Philippe promu à présent officier de l’ordre de Léopold qui est organisé. Reçus dans la demeure de l’intéressé, la chronique rapporte que « Les manifestants, réunis à 20 heures, se dirigent en corps, aux sons d’un pas redoublé, vers la demeure du sympathique chef de la Garde. Ils y sont reçus par Monsieur le Major Detry entouré de sa famille.



M. et Mme Louis-Philippe DETRY et leurs trois enfants, Marcel (°1879), Georges (°1882) et Paula (°1884) DETRY.

Dans les salons, les fleurs, gage d’estime, envoyées par de nombreux amis, sont répandues à profusion… » Les discours succèdent aux discours. Son épouse elle-même se voit remerciée et fleurie au titre « d’ange du foyer, car par vos qualités exquises, vos sentiments délicats, vous savez répandre autour de vous le parfait bonheur, artisan des plus belles choses » (…). Leurs fils, Marcel et Georges Detry ne sont pas oubliés précisant « nous sommes heureux de vous associer à cette consécration d’une vie toute de travail et d’honneur et d’unir dans une même pensée les dignes enfants de parents chéris » (…). « Quoique profondément ému, le major Detry répond successivement à tous ces discours en termes sobres et éloquents qui soulèvent à bon droit des salves d’applaudissements. Les bouchons sautent, la liqueur champenoise pétille dans les flûtes élancées. L’heure des toasts est venue. Au milieu du silence le plus profond, le major Detry porte le toast au Roi, sauvegarde de la patrie, qui, à la tête de la nation, incarne le mieux l’amour du pays ».

       La vie se poursuit, le docteur Detry se partageant entre son art de guérir, qu’il a la joie de voir exercer aussi par son fils Marcel, les bonheurs familiaux comme la naissance de sa petite-fille Marie-Louise en 1911, et ses « devoirs militaires ». Cette année-là, par arrêté royal du 28 mai S.M le Roi le nomme lieutenant-colonel. C'est qu'en effet on fête alors le XXVe anniversaire de la Garde civique de Gilly et une manifestation est organisée en cet honneur. Plus que jamais attaché à la monarchie, Louis-Philippe porte un toast au Roi précisant : « Au Roi, Messieurs qui bien que jeune encore a gagné la confiance, l'estime et l'admiration de tous les Belges par son discours du Trône où il a si bien dépeint ses aspirations, ses tendances et son ferme désir de marcher dans la voie du progrès. A Sa Majesté la Reine Elisabeth qui dès son arrivée sur notre sol national a su conquérir tous les cœurs, toute la sympathie, et le respect absolu de tous les Belges par une sollicitude maternelle, un dévouement admirable, un amour sans borne pour les humbles, les miséreux et les pauvres malades ». A cela s'ajoute l'envoi au Roi d'un télégramme L'assurant de tout l'attachement de la Garde civique de Gilly à Sa personne et formant des vœux de prompt rétablissement pour la Reine Elisabeth, alors souffrante »[53].

       Alité le 15 janvier 1914, ne se sentant pas en forme, après une journée de travail, il ne se relève pas et une longue mais douce agonie le maintient en vie jusqu’au 9 avril, jour où il s’éteint entouré de l’affection de tous les siens. Il paraissait par sa stature et son énergie, inébranlable et c’est une foule immense qui assiste à ses funérailles. De nombreux discours sont prononcés. Le Lieutenant-Général baron W. de Heusch rappelle que « le Colonel Detry, que vous pleurez, possédait le secret d’attirer la confiance et d’entraîner les dévouements, ce qui est le propre des natures d’élite » (…). « Hélas c’est une loi de la nature que ce qu’elle a créé disparaisse. Comme une fleur qui retombe, inerte après avoir jeté tout son éclat, répandu tout son parfum, Detry a été terrassé après avoir épuisé en dévouement, en nobles qualités du cœur tous les dons que la nature lui avait accordé ». Suivent les discours de la Garde civique, mais aussi du docteur Langelez, de la Société de Médecine de l’arrondissement de Charleroi, qui rappelle « combien il jouissait de l’estime et de la haute considération tant de tous ses confrères que de ses concitoyens et du monde industriel au milieu duquel il vivait ».

