Médecins de la Grande Guerre

Marie Curie en ‘Flanders Fields’

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 Marie Curie en ‘Flanders Fields’


© 2012, Roseline Debaillie

Jagerstraat 8, 8970 Poperinge

Ce travail est le résultat de nombreuses d’heures de recherche et rédaction. Rien dès lors ne peut être copié, dupliqué ou utilisé sans l’autorisation préalable de l’auteur.

Le matériel photographique a été mis à notre disposition, à usage non commercial, par le centre de documentation du Musée Curie, Le Musée Imperial War et le eBook ‘ Un chirurgien en Belgique’ de H.S.Souttaer.

Remerciements

L’écriture de ce dossier fut une expérience spéciale. Depuis la première idée jusqu’à l’histoire sur papier, je remercie les nombreuses personnes qui m’ont assistée chacune à sa façon.

Tout d’abord mon compagnon et copain Johan, pour l’enthousiasme partagé, pour les moments agréables de remue-méninges et pour son intérêt pour ma recherche.

Un merci spécial aussi à Natalie Pigeart, archiviste auprès du Musée Curie. Son accueil sympathique, l’ambiance détendue dans le centre de documentation et la serviabilité pour ma recherche resteront toujours d’excellents souvenirs.

Un merci sincère aussi à Dominique Garric, archiviste auprès du Service Historique de la Défense. Ce fut une surprise agréable de retrouver un jour dans ma boite aux lettres un tas de documents uniques qui m’avaient été envoyés après un simple coup de téléphone.

Camarade de classe, Luc Bommarez m’a bien aidée à comprendre l’organisation de l’armée pendant la première guerre mondiale en mettant à ma disposition sa documentation personnelle. Merci pour cela.

Ce fut pour moi, néophyte, une expérience émouvante d’avoir pu toucher les manuscrits personnels de Marie Curie dans la belle salle ovale de la ‘Bibliothèque Nationale de France ’. Merci à tous les collaborateurs serviables là-bas.

Un merci sincère aussi à mon guide Ivan Vandekerkhove, chef du département Tourisme de la ville de Poperinge, pour la lecture critique de cette œuvre et pour les astuces utiles qu’il m’a données.

Pour m’avoir permis de passer l’épreuve pratique de guide dans ‘de Nobele Rose’, à Furnes, je remercie le Dr Dumoulin et sa sympathique épouse.

Enfin mes remerciements aussi à mes ‘amis de guerre’ de l’Asbl ‘War and Remembrance’. Sans leur exemple inspirant, je n’en serais jamais venue à suivre la formation de guide et je n’aurais donc jamais écrit ces pages.

Une dame remarquable

Les jeunes années

Marie Curie est née Marya Sklodowska le 7 novembre 1867, à Warchau (Pologne). Elle était la cinquième descendante de son père Wladyslaw et sa mère Bronislawa. Les deux parents étaient instituteurs et de noblesse de campagne appauvrie. Ils devaient travailler pour gagner leur vie. Marie grandit en Pologne pendant la domination russe du tsar Alexandre II. Enfant très intelligente, elle avait hérité de son père du talent pour la physique. Sa petite sœur Sofie mourut du au typhus et sa mère peu après de la tuberculose. Marie perd alors sa confiance en la croyance catholique. A l’âge de 16 ans, elle termine ses études au gymnase. Elle devient gouvernante auprès de familles riches afin d’épargner de l’argent pour partir avec sa sœur aînée Bronia à l’université parisienne ‘la Sorbonne’. En effet les femmes ne pouvaient pas faire d’études universitaires en Pologne. A cette période une ‘université volante’ avait été fondée en secret par des professeurs et des conférences scientifiques y étaient données pour les filles ambitieuses dans des habitations privées. Marie y était une étudiante bien-aimée [1] [22].

A Paris

A l’âge de 24 ans, Marie peut enfin suivre sa sœur Bronia à Paris et elle commence des études en chimie et physique qu’elle réussit avec brio. Un an après, elle obtient aussi son diplôme en mathématiques. Elle a alors 26 ans. Par l’intermédiaire d’une connaissance commune, elle rencontre Pierre Curie, un célibataire de 35 ans d’une famille de médecins, qui fait des recherches sur le magnétisme. Deux ans après, ils se marient. C’est une cérémonie sobre et le voyage de noces se fait à vélo. La journée, Marie travaille au labo de Pierre et le soir, elle étudie pour son diplôme d’instituteur qu’elle obtient l’année suivante. Entre- temps, le couple Curie reçoit une mission de l’industrie pour réaliser des recherches sur les caractéristiques magnétiques des métaux. Le ‘labo’ mis à leur disposition est un hangar humide, sans chauffage ni confort. Financièrement le couple a de la peine à joindre les deux bouts. A côté du travail dans le labo Pierre et Marie doivent enseigner en métier complémentaire pour joindre les deux bouts. A l’âge de 30 ans, Marie donne vie à leur fille Irène. A ce moment, elle pense aussi déjà à passer son doctorat. Elle veut faire une étude sur le fonctionnement des minéraux à l’instar de la recherche menée par Henri Becquerel sur l’uranium qui allait lui permettre de découvrir que cette matière diffusait des rayons d’origine inconnue. Ce phénomène sera nommé plus tard ‘radioactivité’ par le couple Curie. A deux, ils découvrent deux matières radioactives : le polonium et le radium [1] [13] [22].

Deux prix Nobel

En 1903, Marie Curie devient docteur en physique ‘cum laude’ pour sa recherche sur les matières radioactives. Avec Henri Becquerel, le couple Curie reçoit le prix Nobel de physique pour leurs découvertes communes concernant rayonnement et radioactivité. Marie est la première femme à qui il revient de partager cet honneur. A partir de là, les conditions de travail s’améliorent: une usine, où du radium pour des applications médicales est produit, met à leur disposition un labo convenable et la Sorbonne offre à Pierre une chaire de physique. Cette année là, leur fille Eve vient au monde, mais peu après Marie est frappée par le sort : Pierre est victime d’un accident mortel et Marie est inconsolable. En reconnaissance du travail important du couple, la Sorbonne donne à Marie la chaire de physique de Pierre et elle devient le premier prof féminin. Après quelques années difficiles et solitaires, Marie remet sa vie sur les rails et peu après, apparaît dans sa vie un nouvel amour en la personne de Paul Langevin, un des anciens élèves de Pierre, actuellement collègue de labo de Marie. Cette relation est un énorme scandale en France car Paul Langevin est un homme marié et le père de quatre enfants. Les commérages ne sont pas tendres envers Marie. Elle est à nouveau ‘une étrangère’ et fuit complètement la vie publique. Néanmoins, elle obtient cette année-là pour la deuxième fois le prix Nobel, cette fois en chimie, pour son œuvre qui avait comme but de séparer le radium pur des sels de radium. Dans l’histoire des prix Nobel, ceci est une première: un double lauréat féminin du prix Nobel. Mais il y a des mécontents. Le directeur de l’Institut Pasteur, célèbre dans le monde entier, veut bien engager Marie Curie et lui offre son propre labo, cela, sans tenir compte de l’avis du vice-recteur Liard de la Sorbonne qui n’aime pas voir partir son ‘double lauréat’ du Prix Nobel. Les deux messieurs en viennent à un compromis: ils investissent tous les deux pour la moitié dans un nouvel ‘institut de radium’, qui comportera deux départements: le labo de Marie Curie qui va continuer à étudier la radioactivité et le labo du docteur Claude Regaud qui va mettre l’accent sur le traitement du cancer grâce au radium [1] [13] [17] [22] [27].

La première guerre mondiale

C’est alors qu’éclate la guerre. Le 1er août la mobilisation est annoncée et la France envoie ses hommes au front. Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le labo de Marie se vide, elle reste avec son mécanicien Louis Ragot qui n’est pas convoqué à cause de troubles cardiaques. Beaucoup de femmes françaises veulent s’engager pour soigner les blessés et elles deviennent infirmières. Cependant, Marie Curie choisit de mettre sa connaissance scientifique et technique à la disposition de son pays adoptif. Elle laisse son travail de recherche de côté et fait une parenthèse d’une durée de quatre ans dans sa carrière. Elle se rend compte qu’il y aura beaucoup des victimes et que le service médical de l’armée française n’est pas équipé pour diagnostiquer convenablement tous ces blessés et leur donner les soins nécessaires après. Elle est bien introduite dans le monde médical grâce à de sa sœur Bronia, son beau-frère Casimir et Eugène Curie, le père de Pierre, tous médecins. Elle est au courant des dangers des blessures par balle ou obus, des fractures compliquées et elle connaît aussi la technique du röntgen qu’elle enseigne à la Sorbonne. Elle sait où elle peut se rendre utile: elle décide d’établir un service radiologique pour les hôpitaux militaires. L’armée française dispose à peine de la radiologie, et dans les hôpitaux civils aussi il y a peu d’appareils disponibles. Seuls les plus grands hôpitaux dans les villes importantes disposent d’un appareil et il n’y a qu’un seul appareil mobile [9] [13] [18].

En première étape, Marie rassemble tous les appareils RX qu’elle peut trouver auprès des laboratoires et des producteurs. A partir de septembre 1914, elle crée plusieurs unités-radiologiques dans des hôpitaux dans lesquels elle enseigne aussi au personnel. Dans le même temps, le Ministère de la guerre la chargeait, 10 jours après l’éclatement des combats, d’enseigner aux techniciens qui devaient se servir de ces appareils. Ces unités radiologiques prouveront leur utilité pendant la bataille de la Marne. Cependant, elle découvre aussi qu’il y a un grand besoin d’équipements RX mobiles. Certains patients ne peuvent pas être transportés vers un hôpital car celui-ci se trouve trop loin ou parce qu’ils sont trop grièvement blessés. Alors l’idée d’aller installer des unités RX mobiles mûrit. L’armée est tout d’abord défavorable envers un laïc, sans grade militaire, une femme en plus, que veut aller jusqu’aux lignes de front, avec un véhicule RX pour examiner des patients et donner des instructions au personnel médical militaire. Cependant, Marie trouve des partenaires dans le Patronage National des Blessés, la Croix Rouge française, l’Union des Femmes de France et quelques bienfaiteurs généreux. Les deux premiers véhicules RX mobiles, les petites Curie n°1 et n°2, sont rapidement une réalité et le Patronage National des Blessés nomme Marie ‘directrice technique de la radiologie’. Pour atteindre le front avec ses véhicules, elle doit lutter contre la bureaucratie militaire et elle est envoyée d’un bureau à l’autre, à chaque fois plus haut dans la hiérarchie militaire. Le plus haut en grade du service de santé de l’armée française décide alors que seul le Ministre de la guère, le juriste Alexandre Millerand, peut en décider. Le hasard veut qu’Alexandre Millerand était l’avocat qui défendait les intérêts de Marie Curie pendant l’affaire Langevin. Et il lui promet de demander au général Joffre, le commandant en chef de la zone de front, de traiter sa demande avec la rapidité et l’intérêt nécessaires. Le 1er novembre enfin, Marie Curie peut partir vers l’hôpital de Creil, à peine 30 km derrière la ligne de front de Compiègne. Grâce à l’aide financière importante du Patronage National des Blessés et des particuliers qui cèdent leurs véhicules, elle réussit à installer encore une fois 18 ‘petites Curies’. Dans ses documents personnels, nous retrouvons un aperçu de ses visites. Mois par mois, Marie Curie note quels hôpitaux elle visite et dans quelle zone de front ou arrière-pays. En tout, elle mentionne 45 voyages pour visiter des patients, réaliser des installations, ramener une ‘petite Curie’ sur place ou livrer du matériel. Chaque fois, elle mentionne aussi comment elle se déplace, avec sa voiture personnelle ‘voiture E’, avec une ‘petite Curie’ qui doit être livrée ou en train. Elle note aussi méticuleusement qui l’accompagne dans ces voyages; souvent ce sont les techniciens Louis Ragot, Henri Pillart ou sa fille Irène. Sur ces 45 visites, il y en a 30 à la ligne de front en France et en Belgique [32].

A côté des ‘petites Curies’ roulantes, elle prévoit aussi l’installation de 200 unités RX fixes [7] [32]. Elle voyage à Amiens, Verdun, Compiègne, Dunkerque, Calais, Nancy, Abbeville, Boulogne, Reims, Furnes, Poperinge, Hoogstade, La Panne et Adinkerke… [1] [13] [16]. Le service de santé de l’armée comprend enfin que l‘équipement RX est nécessaire, et à la fin de la guerre, la France dispose de plus de 500 unités RX fixes et de plus de 50 véhicules RX légers mobiles. Cela signifie que Marie Curie garantissait elle-même, toute seule, le fonctionnement de la petite moitié des appareils fixes et des appareils légers mobiles. Pendant les deux dernières années de la guerre, environ 900.000 patients ont été examinés avec des rayons X [2]. Si nous extrapolons prudemment, pour la guerre entière, nous pouvons considérer qu’il y a eu peut-être environ 1.200.000 patients examinés. Les pertes (blessés ou morts) du côté belge et français atteignaient environ 6.000.000 [30]. Cela signifie qu’environ 1 blessé sur 6 d’eux passaient un examen RX: un chiffre phénoménal si on considère que tout cela était dû à l’effort d’une seule dame.


Marie Curie au volant de son véhicule radiologique

A côté de l’installation des appareils RX, Marie Curie enseignait aussi au personnel. Quand l’utilisation des appareils RX fut généralisée, se présenta alors le problème des infirmières bien formées. A l’institut de radium, environ 180 femmes ont suivi l’enseignement de Marie et Irène jusqu'à devenir des infirmières radiologiques qualifiées [32].

A côté de cela, elle met pendant la guerre aussi la thérapie Curie à disposition des militaires et des citoyens qui souffrent d’un cancer ou de lésions de la peau pouvant être soignés avec du radium. Marie notait précisément les données de tous les patients traités, données d’identifications, genre de la lésion, durée du traitement… Ce service était unique en son genre [32].


Marie Curie (deuxième à droite) enseigne aux infirmières radiologiques dans son laboratoire à l’hôpital Edith Cavell

Au comble de la gloire

Après la guerre, Marie se consacre entièrement au développement de l’Institut de Radium. Les années qui suivent, Marie Curie voyage dans le monde entier à des congres, symposia et autres réunies scientifiques. L’Amérique, l’Italie, la Pologne mais aussi la Belgique sont visitées. En Belgique, elle est la seule femme qui fait partie du ‘Conseil de physique’ de Ernest Solvay (Conseil de Physique Solvay). Elle siège avec des savants comme Albert Einstein, Jean Perrin, Henri Poincaré et Max Planck.

Souvent, après les réunions de ce conseil, suit un diner au palais royal avec Albert et Elisabeth avec lesquels elle entretient des contacts cordiaux depuis la guerre [21]. Dès lors, elle reçoit gratuitement, par l’intermédiaire de l’Union Minière Belge du Katanga (Congo), le minerai duquel le radium précieux peut être extrait [13]. En 1922, l’Alliance des Peuples d’alors la nomme vice-présidente de la Commission Internationale pour la Coopération Intellectuelle.

Le Baron Henri de Rothschild rend possible, en 1928, la création d’une fondation Curie où arrivent des dons et des subsides, qui vont soutenir plus tard le fonctionnement de l’Institut de radium. En 1932, en Pologne aussi, un Institut de radium est lancé sous la direction de sa sœur Bronia. Là également des cancéreux peuvent être traités avec la thérapie Curie. Marie est la seule femme qui siège parmi 60 collègues masculins à l’Académie de Médecine [1].


Marie Curie dans le « Conseil de Physique Solvay »

La fin

Mais finalement sa santé va la laisser tomber: elle est extrêmement fatiguée par le travail pénible et lutte contre des douleurs diffuses. Des attaques de fièvre et des frissons l’épuisent. Ses médecins parlent tantôt d’une grippe tantôt d’une bronchite mais n’arrivent pas à la guérir. Elle faiblit à vue d’œil et pour finir elle est hospitalisée dans le sanatorium de Sansellemoz. Sa santé est minée par une anémie grave suite au travail avec des matières radioactives pendant des années. Elle décède le mardi 4 juillet 1934. Le jeudi 6 juillet elle est enterrée en intimité à Seaux dans la même tombe avec son amoureux Pierre. Jusqu’à aujourd’hui, Marie Curie est la seule femme à avoir été enterrée là sur la base de ses mérites [1] [22].

Le setting

La radiologie pendant la première guerre mondiale.

En 1895, Wilhelm Conrad Röntgen découvrait les rayons- X et déjà très rapidement, les médecins de l’armée de différents pays étaient intéressés par cette technique. En 1896, pour la première fois, un hôpital à Berlin fut équipé d’un appareil radiologique. Dans les années suivantes, les Français, les Britanniques et les Belges suivaient. Pendant différentes guerres, le matériel radiologique sera testé, entre autres durant les guerres grecques - turques, la guerre au Soudan et la Guerre des Agriculteurs en Afrique-du-Sud. Les premiers appareils étaient très primitifs. Un véhicule, tiré par des chevaux servait de chambre noire et l’électricité était fournie par une personne à vélo qui devait pédaler une demi-heure pour pouvoir faire un image! Plus tard, une dynamo activée par un moteur à essence, était utilisée. Quand la première guerre mondiale éclata, les deux parties disposaient d’appareils radiologiques militaires, soit des fixes ou des mobiles. En Belgique, le premier service radiologique fut installé à Anvers, peu après suivirent Bruxelles, Gand et Liège [15].