       Enfin son ami de toujours, Achille Clercx, notaire à Gilly, tient à rappeler que « une amitié, vieille de 40 ans déjà, telle est la raison qui me vaut le douloureux honneur de prendre la parole pour saluer une dernière fois notre ami Louis Detry. (…) ». Dans les entretiens familiers, quel charme se dégageait de cette personnalité si intelligente ! Quelles saillies de l’esprit appuyées de réflexions caractéristiques à notre race, toujours marquées au coin d’un sens d’observation remarquable. Et chaque fois que l’on avait recours à son art, avec quelle bonté, quel dévouement, quelle affection, il prodiguait ses soins et donnait à ses malades, le réconfort moral, adjuvant si nécessaire au soulagement de nos misères physiques » (…)[54]. Quatre mois plus tard, sa chère Belgique est à feu et à sang et, toujours prêt à la défendre, on imagine aisément la douleur qu'aurait produite sur Louis-Philippe la déclaration de guerre… Son épouse lui survit dix ans après avoir eu le chagrin de perdre en 1918 son fils Georges. Deux de ses trois enfants avaient été enlevés à l’amour de cette mère aimante…

       La succession de Louis-Philippe Detry réglée par son ami de toujours, le notaire Achille Clercx est recueillie par son épouse et ses deux enfants. Elle est composée de deux maisons, remise et écuries avec un petit parc de 37 ares à Gilly et d'une maison, bâtiment, prés et pâtures pour trois hectares à Saint-Amand[55]. Son épouse lui survit dix ans, et décède inopinément à Bruxelles, le 27 mars 1924 ; ses funérailles ont lieu à Gilly[56].Louis-Philippe et Marie Detry ont eu trois enfants, dont le Marcel, docteur en médecine comme son père, et qui fut un allié complaisant de la Résistante Edith Cavell, dont on connaît le destin tragique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] DULLIER : ancienne famille de Ransart remontant à Nicolas Doulier dont le fils Jean, décédé en 1693, est échevin du lieu. Cette famille donne des cloutiers et des maîtres maçons. J-F. Houtart, Anciennes familles de Belgique, Bruxelles, 2008, p. 378.

[2] Par sa mère, Mme Célestin Dullier née Ursule Delhaize, Herman Dullier appartient à la famille Delhaize et à son instar, crée sous l'enseigne Delhaize le Lion de nombreuses épiceries dans le Tournaisis, et dans les Flandres, à Ypres, Courtrai, Deinze etc.

[3] P.-E. Detry, La famille namuroise Detry, autrefois de Try. Cinq siècles d’histoire, Izegem, 2015. Voir aussi e.a. C. de Fossa, Les Detry aux origines de la Loterie Nationale, in L'Eventail, mai 2002, pp.42-45; J.-F. Houtart, Anciennes familles de Belgique, op.cit., p. 325.

[4]  Notice sur René-François Detry, in Nouvelle Biographie Nationale, Bruxelles, 1997.

[5] Notice sur Arsène Detry, in Nouvelle Biographie Nationale, Bruxelles, 2016 ; Notice sur Marcel Detry, in Nouvelle Biographie Nationale, Bruxelles, 2016.

[6] Gaston Detry, administrateur à la suite de son père de la Glacerie d’Auvelais, épouse Hélène Huberty et est le père du chanoine du Grand-Saint-Bernard Jules Detry (1905-1980), missionnaire-ethnologue, conférencier, aumônier de la Reine Marie-José. Notice sur le Chanoine Jules Detry, in Nouvelle Biographie Nationale, Bruxelles, 2014.

[7] Cette jolie propriété, initialement dotée d'un parc avec écuries, garages, serre et un terrain de tennis pour une superficie de près de 38 ares, située à Uccle, est connue de la plupart pour avoir abrité l'EFAP, école supérieure privée. Nestor Detry acquiert cette demeure de Jean Hubert Biermans-Lapôtre, qui a fait fortune dans la fabrication de pâte à papier et lègue la somme considérable de 15 millions de francs or pour la construction à Paris, au travers d'une fondation portant son nom, d'une résidence universitaire toujours en fonctionnement, et qui abrite prioritairement des étudiants belges et luxembourgeois. Sur la Villa Detry avenue Longchamp, voir Archives du Cadastre du Brabant (Uccle).

[8] Académie Royale de Médecine de Belgique, verbo Rubay.

[9] Rôle des inscriptions de l'Université Libre de Bruxelles pendant la troisième période trentenaire 1894-1895- 1923-1924 (verbo Detry)

[10] Albert Devèze (1881-1959), avocat près la Cour d'Appel, futur ministre à trois reprises (Intérieur, Affaires économiques, Défense), premier Ministre, Ministre d'État, président du parti libéral, etc. E. Van Den Berghe, Albert Devèze, Bruxelles, 1935.

[11] Revue de l'Université de Bruxelles 1903-1904, Bruxelles, 1904, p.80 ; voir caricature de Marcel Detry, in Almanach de l'Université de Gand, section de Bruxelles de l'Association générale des étudiants libéraux, Gand, 1905,  pp. 220-221.

[12] ULB, Iconographie sous le n° 2Y2 63.

[13] L'histoire est véridique si ce n'est la fréquence des dîners qui est en fait trimestrielle. R. Kerviler, Essai d'une Bibliographie raisonnée de l'Académie Française, Genève, 1968, p. 97.

[14] Jean Méel dit Miel (1599-1664), peintre et graveur à l'eau-forte d'origine belge. Cette œuvre est en effet bien connue. M. Huber et C. C. H. Rost, Manuel des curieux et des amateurs de l'art, Zuric (sic), 1801, t. V., p. 347 ; C-P. Landon, Annales du Musée et de l'École moderne des Beaux-Arts, t.10, Paris, 1825, p. 51.

[15] Hégésippe Moreau (1810-1838), écrivain, poète et journaliste français mort prématurément, dont une rue du XVIIIe arrondissement à Paris porte le nom. G. Benoit-Guyod, La vie maudite de Hégésippe Moreau, Paris, 1945 ; O. Vignon, Hégésippe Moreau, sa vie, son œuvre, in Société d'Histoire et d'Archéologie de l'Arrondissement de Provins, t. 1 et 2, 1966.

[16] Almanach de l'Université de Gand, Gand 1907, pp. 148-149, et Gand 1908 (verbo Detry).

[17] Bulletin communal de Bruxelles, Bruxelles, 1907, p. 285.

[18] L'Indépendance belge, 18 septembre 1910 ; AGR, Archives de l'Ordre des Médecins pendant la deuxième Guerre mondiale, série des dossiers des médecins membres de la Chambre francophone.

[19] La Gazette de Charleroi, 20 mai 1912, 13 février, 5 novembre 1913, 24 septembre 1920.

[20] La Dernière Heure, 9 juin 1913.

[21] Jan-Hendrik dit Jean-Henri Van Sluyters, né en Hollande en 1832, s'installe architecte à Paris dans le quartier à la mode du Parc Monceau et de l'Etoile. Sa clientèle est fortunée et titrée, notamment le comte de Riant et le baron van Zuylen van Nyevelt. Suite à la guerre franco-prussienne, il fuit la France pour la Hollande où la ruine l'attend. Il mène une vie nomade et l'un de ses enfants, une fi lle, naît à Bruxelles, à Saint-Gilles, en 1876. C'est donc juste avant cette naissance que la maison occupée par Marcel Detry est construite. Parmi les enfants de Jean-Henri Van Sluyters, le plus connu est Georges Van Sluyters dit de Feure (1868-1943), peintre, affi chiste, designer du courant Art nouveau, chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur etc. I. Millman, Georges de Feure, maître du Symbolisme et de l'Art nouveau, Paris, 1992, pp. 10-11.

[22] Georges Brugmann (1829-1900), banquier, mécène et bailleur de fonds de l'église protestante où il est actif, de l'Association Internationale Africaine, d'hôpitaux, promoteur de l'avenue qui porte son nom et d'autres axes importants à Uccle ; il finance aussi l'aventure d'Adrien de Gerlache de Gomery dans l'Antarctique.