L’organisation du service de santé de l’armée belge en août 1914.

Quand la guerre éclata, le service de santé de l’armée disposait de 2320 lits d’hôpital militaire répartis entre les villes de garnison de Liège, Namur, Anvers, Gand, Bruxelles e.a.. Les hôpitaux de la Croix Rouge pouvaient contenir environ 1.000 lits. L’organisation du service médical de l’armée de campagne était confiée à la Croix Rouge par A.R. La tâche de la Croix Rouge consistait en l’évacuation et les soins des blessés ainsi que l’équipement en matériel et en personnel du service médical. Une ‘ambulance’ (à ne pas confondre avec la notion actuelle d’ambulance) constituée de 20 véhicules, 7 médecins, 2 hôpitaux de campagne, du matériel médical et le personnel nécessaire pour les trains sanitaires, devait être prévue par division. Pour gérer tout cela, l’Inspecteur-Général du Service de Santé devait prendre la fonction de vice-président de la Croix Rouge. A une certaine époque, on suppose cependant qu’un général pensionné pouvait aussi bien remplir cette tâche. Ainsi il arriva qu’à la veille de l’invasion de la Belgique ni le matériel nécessaire ni le personnel compétent n’étaient disponibles [15] [23].

En 1914 l’armée belge existait d’un côté avec les forteresses militaires dans les villes de Liège, Namur et Anvers et de l’autre côté avec l’armée de campagne. Ensemble, elles représentaient à peine 200.000 hommes [30]. L’armée de campagne se composait de 6 divisions et d’une division de cavalerie. Chaque division disposait d’une ambulance avec 350 brancardiers. Ces brancardiers étaient des membres du clergé ou des enseignants, exemptés du service militaire, et sans formation médicale. Ils suivaient un cours médical-militaire de courte durée au Centre d’Institution pour Brancardiers Infirmiers et étaient appelés CIBITINS. A côté de ces brancardiers, il y avait trop peu de médecins et à peine quelques infirmières diplômées. En Belgique, la première école d’infirmières avait été créée en 1907, sous l’impulsion du docteur Depage et de son épouse Marie Picard. La directrice de cette école était l’anglaise Edith Cavell. L’Angleterre avait cependant des infirmières bien formées depuis que Florence Nightingale avait fait reconnaitre la plus value du travail d’infirmière professionnelle pendant la guerre de Crimée [23] [29].

L’avance allemande

Au moment où le conflit éclate, Léopold Melis, Inspecteur-Général du Service de Santé, ressent une vive inquiétude et appelle à l’aide quelques collègues, notamment les docteurs Antoine Depage et Charles Willems. Tous deux ont acquis de l’expérience pendant les guerres des Balkans. Le docteur Depage est nommé membre du comité médical de la Croix Rouge. En quelques jours des ambulances privées sont établies dans des hôpitaux, des écoles et même dans une aile du palais. A Liège et Namur aussi des initiatives similaires sont prises. Avec l’avancée allemande, il s’avère très vite que les hôpitaux ne peuvent pas répondre à l’afflux. En outre, lorsque les forts autour de Liège et Namur tombent, ces hôpitaux doivent capituler l’un après l’autre.

Lorsque l’armée belge doit finalement se retirer derrière la ceinture de forts d’Anvers –estimée imprenable- même le Zoo d’Anvers sera aménagé en ambulance [23]. Mais Anvers aussi tombe et les trains sanitaires partent, suivis par l’armée de campagne, avec les blessés en direction d’Ostende. D’Ostende les blessés prennent le train en direction de Dunkerque et Calais et par bateau celle de l’Angleterre. L’armée de campagne se retire derrière l’Yser où le front est bloqué après l’inondation du 30 octobre. Seule une petite ambulance britannique subsiste dans le collège épiscopal de Furnes - le Belgian Field Hospital, assistée par le docteur Hector Munro’s Ambulance Corps. Il n’y a, fin octobre 1914, plus aucune infrastructure disponible pour accueillir et soigner des blessés et des malades [14].

Organisation du service de santé de l’armée belge après octobre 1914

Le roi, qui avait à ce moment là son quartier général à la mairie de Furnes, demande l’avis du docteur Depage. Il propose au roi Albert d’établir un hôpital de la Croix Rouge pouvant servir comme exemple pour le service de santé de l’armée. Cependant, il ne veut pas gérer un hôpital militaire car il ne veut pas être lié par la hiérarchie et la bureaucratie militaire. Il obtient ce qu’il veut. L’hôpital du docteur Depage est installé sous le drapeau de la Croix Rouge à la Panne dans l’ancien hôtel l’Océan. Fin décembre, les premiers patients y sont déjà accueillis et après quelques mois, sa capacité atteint les 1200 lits. En 1917, il est question que les Britanniques reprennent le secteur La Panne et un nouvel hôpital pour la Croix Rouge est établi à Vinkem. Finalement, le plan ne se réalise pas et il reste donc deux hôpitaux de la Croix Rouge dirigés par Depage. D’ailleurs, Vinkem aussi devient un hôpital modèle [15] [23].

Maintenant ces hôpitaux n’existent plus, mais à La Panne deux plaques commémoratives rappellent l’Océan. L’une est dédiée au Dr Depage et l’Océan et l’autre à la Reine Elisabeth et l’Océan. A Vinkem, se trouve une pierre commémorative qui réfère à la période où l’Océan avait une implantation là aussi [26]. Dans la ferme à proximité ‘De Torreelen’, restait le Dr Depage et les tours de la ferme fortifiée étaient utilisées comme réservoir d’eau pour l’hôpital. Tout près, se trouve aussi un monument commémoratif, sous la forme d’une petite pierre tombale rendant hommage à un héros, Joe Englisch, mort d’une appendicite à Vinkem.

De plus il est décidé à l’initiative de l’Inspecteur-Général Mélis d’établir un hôpital militaire au domaine Cabourg à Adinkerke. La gérance de celui-ci est confiée au docteur Derache. La capacité de cet hôpital est de 500 lits. Le Dr Derache est un bon chef qui sait combiner sa compétence médicale avec son charisme. En 1917, Cabourg ‘chirurgie’ déménage à Beveren sur l’Yser. Cependant, il reste un hôpital général à Cabourg, sous la direction de professeur Nolf, connu entre autres pour son traitement des patients affectés par les attaques de gaz. L’hôpital militaire à Beveren est aussi très progressiste et est même appelé par le Roi Albert un miracle militaire [4] [15] [23]. L’hôpital Cabourg n’existe plus et de Beveren, il n’y a plus aucune trace conservée.

En plus de ces deux hôpitaux, trois avant-postes chirurgicaux plus près du front, sont équipés, suivant les conseils du docteur Derache. Il s’avère qu’il est très important d’opérer le plus vite possible des blessés avec des blessures abdominales ou des hémorragies internes. Trois pierres commémorent le souvenir des avant-postes d’Abelenhof, Groigne et Sint-Jansmolen.

Selon le VIOE, l’avant-poste d’Abelen appartenait à Hoogstade, l’avant-poste de Sint-Jansmolen à l’Océan et l’avant-poste de Groigne à Beveren [26] (note de la rédaction : des sources plus anciennes lient le Abelenhof à Beveren et Groigne à Hoogstade). Près du front, il se trouve bien sûr encore des postes de premiers secours au niveau du bataillon et du régiment où les premiers soins sont administrés. Les blessés graves partent de ces postes d’aide vers l’avant-poste chirurgical et puis alors, vers les hôpitaux militaires ou les hôpitaux Croix Rouge. Après leur traitement là-bas, les blessés partent en direction de ‘la France’ si une période de revalidation plus longue est nécessaire. Les blessés légers partent du poste d’aide vers une infirmerie pour récupérer avant de retourner au front [29].

A partir de 1915, à Hoogstade, la maison de repos Clep est transformée en hôpital militaire. Le Belgian Field Hospital, situé dans le collège épiscopal de Furnes, devait en effet déménager suite aux bombardements intenses à Furnes. Ce qui était un hôpital britannique devient, en 1916, un hôpital militaire belge. Le Dr. Charles Willems, qui avait acquis de l’expérience pendant les guerres du Balkan, en prend la gérance [15] [23]. A Hoogstade, le bâtiment original qui était l’hôpital existe toujours. Il est devenu maintenant la maison de repos Clep. Sur la façade deux plaques commémoratives rappellent la période du Belgian Field Hospital et du docteur Willems [26].

Marie Curie en ‘Flanders Fields’

Ci-dessus, nous avons décrit qu’après le repli de l’armée derrière l’Yser, le service de santé se retrouvait quasi sans matériel. Le matériel médical du ‘Belgian Field Hospital’ britannique est également perdu lors de la retraite d’Anvers. Il faudra un certain temps avant que le nécessaire puisse être rapporté de Grande-Bretagne [14].

Le Dr Frans Daels, médecin de régiment au front de l’Yser et comme beaucoup d’autres pendant ces semaines trépidantes après l’inondation, est désespérément à la recherche de matériel médical. Avant la guerre, il était professeur de gynécologie et il avait eu des contacts avec Marie Curie pour discuter du traitement du cancer du col avec la Thérapie Curie. Il lui écrit et la met au courant de la tragédie qui se déroule derrière l’Yser, à l’hôpital de Furnes. A ce moment, Diksmuide est déjà aux mains des Allemands et Nieuport est ligne de front. Les blessures sont terribles car les tranchées primitives et installées hâtivement, ne protègent pas suffisamment des bombardements de l’ennemi qui se trouve très près [14] [20].

Décembre 1914: Furnes et Poperinge

Marie Curie n’hésite pas et, le 6 décembre, elle se rend avec sa voiture ‘E’ à Furnes et y reste une semaine. Elle y loge avec sa fille Irène, à l’hôtel ‘De Nobele Rose’. A Furnes, une plaque commémorative rappelle ‘De Nobele Rose’ et son séjour là-bas [26]. Le bâtiment ‘De Nobele Rose’ est maintenant propriété privée.

Vandeleene écrit à ce propos dans son livre ‘A la Grande Guerre’:

‘ Frans Daels lui-même n’avait jamais pensé qu’elle allait venir personnellement à Furnes. (…) le fait qu’une savante connue dans le monde entier, lui venait en aide pour soigner des centaines de blessés jour et nuit, l’a impressionné énormément’ [14].

Immédiatement après son arrivée, elle installe l’appareil RX dans le collège épiscopal et se met au travail. En moins d’une demi-heure, le premier patient peut être examiné. Le chirurgien responsable, le Dr Henry Souttaer écrit à ce propos :

‘Un de nos visiteurs le plus distingué et le plus bienvenu était Madame Curie, le découvreur du radium. Elle rapportait son matériel rayons-X à Furnes et nous l’avons persuadée de rester une semaine avec nous. (…) Madame Curie est un travailleur infatigable et en très peu de temps elle, avait pris des radiographies de tous les cas que nous pouvions lui présenter. [24]


De droite à gauche : Marie Curie, Irène Curie et le Dr Souttaer à Furnes

Dans une lettre adressée au directeur du Service de Santé français Marie Curie écrit le 13 décembre le texte suivant concernant son séjour à Furnes :

‘A la fin du mois de novembre, j ‘ai reçu une demande du Grand Quartier Général Belge pour me rendre à Dunkerque et à Furnes pour examiner ce qui pourrait être fait pour le service radiologiques de l ‘armée Belge. J ‘ai pensé qu’il était mon devoir de me rendre à cet appel et je me suis rendue a Furnes avec une voiture radiologique dont le matériel m’appartient entièrement et avec laquelle j’ai déjà travaillé en divers endroits. (...) A Furnes, j ‘ai fait les examens radiologiques dans le but de rendre quelques services dans la mesure du possible. Le Roi et La Reine des Belges m’ont tous les deux exprimé leur désir de me voir continuer mes efforts dans cette situation. ‘ [15]

Pendant son séjour à Furnes, elle visite aussi pour la première fois Poperinge, à ce moment-là encore secteur français, où le médecin responsable, le Dr Pouy, lui demande s’il est possible d’obtenir un appareil –RX également à l Hôpital d’évacuation n° 15.

Dans son journal, il écrit le 9 décembre 1914 :

‘Visite de Madame Curie qui vient s‘enquêter de l‘utilité qu’il pourrait y avoir à faire bénéficier d’une installation radiographique ambulante dans la formation sanitaire à Poperinghe. Nous lui adressons nos respectueux remerciements et lui déclarons qu’il n’y avait qu’avantage à mettre à notre disposition une semblable installation. ‘ [31]

Janvier 1915 : Poperinge

Après Furnes Marie Curie visite une deuxième fois Poperinge et y met sa voiture n°1 à disposition de l’Hôpital d’évacuation n°15. Dans l’aperçu de Marie Curie, nous lisons qu’elle ramène sa voiture à Poperinge accompagnée par Jean Perrin (note de la rédaction : Jean Perrin était un de ses collègues directes à la Sorbonne) et le technicien Henri Pillart.

Le Dr Pouy écrit dans son journal le 23 janvier :

‘Madame Curie et Monsieur le Lt. Perrin professeur de physique et de chimie à la Sorbonne viennent installer dans nôtre hôpital un laboratoire de radiographie‘ [31]

Le 24 janvier Marie écrit dans une lettre à sa fille Irène :

‘Après diverses péripéties, nous sommes arrivés ici, mais nous ne pouvons faire l’essai de travail qu’après avoir fait ici des modifications à l’hôpital. On veut construire un abri pour la voiture et une cloison pour former la salle de radiologie dans une grande salle de maladies. Tout cela retarde le travail, mais il est difficile de faire autrement. A Dunkerque, des avions allemands ont laissé tomber des bombes qui ont tué quelques personnes, mais la population n’ est guère effrayée. A Poperinghe aussi des accidents arrivent, mais moins souvent. On entend le canon gronder presque constamment. Nous avons été reçus à l’hôpital avec une cordialité extrême, j ‘ai une bonne chambre et on me fait du feu dans un poêle à coté. Je suis mieux qu‘à Furnes, je mangerai à l ‘hôpital. [16].

A ce moment-là, l’hôpital est encore implanté dans le Collège Stanislas d’alors, à hauteur du Burgemeester Bertenplein [12]. La partie II de l’édition d’archives du collège mentionne : ‘Poperinge se retrouvait à l’origine dans le secteur français. Bientôt le collège devait être mis à disposition de l’ambulance française. Dans cette période la physicienne, madame Marie Curie, visitait trois fois l’hôpital provisoire (janvier, février et mars 1915)’ [12].


Marie Curie avec, à l’arrière-plan un véhicule radiologique dans un abri

Février 1915 : Poperinge

Selon le journal du docteur Pouy, l’hôpital recevait le 6 février, un don de 25 lits, la literie nécessaire comprise, grâce à l’intervention de Marie Curie auprès du Patronage National des Blessés. Dans le livre ‘Albert et Elisabeth 1914-1918’ la présence de Marie Curie le 13 février à Poperinge, où elle installait un labo pour la recherche et le traitement du typhus, est mentionnée [10]. Ceci n’est pas improbable vu que Marie Curie avait des liens étroits avec l’Institut Pasteur, qui garantissait le diagnostique et le traitement de cette maladie contagieuse. Dans le journal du docteur Pouy, cependant, nous ne retrouvons rien à cette date. Le labo de l’Institut Pasteur n’avait probablement pas de lien formel avec l’hôpital d’évacuation n°15.

Le 27 et le 28 février Marie Curie est de retour à Poperinge ; cette fois-ci elle vient en train, pour vérifier si l’équipement de la ‘petite Curie n°1’ fonctionne bien [16].

Le Dr Pouy écrit :

‘Arrivée de madame Curie qui vient se rendre compte du fonctionnement de la voiture radiographique.’ [31]

Mars 1915 : Poperinge et Adinkerke

En Mars 1915, Marie Curie visite encore une fois l’Hôpital d’évacuation n°15 à Poperinge. Son aperçu mentionne le voyage à Poperinge avec voiture ‘E’ accompagnée par Henri Pillart. Le but est d’examiner des patients. Mais pourquoi aller avec voiture ‘E’ alors qu’il y a un véhicule radiologique sur place, la voiture n°1? Nous lisons la réponse dans le journal du docteur Pouy :

‘Visite au laboratoire de radiographie de Madame Curie. Après mise en marche de l’appareil, il est décidé que le moteur de la voiture n° 1 sera entièrement à revoir. Madame Curie pense que le meilleur moyen de faire toutes réparations utiles serait d’envoyer la voiture elle-même à Paris pour examiner les divers organes ‘. [31]

Ce fut la dernière visite de Marie Curie à l’Hôpital d’évacuation n°15 à Poperinge. En juin 1915, en effet, le secteur Poperinge passe finalement dans les mains de Britanniques [19]. C’est ainsi qu’on y trouve des tombes françaises à coté des tombes britanniques, sur Poperinge New Military Cemetery et Lyssenthoek Military Cemetery.

Après sa visite à Poperinge, elle se rend à Adinkerke avec la voiture ‘E’ afin d’examiner des patients là-bas. Cependant, il n’y a pas de trace de lieu où ces examens ont eu lieu exactement. L’hôpital Cabourg n’ouvrit ses portes que fin avril donc les examens n’ont pas su avoir lieu là bas. Peut-être des patients étaient-ils examinés à Adinkerke puis étaient transférés vers un des hôpitaux belges en France. C’était d’ailleurs l’habitude de transférer des patients qui avaient besoin d’un plus long rétablissement vers des hôpitaux plus sûrs en France. Nous comptons plus que 130 de ces hôpitaux belges en France. Plus tard, Marie Curie donnera une unité radiologique fixe à l’hôpital de Cabourg [4] [15] [20].