[23] Acte du notaire Charles Gerard à Anderlecht, 1er avril 1914, que je dois d'avoir à la grande amabilité de Maître Jan Botermans, notaire à Braine-l'Alleud, résidant avenue Molière. Cette maison sise 116 avenue Brugmann est vendue par Marcel Detry et sa fille Marie-Louise, héritière unique de sa mère, le 11 octobre 1965 par acte de Maître Charles Monnoyer, notaire à Bruxelles, substituant son confrère maître Jean-Pierre Jacobs, notaire à la même résidence, légalement empêché. La demeure est en effet acquise par son fils Jean Jacobs (°1937), futur notaire à Bruxelles, et son épouse, Corinne Delacroix.

[24] Antoine Depage (1862-1925), chirurgien, sénateur libéral, président de la Croix-Rouge de Belgique, fondateur de l'Hôpital de l'Océan à La Panne avec le docteur Maloens, fondateur de la première école laïque d'infi rmAntoine Depage (1862-1925), chirurgien, sénateur libéral, président de la Croix-Rouge de Belgique, fondateur de l'Hôpital de l'Océan à La Panne avec le docteur Maloens, fondateur de la première école laïque d'infirmières, professeur à l'ULB, membre de l'Académie Royale de Médecine, fondateur d'un hôpital, l'Institut Berkendael, place Brugmann, et dont l'épouse née Picard descend des Héger. Il a un rôle de premier plan lors de la première guerre mondiale et emploie comme infirmière Edith Cavell dans son hôpital. A. Depage, Ambulance de l'Océan. La Panne, Paris, 1917 ; H. Depage, La vie d'Antoine Depage, Bruxelles, 1956 ; Notice sur Antoine Depage, in Biographie nationale, Bruxelles, 1969, col.171-180.ières, professeur à l'ULB, membre de l'Académie Royale de Médecine, fondateur d'un hôpital, l'Institut Berkendael, place Brugmann, et dont l'épouse née Picard descend des Héger. Il a un rôle de premier plan lors de la première guerre mondiale et emploie comme infi rmière Edith Cavell dans son hôpital. A. Depage, Ambulance de l'Océan. La Panne, Paris, 1917 ; H. Depage, La vie d'Antoine Depage, Bruxelles, 1956 ; Notice sur Antoine Depage, in Biographie nationale, Bruxelles, 1969, col.171-180.

[25] Edith Cavell (1865-1915), infirmière britannique, membre du Secret Intelligence Service Britannique, dont le rôle héroïque de martyr de la Résistance a suscité une foule de publications et de commémorations diverses.

[26] R. Ryder, Edith Cavell, London, 1975, pp.125, 140- 141, 168; D. Souhami, Edith Cavell, London, 2010, p. 241. Janice L. Decker, écrivain, évoque aussi cette collaboration dans son roman Take the War, paru en 2010 chez Lulu.com, pp. 45-132 (www.janiceldecker.com/locales.html).

[27] Georges Hostelet (1875-1960), sociologue, mathématicien, philosophe, conférencier, collaborateur d'Ernest Solvay. A également été arrêté par les Allemands et lourdement condamné à une peine d'emprisonnement.

[28] La Gazette de Charleroi, 16 septembre 1919, 28 novembre 1922, 7, 8 février 1932.

[29] Max Suetens (1891-1955), directeur général du Commerce au Ministère des Affaires étrangères, proche de Paul-Henri Spaak et collaborateur de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers, conférencier, écrivain notamment d'un important ouvrage sur l'Histoire de la politique commerciale de la Belgique depuis 1830 jusqu'à nos jours (préface de Paul-Henri Spaak), 1955, etc. Voir e.a. A.S. Milward, The European rescue of the Nation-State, London, 2000, p. 57 ; S. Schirmann, Robert Schuman et les Pères de l'Europe, Bruxelles, 2008, p. 192 ; G. Duchenne, Esquisses d'une Europe nouvelle. L'Européisme dans la Belgique de l'entre-deux-guerres (1919-1939), Bruxelles, 2008, p. 602 ; R. Hannecart, Le dernier carré. Les charbonniers belges, libres entrepreneurs face à la Ceca (1950-1959), Bruxelles, 2010, p. 95 ; R. Delcorde, Les diplomates belges, Wavre, 2010, p.66.