Août 1915 : La Panne et Hoogstade

En août, Marie Curie visite, comme experte-radiologue, l’hôpital l’Océan à La Panne et apporte aussi la voiture n°10 à Hoogstade. Là, elle effectue elle-même 37 examens radiologiques. A l’Océan, fonctionnait déjà un département radiologique dirigé par le Dr Henrard [16] [20].

Dans la permission de pouvoir accéder au cantonnement belge, délivrée le 17 août 1915 par le quartier général de l’armée belge dirigé par le Roi Albert, nous lisons :

‘J’ai l’honneur de porter à la connaissance des autorités militaires alliées que j’autorise Madame Curie et Monsieur Henri Pillart habitant la France à se rendre à Hoogstade et De Panne pour mission en Belgian Field Hospital et à l’Océan.’ [32]

September 1915 : Hoogstade

En septembre Marie et Irène Curie viennent en train à Hoogstade afin d’y réaliser des examen-RX avec la voiture n°10. Elles en effectueront 25. Elles y reçoivent la visite du Roi Albert et de la Reine Elisabeth. Par la suite, Irène reste à Hoogstade pour enseigner au personnel. Les docteurs-radiologues ont cependant du mal avec cette infirmière de 17 ans qui leur dit comment il faut faire. Irène, de son coté, a du mal avec ses collègues-docteurs qui ‘sont des ennemis des principes les plus élémentaires de la géométrie’ [6]. A un moment, elle est appelée à l’aide par Cabourg, mais elle n’aime pas quitter son poste à Hoogstade car elle n’a pas confiance en ses collègues-docteurs belges. Le 13 septembre, elle écrit à Marie :

‘Je n ‘ai pas osé proposer que le médecin belge assure seul le service ici parce que je crois qu’il pourrait très bien démolir les choses, même en quelques jours seulement. J ‘ai donc demandé qu’on nous envoie ceux des blessés de Cabourg qui seraient transportables‘.

La réponse de Marie suit, 3 jours plus tard :

‘J ‘ai reçu ta lettre du 13 et suis enchantée que tu aies passé un jour de fête sans tristesse (le 13 septembre c’est l’anniversaire d‘ Irène). Je vois que tu te tire bien d’affaires et cela me fait plaisir. (…) Vous auriez bien fait d ‘aller à Cabourg il me semble, car ce service est bien mauvais (…)! ‘

Fin septembre Irène fait savoir à Marie que le docteur Willems a besoin du matériel afin de dédupliquer le service radiologique. Elle présume qu’il craint une attaque de l’ennemi. Entre temps, il y a des bonnes nouvelles de Cabourg:

‘A Cabourg, ils ont une nouvelle installation à présent, et elle marche très bien à ce que dit le médecin radiographe de la Panne. Je ne crois pas qu’on doive s’en inquiéter pour l’instant‘ [16]


Marie Curie en conversation avec le Roi Albert à Hoogstade

Octobre 1915 : Hoogstade

Irène reste à Hoogstade jusqu’en octobre 1915. Dans ses lettres à Marie, Irène lui explique qu’il y a des problèmes techniques mais qu’elle a su les résoudre. En outre, Marie Curie fait en sorte que le docteur Willems reçoive le matériel nécessaire pour dédupliquer l’appareil. Le 2 octobre, elle écrit à Irène qu’elle va rapporter le matériel nécessaire la prochaine fois qu’elle ira faire une installation à Calais [16].

Tout près de l’hôpital, se trouve un cimetière militaire belge pour les patients de l’hôpital qui malheureusement n’ont pas survécu à leurs blessures, une réalité triste dans chaque hôpital. En plus des pierres tombales officielles belges conçues par l’architecte bruxellois Simons, on y trouve aussi 6 pierres tombales, d’après le modèle de Joe English, rendant hommage à un héros [26].


Marie et Irène Curie à Hoogstade

Le bilan

A l’automne 1915 Marie Curie cesse ses activités dans la campagne flamande. Au total, elle a visité, dans la période de décembre 1914 jusqu'à octobre 1915, pas moins de onze fois ‘la brave petite Belgique’. Le Belgian Field Hospital à Furnes (1 visite) et à Hoogstade (3 visites), Poperinge (5 visites), Adinkerke (1 visite) et l’Océan à La Panne (1 visite): ils ont tous pu compter sur son engagement. Sur les 30 visites qu’elle a rendues à la ligne de front occidentale, cela constitue une visite sur trois.

Des vingt ‘petite Curies’ qui, grâce à elle, ont traversé le front occidental, nous en retrouvons 3 dans le Westhoek, la voiture avec la lettre d’inscription ‘E’ avec laquelle elle volait au secours de Furnes, la voiture n° 1 qui restait à Poperinge et la voiture n° 10 pour Hoogstade, cela fait un peu plus qu’un sur sept.

Mais ce sont seulement les chiffres. Ils ne nous disent pas comment ces expériences de guerre ont été vécues par Marie Curie elle-même et par ses patients.

Sa fille Eve Curie écrit à ce sujet :

‘Des dames élégantes mesurent avec un coup d’œil cette dame aux cheveux gris habillée simple qui oublie de mentionner son nom et la traitent souvent comme une subordonnée. Ces erreurs l’amusent. Lorsqu’un tel orgueil l’agace alors elle soulage son esprit en racontant d’une infirmière et un soldat qui étaient ses assistants silencieux et persistants à l’hôpital de Hoogstade : le Roi Albert et la Reine Elizabeth de Belgique. Madame Curie qui peut être tant de fois froid et à distance, est très affectueuse pour les blessés. Les fermiers et les ouvriers ont parfois peur des appareils-röntgen et demandent si l’examen fera mal. Elle les met à l’aise, tu va voir, ce n’est ni plus que comme si on te prend en photo. Elle a des qualités qui sont agréables pour eux: une belle voix, des mains rapides, beaucoup de patience et un respect immense pour la vie humaine. Pour sauver un homme, pour lui sauver de la souffrance ou une amputation, une mutilation, elle est prête d’aller jusqu’au bout. Elle n’abandonne pas un cas avant que toutes les chances sont épuisées’ [1].

Dans un moment rare de franchise, il échappa ceci à Marie Curie:

‘Je n’ai jamais pu oublier la terrible impression produite par toute cette destruction de la vie humaine et de la santé. Pour haïr l’idée même de la guerre, il devrait suffir de voir une fois ce que j ‘ai vu si souvent pendant toutes ces années: des hommes et des garçons apportés jusqu’à l‘ambulance à l’intérieur des lignes, dans un mélange de boue et de sang, beaucoup mourant de leurs blessures et beaucoup d ‘autres se rétablissant, mais lentement, péniblement, après des mois de souffrances‘ [9]

Conclusion

Marie Curie était une dame intelligente et forte qui disposait du don d’unir la théorie et la pratique. Elle vivait à une époque où la croyance en la science était très forte. Mais elle vivait aussi à une époque où la position de la femme était encore toujours inférieure à celle de l’homme. C’est pour cela qu’il est si particulier que les mots ‘première dame’ et ‘dame unique’ soient une constante récurrente dans sa vie. Premier lauréat féminin du prix Nobel, unique double gagnant féminin du prix Nobel, premier professeur féminin à la Sorbonne, unique dame à l’Académie de Médecine, unique dame au ‘Conseil de Physique’ auprès de Ernest Solvay.

Elle avait une idée très personnelle des découvertes scientifiques. Lorsqu’on lui conseillait de déposer un brevet sur le radium pour obtenir de la richesse, elle répondait:

‘Le radium ne doit rendre riche personne. C’est un élément. Il appartient à l’humanité tout entière [1].

Marie Curie disposait d’un réseau social très important. En Belgique, elle se sentait comme chez elle à La Cour et entretenait des relations amicales avec Albert et Elizabeth. Elle était à l’aise dans les milieux scientifiques et industriels les plus hauts : pensons seulement à l’industriel Ernest Solvay et à la Direction des mines de Katanga. Elle connaissait le monde médical des docteur Daels, Depage, et Derache. En France, son pays adoptif, elle entretenait des relations avec les instances scientifiques et politiques les plus hautes. Elle ne se laissait pas impressionner par la hiérarchie militaire et la bureaucratie et allait jusqu’au plus haut niveau pour parvenir à ses fins.

Ce mélange unique de caractéristiques personnelles l’a menée à cette prestation extraordinaire quoique trop peu connue, dont ‘la brave petite Belgique’ aussi a su bénéficier. Une grande modestie caractérise en effet cette femme extraordinaire qui a sauvé tant des vies. C’est pourquoi nous concluons ce travail avec deux citations de personnes de son entourage intime :

‘Marie Curie est de tous les gens célèbres dans le

monde, la seule qui n’est pas pourrie par la célébrité’

(Albert Einstein).

‘Elle souffrait du personnage que le monde voulait voir

en elle, si forte et intouchable était sa nature qu’elle

restait incapable jusqu’à la fin de se prendre un air qui

allait avec la célébrité, elle n’a jamais compris l’art

d’être célèbre’ (Eve Curie)

Bibliographie

Livres

1. CURIE, E., Madame Curie, haar leven en werk, elfde druk, H. P. Leopold ‘s Uitgevers-Maatschappij N.V., Den Haag, 405p.

2. CURIE, M., La Radiologie et la Guerre, Librairie Félix Alcan, Paris, 1921, 143p.

3. DEPOORTERE, C., COSSEY, S., en TILLIE, W., De oorlog achter het front, Uitgave van de Kring voor Heemkunde ‘Aan de Schreve ‘, 1999, 207p.

4. DESIERE, N., Cabour, De Panne-Adinkerke, 2005, 192p.

5. DE WEERDT, D., De vrouwen van de eerste wereldoorlog, Stichting Mens en Kultuur, Gent, 303p.

6. PFLAUM, R., Marie Curie and her daughter Irène, Leener Publications Company, Minneapolis, USA, 1983, 144p.

7. QUINN, S., Marie Curie, Editions Odile Jacob, Paris, 1996, 483p.

8. REGAUD, J., Claudius Regaud, Maloine s.a. éditeurs, Paris, 1982, 233P.

9. REID, R., Marie Curie: derrière la légende, Editions du Seuil, traduction française, 1979, 341p.

10. SCHEPENS, L. en VANDEWOUDE, E., Albert & Elisabeth 1914-1918, Gemeentekrediet, 1984, 229p.

11. SCHOETERS, S., De grote oorlog toen en nu: WO I in monumenten en begraafplaatsen, Davidsfonds, Leuven, 2011, 271 p.

12. SCHOONAERTS, G., Evolutie van het Sint-Stanislascollege Poperinge in de 20ste eeuw, Deel II, 1906-2001, Uitgave Archief College Poperinge, 365p.

13. SKLODOWSKA-CURIE, M., Esquisse autobiographique, Editions Dom Wydawniczo-Promocyjny GAL, 2006, 155p.

14. VANLEENE, P., Op naar de Grote Oorlog, De Klaproos, Koksijde, 199p.

15. VAN TIGGELEN, R., De eerste Wereldoorlog in België, Radiologie in ‘Trench Coat ‘, Belgian Museum of Radiology, Brussel, 2011, 143p.

16. ZIEGLER, G., Correspondance Marie- Irène Curie (1905-1934), Les éditeurs Français Réunis, Paris, 1974, 348p.

Articles

17. CURIE, M., The story of my life, The Delineator, February, 1922, p.19-20.

18. CURIE, M., The story of my life, The Delineator, March, 1922, p.15 & 90-91.

19. DEPOORTER, C., Militair hospitaal bij Kerkhof Remy (1915-1916), Aan de Schreve, XXX, 3, p. 67-87.

20. MORELLI, A. Marie Curie sur le front belge pendant la première guerre mondiale, in Maria Sklodowska Curie et la Belgique, Université Libre de Bruxelles Brussel, 1990, p.71-78’.

21. WIRTZ-CORDIER, A., Marie Curie et Ernest Solvay, in Maria Sklodowska Curie et la Belgique, Université Libre de Bruxelles, Brussel, 1990, p. 25-36.

Informations de l’internet

22. PASACHOFF, N., Marie Curie and the Science of Radioactivity, Oxford University press, 1996, http://www.aip.org/history/curie/contents.htm 79p.

23. LOODTS, P., Brève histoire du Service de Santé Belge, résumé du site ‘Médecins de la grande guerre ‘, 2000-2005, http://www.1914-1918.be

24. SOUTTAER, H.S., A Surgeon in Belgium, The Project Gutenberg eBook, 2004, http://www.gutenberg.org/files/11086   

25. VAN BERGEN, L., Ziekte, verwonding en hulpverlening in de Eerste Wereldoorlog http://www.wereldoorlog1418.nl/  geneeskunde/hulpverlening/index.htm   

26. Inventaris van het Wereldoorlogerfgoed, http://www.inventaris.vioe.be/  WO1/relicten

 974, 1599, 1594, 994, 1093, 1094, 1469, 1603, 970, 458, 1031, 688, 30982, 866, 865.

27. The official Web Site of the Nobel Prize, http://www.nobelprize.org/

 28. WIELINGA, M., Het ontstaan van het Westelijk Front in het begin van de eerste Wereldoorlog, http://wereldoorlog1418.nl/westelijkfront/index.html

Autres sources

29. BOMMAREZ, L., De Gezondheidsdienst tijdens de Eerste Wereldoorlog, persoonlijke documentatiemap.

30. FEYS, W. en VANDERBEKE, J., De Grote Oorlog in de Kleine Westhoek, cursus War and Remembrance vzw, 2010.

31. Ministère de la Défense et des Anciens Combattants, Musée Service de Santé des Armées, briefwisseling referentie n°91/EVDG/Musée en referentie n°120/EVDG/Musée.

32. Nouvelles Acquisations Françaises, Manuscrits, 18437, Guerre 1914-1918, mr° 300 (Fonds Pierre et Marie Curie)

33. Nouvelles Acquisations Françaises, Manuscrits, 18442 II,nr.° 131.

 

 

 Marie Curie in Flanders Fields


© 2012, Roseline Debaillie

Jagerstraat 8, 8970 Poperinge

Dit werk is het resultaat van vele uren research en redactie. Niets uit dit werk mag dan ook worden gekopieerd, gedupliceerd of gebruikt worden zonder de voorafgaandelijk schriftelijke toestemming van de auteur.

Het fotomateriaal werd ons voor niet-commercieel gebruik ter beschikking gesteld door het documentatiecentrum van het Musée Curie, het Imperial War Museum en het eBook ‘A surgeon in Belgium‘ van H.S. Souttaer.

Dankwoord

Het schrijven van dit werk was een bijzondere ervaring. In het proces van een eerste idee tot een verhaal op papier gaat mijn dank naar de vele personen die mij elk op hun manier hebben bijgestaan.

In de eerste plaats mijn partner en maatje Johan. Voor het gedeelde enthousiasme, voor de leuke brainstormmomenten en voor de interesse in het resultaat van mijn onderzoek.

Mijn bijzondere dank gaat ook uit naar Natalie Pigeart, archivaris bij het Musée Curie. Haar sympathieke onthaal, de ontspannen sfeer in het documentatiecentrum en de behulpzaamheid bij mijn research zullen me bijblijven.

Ook naar Dominique Garric, archivaris bij de Service Historique de la Défense, gaat mijn oprechte dank. Het was een fijne verrassing om op een dag een stel unieke documenten te mogen vinden in mijn postbus die werden opgestuurd na een simpele vraagstelling per telefoon.

Klasgenoot Luc Bommarez heeft mij goed op weg geholpen om inzicht te krijgen in de organisatie van de gezondheidsdienst van het leger tijdens WO1 door mij zijn persoonlijke documentatie ter beschikking te stellen, waarvoor dank.

Het was voor mij als leek een overweldigende ervaring om in de prachtige ovalen zaal van de ‘Bibliothèque Nationale de France‘ de persoonlijke manuscripten van Marie Curie te mogen gaan inzien. Dank aan alle behulpzame medewerkers aldaar.

Een oprecht dankwoord ook voor mijn mentor Ivan Vandekerkhove, diensthoofd toerisme van de stad Poperinge voor zijn kritische nalezing van dit werk en de nuttige tips.

Voor de toelating om mijn praktijkproef gidsen te mogen geven in de Nobele Rose te Veurne een dankwoord aan Dr. Dumoulin en zijn sympathieke echtgenote.

En tenslotte ook vele woorden van dank voor mijn ‘oorlogsvriendjes‘ van de vzw War and Remembrance. Zonder hun inspirerende voorbeeld was ik er immers nooit toe gekomen om de gidsenopleiding te volgen en had ik dus ook nooit dit werk geschreven.

In dit werk zijn verschillende citaten opgenomen, van Marie Curie zelf, van de mensen die met haar samengewerkt hebben en van haar dochters Irène en Eve. Om redenen van authenticiteit werden deze citaten zoveel mogelijk in de originele taal weergegeven.