[30] L'Indépendance belge, 9 février (fiançailles), 1, 6 août (avec photo des mariés) 1936.

[31]L'impasse qui jouxte ce qui fut sa demeure à Gilly porte encore le nom de « Impasse du major »....R. Collard, Gilly,ses chemins et lieux-dits, Cercle d'histoire de Gilly, 2004. Dernière Heure, 17 juin 2004.

[32]F. Close et O. Lambot, Gilly à travers les âges, tome II, Court-Saint-Etienne, 1923, p.116 ; O. Vandendriessche et J. Rigot, Gilly, son histoire, sa population, ses bourgmestres, 1830-1976, 2006, p.42.

[33]Il reçoit cette distinction pour son inlassable dévouement de médecin pendant les vagues d'épidémies qui règnent alors.

[34]Le caveau de famille, voisin de celui des Gillieaux, a malheureusement disparu lors de l'abandon du vieux cimetière de Gilly. V. Verhulst, Le cimetière de l'église Saint Remy à Gilly village, Gilly, s.d, pp23,277, tombe 25.

[35]Leur contrat de mariage, qui prévoit la communauté légale,est passé devant le notaire Edouard Chaudron, à Frasnes-lez-Gosselies, le 6 janvier 1879.

[36] Le Soir, 30 mars 1924.

[37]Sa propriété est importante et Louis-Philippe Detry au décès de son beau-père, publie des annonces pour mettre en location sa ferme décrite comme « Ferme de 90 hectares à louer dans la Plaine de Fleurus (Ferme de Chassart sous Mellet) » et entre-temps vend les récoltes de 45 hectares par le ministère de Maître Chaudron, ami de la famille et notaire à Frasnes-les-Gosselies. La Gazette de Charleroi, 30 avril, 1er mai 1879, 17, 24 juillet 1879.

[38]STAINIER : ancienne famille de Gosselies remontant à Jean Lestainier, échevin de ce lieu le 4 octobre 1497. Cette famille donne de nombreux mayeurs et échevins, de grands propriétaires de fermes et e.a de la maison du marché de Bouvignes dite « maison espagnole », un seigneur de Merlemont, un grand bailli de Châtelet, une abbesse de l'abbaye de Soleilmont et un professeur à l'Université de Gand. Joséphine Stainier a pour nièces Adolphine Stainier (1844-1916)X Adolphe Delhaize (1840-1899), fondateur de la Firme à son nom, propriétaire du château de Bousval, dont desc. , et Mathilde Stainier X Louis Delhaize (1833-1897), fondateur de la Firme Louis Delhaize à Ransart, dont l'enseigne est toujours bien établie aujourd'hui. Dont desc. A cette famille appartient le Général-major Luc Stainier (1935-2013), aide de camp du Roi, gd. Off. O. Couronne, gd.off. O. Léopold II, comdr. O. Léopold, chev. O. Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, X Gisèle Camus (°1937), fille d'Albert, dentiste à Namur, et de Marie-José Dewint, petite-fille de Louis Camus (1878-1915) et d'Esther Bister (1879-1924), et cousine sous-germaine de Mme André Detry (voir p.... et note......). La photographie reproduite en page 195 de l'ouvrage de Guy De Pauw, Le château de Bousval au fil du temps, 1993, ne représente pas, comme signalé, Mme Adolphe Delhaize mais bien sa cousine germaine Mme Louis-Philippe Detry. Voir encore Chanoine A. Theys, op.cit, p.802 ; Xavier Stainier, Généalogie de la famille Stainier, Gand, 1939; H. Douxchamps, La famille Douxchamps, Heule, 1973, pp.36, 41, 64, 71-73 ; Le Patrimoine monumental de la Belgique, Province de Namur, arrondissement de Dinant, Sprimont, 1996, p. 381. J-F. Houtart, Anciennesfamilles de Belgique, Bruxelles,2008, p.124.