Een opmerkelijke dame

De jonge jaren

Marie Curie werd als Marya Sklodowska op 7 november 1867 geboren in Warchau (Polen). Ze was de vijfde telg van vader Wladyslaw en moeder Bronislawa. Beide ouders waren leraars en kinderen van verarmde landadel die moesten werken om in hun levensonderhoud te voorzien. Marie groeit op in Polen tijdens de Russische overheersing door tsaar Alexander II. Marie was een zeer intelligent kind, dat van haar vader het talent voor natuurkunde geërfd had. Al vroeg sterft haar zusje Sofie aan tyfus en kort daarna ook haar moeder aan TBC, en Marie verliest haar katholieke geloof. Op 16-jarige leeftijd studeert ze af aan het gymnasium. Ze wordt gouvernante bij rijke families om geld te sparen om in de toekomst samen met haar oudere zus Bronia naar de Parijse universiteit ‘Sorbonne‘ te kunnen gaan. Vrouwen mochten in Polen immers geen universitaire studies doen. In die periode werd door hoogleraren ondergronds wel een ‘vliegende universiteit‘ opgericht waar voor meisjes met ambitie wetenschappelijke lezingen werden gegeven in privéwoningen. Marie was hier een graag geziene studente [1] [22].

Naar Parijs !

Op 24-jarige leeftijd kan Marie dan eindelijk haar zus Bronia volgen naar Parijs en vat ze studies aan in scheikunde en fysica waar ze met glans in slaagt. Een jaar later behaalt ze ook haar diploma in wiskunde. Ze is dan 26 jaar. Via een gemeenschappelijke kennis leert ze Pierre Curie kennen, een vrijgezel van 35 jaar uit een doktersfamilie die onderzoekswerk doet naar magnetisme. Twee jaar later huwen ze. Het is een sobere plechtigheid en de huwelijksreis gebeurt per fiets. Marie werkt overdag in het labo van Pierre en studeert ‘s avonds voor haar leraarsdiploma dat ze het jaar erop behaald. Ondertussen krijgt het echtpaar Curie een opdracht van de industrie om de magnetische eigenschappen van metalen te bestuderen. Het ‘labo‘ dat ze ter beschikking krijgen is een vochtige loods zonder verwarming of comfort. Financieel heeft het paar het niet breed. Naast het werk in het labo moeten ze lesgeven in bijberoep om rond te komen. Op 30-jarige leeftijd wordt hun dochter Irène geboren. Marie denkt er op dat moment ook al aan om te doctoreren. Ze wil de werking van mineralen bestuderen in navolging van het onderzoek van Henri Becquerel die de stof uranium bestudeerde en ontdekte dat deze stralen van onbekende oorsprong uitzond. Dit verschijnsel zou later door het echtpaar Curie de naam ‘radioactiviteit’ krijgen. Samen ontdekken ze twee radioactieve stoffen: polonium en radium[1] [13] [22].

Twee Nobelprijzen

In 1903 is Marie Curie doctor in de fysica “cum laude” met haar onderzoek van radioactieve stoffen. Samen met Henri Becquerel wint het echtpaar Curie de Nobelprijs voor de fysica voor hun gezamelijke ontdekkingen in verband met straling of radioactiviteit. Marie is de eerste vrouw die deze eer te beurt valt. Vanaf dan worden hun werkomstandigheden beter: een fabriek waar radium voor medische toepassingen wordt geproduceerd stelt hen een fatsoenlijk labo ter beschikking en Pierre krijgt een leerstoel fysica aan de Sorbonne aangeboden. In dat jaar wordt ook hun dochtertje Eve geboren, maar kort daarop slaat het noodlot toe, Pierre verongelukt en Marie is ontroostbaar. Uit erkentelijkheid voor het belangrijke werk van het paar krijgt Marie de leerstoel van Pierre aan de Sorbonne en wordt ze de eerste vrouwelijke professor. Na enkele eenzame en moeilijke jaren krijgt Marie haar leven terug op rails en kort daarna komt er weer liefde in haar leven in de figuur van Paul Langevin, één van de vroegere pupillen van Pierre en nu een collega van Marie in het labo. Deze relatie is een enorm schandaal in Frankrijk want Paul Langevin is een gehuwde man met vier kinderen. De roddelpers is niet mals voor Marie. Ze is weer ‘une étrangère’ en ze ontvlucht volledig het publieke leven. Desondanks wordt ze datzelfde jaar voor de tweede keer Nobelprijswinnaar, dit keer in de chemie voor haar scheikundige werk dat als doel had zuiver radium af te scheiden uit radiumzouten. In de geschiedenis van de Nobelprijzen is dit een absoluut unicum, een dubbele vrouwelijke Nobelprijswinnaar ! Maar er zijn kapers op de kust. De directeur van het wereldberoemde Institut Pasteur wil Marie Curie graag binnenhalen en biedt haar een eigen labo aan. Dat is echter buiten vice-rector Liard van de Sorbonne gerekend die ‘zijn‘ dubbele Nobelprijswinnares niet graag ziet vertrekken. De twee mannen komen tot een compromise : ze investeren elk voor de helft in een nieuw op te richten ‘Radium-Instituut‘ dat twee afdelingen zal omvatten: het labo van Marie Curie, dat verder het fenomeen van de radioactiviteit zal bestuderen en het labo van dokter Claude Regaud die zich zal toeleggen op de behandeling van kanker met radium. [1] [13] [17] [22] [27].

De eerste wereldoorlog

Maar dan breekt de oorlog uit. Op 1 augustus wordt de mobilisatie afgekondigd en stuurt Frankrijk zijn mannen naar het front. Op 3 augustus verklaart Duitsland aan Frankrijk de oorlog. Het labo van Marie loopt leeg, ze blijft achter met haar mecanicien Louis Ragot die niet opgeroepen wordt omwille van een hartaandoening. Veel Franse vrouwen willen zich inzetten voor de verzorging van gekwetsten en worden verpleegster. Marie Curie kiest er echter voor haar wetenschappelijke en technische kennis ten dienste stellen van haar adoptieland. Marie laat haar onderzoekswerk in het labo voor wat het is en maakt gedurende vier jaar een zijsprong in haar carrière. Ze beseft dat er veel slachtoffers zullen vallen en dat de medische dienst van het Franse leger onvoldoende uitgerust is om al deze gewonden fatsoenlijk te onderzoeken en nadien een aangepaste verzorging te geven. Marie is thuis in de medische wereld via haar zus Bronia, haar schoonbroer Casimir en Eugène Curie, de vader van Pierre, allen artsen. Ze is op de hoogte van de gevaren van schotwonden, shrapnels en ingewikkelde breuken en ze kent ook de techniek van röntgen die ze doceert aan de Sorbonne. Het is haar duidelijk waar ze zich nuttig kan maken: ze kiest ervoor om een radiologische dienst op te zetten ten behoeve van de militaire hospitalen. Het Franse leger beschikt immers nauwelijks over radiologie, en ook in de burgerlijke ziekenhuizen is weinig apparatuur voorhanden. Enkel de grootste ziekenhuizen in de grootsteden beschikken over een toestel en er is maar één mobiel toestel. [9] [13] [18]

Als eerste stap verzamelt Marie alle RX-toestellen die ze kan vinden bij laboratoria en producenten. Vanaf september 1914 richt ze verschillende radiologie-eenheden in in ziekenhuizen waarvoor ze ook het personeel opleidt. Het Ministerie van Oorlog belastte haar 10 dagen na het uitbreken van de gevechten immers met het opleiden van de technologen die de toestellen moesten bedienen. Deze radiologie-eenheden bewijzen hun nut tijdens de slag aan de Marne. Ze ontdekt echter dat er ook een grote nood is aan mobiele RX-wagens. Sommige patiënten kunnen immers niet vervoerd worden naar een hospitaal omdat het te ver ligt of ze te erg gewond zijn. En zo rijpt het idee om mobiele RX-wagens te gaan inrichten. Het leger staat aanvankelijk heel weigerachtig tegenover een leek zonder militaire graad, een vrouw dan nog wel, die tot bij de frontlinies wou gaan met een RX-wagen om patiënten te onderzoeken en instructies te geven aan het militair-medisch personeel. Ze vindt echter partners in de Patronage National des Blessés, het Franse Rode Kruis, de Union des Femmes de France en enkele milde weldoeners. De eerste twee mobiele RX-wagens, ‘les petites Curies n° 1 en n° 2’ zijn snel een feit en de Patronage National des Blessés benoemd haar tot ‘directeur technique de la radiologie‘. Om met de wagens tot bij het front te geraken moet ze opboksen tegen de militaire bureaucratie en wordt ze van bureau naar bureau gestuurd, steeds hoger in de militaire hiërarchie. De hoogste in rang bij de gezondheidsdienst van het Franse leger beslist uiteindelijk dat enkel de Minister van Oorlog hierover kan beslissen, de jurist Alexandre Millerand. Maar het toeval wil nu dat Alexandre Millerand de advocaat was die de belangen van Marie Curie verdedigde tijdens de affaire Langevin. En hij belooft haar generaal Joffre, de opperbevelhebber in de frontzone, te vragen om haar verzoek met de nodige spoed en interesse te behandelen. Op 1 november kan Marie Curie uiteindelijk vertrekken naar het hospitaal van Creil, amper 30 km achter de frontlinie van Compiègne. Dankzij de belangrijke financiële steun van de Patronage National des Blessés en van particulieren die hun wagens afstaan slaagt ze erin om nog eens 18 ‘petites Curies’ in te richten. In haar persoonlijke dokumenten vinden we een overzicht van haar bezoeken terug. Maand per maand noteert Marie Curie welke hospitalen in de frontzone of in het hinterland ze bezoekt. In totaal maakt ze melding van een 45-tal reizen om patiënten te onderzoeken, installaties te doen, een ‘petite Curie’ ter plaatste te brengen of materiaal te leveren. Telkens maakt ze ook melding hoe ze zich verplaatst, met haar persoonlijke ‘voiture ‘E’’, met een ‘petite Curie’ die moet geleverd worden of per trein. Ze noteert ook nauwgezet wie haar op deze reizen vergezelt, vaak zijn dit de technici Louis Ragot, Henri Pillart of haar dochter Irène. Van deze 45 bezoeken zijn er 30 aan de frontlinie in Frankrijk en België [32]. Naast de rijdende ‘petites Curies’zorgt ze ook voor de uitrusting en installatie van 200 vaste RX-eenheden [7] [32] .