[39]Fervente royaliste, nous ne savons pour quelle raison précise elle reçoit de S.M La Reine Marie-Henriette, un souvenir imprimé, aux armes de Belgique, » à titre de remerciement » à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de mariage du Roi Léopold II et de la Reine Marie-Henriette, le 22 août 1878, et reproduit en p....

[40]L'Echo du Parlement, 16 juin 1876 ; La Gazette de Charleroi, 14 juillet 1879, 24 juin 1883, 28 juin 1884,12 octobre 1885, 14 août, 30 novembre 1888, 16 juin, 23 août 1889, 18 mars 1891,16 janvier 1892, 19 mars 1897, 2 décembre 1902, 15 janvier 1910.

[41]La Gazette de Charleroi,5 juillet,15, 22 octobre 1884, 14 août, 2, 4, 11,13,15-16, 21, 23, 24, 27 septembre 1885, 14 janvier,1er juillet, 5 août, 28 octobre, 11 décembre 1889, 2 mars 1895, 29 mars 1898, 13, 28, 30 juin, 2, 10 juillet, 2 août 1898. Le Bien Public, 24 septembre 1885 ; L'Indépendance belge, 25 février, 14 mars 1889.

[42]Ibidem, 28 décembre 1892.

[43]Ibidem, 24 mars 1893.

[44]Ibidem, 3 mars 1895

[45]Ibidem, 29 mai 1911.

[46]Ibidem, 29 décembre 1896.

[47]Ibidem, 21 mars 1898.

[48]Ibidem, 29 mars 1898.

[49]Ibidem, 3 février 1899.

[50]Garde civique, Service d'ordre et de Sûreté. Guide pratique à l'usage du chef de la Garde et des commandants de détachement, Gilly, 1901 ; L. Keunings, DesPolices si tranquilles, Louvain, 2009.

[51]L. Detry, Garde civique. Service de garnison. Guide pratique à l’usage des sous-officiers, caporaux et gardes suivi d’une instruction à l’usage des commandants de détachements sur l’intervention de la force armée dans le service d’ordre, Gilly, 1902

[52]Voir aussi La Gazette de Charleroi, 21 mai 1905.

[53]Ibidem, 29 mai 1911.

[54]Les extraits et citations concernant Louis-Philippe Detry sont issus de Le Livre d'or de la Garde civique de Gilly, 1886-1906, Charleroi, 1906 dédié par le major Detry à M.de Trooz, Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique. Voir aussi Almanach royal pour l'année 1914 (Province de Hainaut, Chefs de la Garde) ; Mémorial belge de l'ordre de Léopold publié sous le haut patronage de S.M. Le Roi Albert, Anvers, s.d, p.91; L. Depasse, Garde civique de Gilly 1830-1914, Gilly, s.d, pp.40, 57-68, 74, 96-101, 113-122, 129, 139,161 ,184 ; A. Baleriaux, Août 1914. De Sarejevo à Charleroi, Ottignies-Louvain-la-Neuve, 1994, pp.180, 251.O. Vandendriessche et J. Rigot, Gilly, Son histoire, sa population, ses bourgmestres, slnd, p.42. Voir encore La Gazette de Charleroi,15,18, 22 octobre1884, 20 avril, 1er mai, 25 juin, 27 juillet, 26-27 août, 23 septembre, 15, 22 octobre, 4, 18 novembre 1888, 3 mars, 1er juillet, 13, 27 août, 26 novembre 1889, 2 février, 25 juin, 1, 23 décembre 1890, 3 août, 8 septembre 1891, 9 juin 1892, 20 janvier, 9 mai, 4 novembre 1895, 7 février, 18, 24 juillet 1896, 31 octobre, 5 décembre 1905,13 juillet 1908; Het handelsblad, 16 janvier 1898.

[55]AEM, déclaration de succession 221 du 20 mai 1914.

[56]La Gazette de Charleroi, 30 mars 1924.