Ze reist naar Amiens, Verdun, Compiègne, Duinkerke, Calais, Nancy, Abbéville, Boulogne, Reims, Veurne, Poperinge, Hoogstade, De Panne en Adinkerke... [1] [13] [16]. Uiteindelijk ziet ook de gezondheidsdienst van het leger in dat RX-apparatuur noodzakelijk is en op het einde van de oorlog beschikt Frankrijk over meer dan 500 vaste RX-eenheden en meer dan 50 mobiele lichte RX-wagens. Dit betekent dat Marie Curie in haar ééntje instond voor de kleine helft van de vaste en van de lichte mobiele toestellen. In de laatste twee jaar van de oorlog werden zo’n 900.000 patiënten met X-stralen onderzocht [2]. Als we dit voorzichtig extrapoleren tot de hele oorlog mogen we aannemen dat er wellicht zowat 1.200.000 patiënten onderzocht werden. De verliezen (gewond of dood) aan Belgische en Franse zijde bedroegen ongeveer 6 miljoen[30]. Dit betekent dat ongeveer 1 op 6 van hen een RX-onderzoek kreeg: een fenomenaal cijfer als we bedenken dat dit te danken is aan de inzet van één enkele vrouw.


Marie Curie aan het stuur van haar radiologiewagen

Naast het installeren van de RX-apparatuur leidde Marie Curie ook het personeel op. Toen het gebruik van RX-toestellen veralgemeend werd diende zich immers het probleem van goed opgeleide verpleegkundigen aan. In het Radiuminstituut werden door Marie en Irène zowat 180 vrouwen opgeleid tot bekwame radiologieverpleegkundigen [32].

Daarnaast stelt ze ook tijdens de oorlog de Curietherapie ter beschikking van militairen maar ook burgers die lijden aan kanker of aan huidletsels die met radium behandeld kunnen worden. Marie hield nauwgezet gegevens bij van al de behandelde patiënten, identificatiegegevens, aard van het letsel, duur van de behandeling... Deze dienst was enig in zijn soort [32].


Marie Curie (tweede van rechts) geeft les aan radiologieverpleegkundigen

Toppunt van de roem

Na de oorlog werpt Marie Curie zich voluit op de ontwikkeling van het Radiuminstituut. Er volgen jaren waarin Marie Curie de wereld rondreist naar congressen, symposia en wetenschappelijke bijeenkomsten. Amerika, Italië, Polen maar ook België worden bezocht. In België is ze de enige vrouw die deel uitmaakt van Ernest Solvay‘s ‘Raad van Fysica‘ (Conseil de Physique Solvay). Daar zetelt ze samen met geleerden zoals Albert Einstein, Jean Perrin, Henri Poincaré en Max Planck. Na de vergaderingen van deze raad volgt er vaak een diner op het Koninklijk Paleis bij Albert en Elisabeth waar ze sinds de oorlog hartelijke kontakten mee onderhoudt[21]. Via de Belgische Union Minière in Katanga (Congo) krijgt ze vanaf dan kosteloos het erts waaruit het kostbare radium gedistilleerd kan worden[13]. In 1922 wordt ze door de toenmalige Volkerenbond benoemd tot vice-presidente van de Internationale Commissie voor Intellectuele Samenwerking. Baron Henri de Rothschild maakt het mogelijk om in 1928 een Stichting Curie op te richten waarin giften en subsidies terechtkomen die de werking van het Radiuminstituut verder zullen ondersteunen. In Polen gaat in 1932 ook een Radiuminstituut van start waar o.l.v. haar zus Bronia eveneens kankerpatiënten met de Curietherapie worden behandeld. Marie is de enige vrouw die zetelt in de Académie de Médecine tussen 60 mannelijke collega’s [1].


Marie Curie in de « Conseil de Physique Solvay »

Het einde

Uiteindelijk laat haar gezondheid haar echter in de steek: ze is extreem vermoeid door het harde werk en worstelt met vage klachten. Koortsaanvallen en rillingen putten haar uit. Haar dokters spreken nu eens over griep, dan weer over bronchitis maar kunnen haar niet genezen. Ze verzwakt zienderogen en wordt uiteindelijk opgenomen in een sanatorium van Sansellemoz. Haar gestel is uitgeput door een zware bloedarmoede ten gevolge van het jarenlange werk met radioactieve stoffen en op dinsdag 4 juli 1934 sterft ze. Op donderdag 6 juli wordt ze in intieme kring begraven te Seaux en bijgezet in het graf van haar geliefde Pierre. In 1995 worden Pierre en Marie Curie samen bijgezet in het Pantheon te Parijs. Marie Curie is tot op vandaag de enige vrouw die daar op basis van haar verdiensten bijgezet werd [1] [22].

De setting

Radiologie ten tijde van WO1

Wilhelm Conrad Röntgen ontdekte zijn X-stralen in 1895 en al vlug hadden legerartsen uit verschillende landen belangstelling voor de techniek. In 1896 werd een ziekenhuis in Berlijn voor het eerst uitgerust met een radiologietoestel. In de daarop volgende jaren volgden de Fransen, de Britten en ook de Belgen. In verschillende oorlogen werd militair radiologisch materiaal uitgetest o.m. tijdens de Grieks-Turkse oorlogen, de oorlog in Soedan en de Boerenoorlogen in Zuid-Afrika. De eerste toestellen waren erg primitief. Een wagen, getrokken door paarden deed dienst als donkere kamer en de elektriciteit werd geleverd door een persoon op een fiets waarbij er een half uur moet gefietst worden om één opname te maken! Nadien werd gebruik gemaakt van een dynamo aangedreven door een benzinemotor. Bij het uitbreken van de eerste wereldoorlog beschikten beide partijen over militaire radiologietoestellen, hetzij vaste, hetzij mobiele. In België werd de eerste militaire radiologische dienst ingericht in Antwerpen, kort erop volgen Brussel, Gent en Luik [15] .

Organisatie gezondheidsdienst van het Belgische leger augustus 1914

Bij het uitbreken van de oorlog beschikte de gezondheidsdienst van het leger over 2320 militaire hospitaalbedden verdeeld over de garnizoenssteden Luik, Namen, Antwerpen, Gent, Brussel e.a. De Rode Kruishospitalen waren goed voor zowat 1000 bedden. De organisatie van de medische dienst van het veldleger was bij K.B. toevertrouwd aan het Rode Kruis. Tot de taak van het Rode Kruis behoorde de evacuatie en de verzorging van de gewonden en de materiële en personele uitrusting van de medische dienst. Per divisie moest voorzien worden in een ‘ambulance‘ (niet te verwarren met het huidige begrip ziekenwagen!) bestaande uit 20 voertuigen, 7 geneesheren, 2 veldhospitalen, medisch materiaal en het nodige personeel voor de sanitaire treinen. Om dit alles in goede banen te leiden diende de Inspecteur-Generaal van de Gezondheidsdienst de functie van vice-president van het Rode Kruis op te nemen. Op een bepaald moment ging men er echter van uit dat een gepensioneerde generaal even goed die taak kon opnemen. Zo kwam het dat men moest vaststellen dat er op de vooravond van de inval in België noch het nodige materiaal, noch geschikt personeel voorhanden was [15] [23].

Het Belgische leger bestond in 1914 enerzijds uit het vestingsleger in de steden Luik, Namen en Antwerpen en anderzijds het veldleger. Samen amper goed voor 200.000 man[30]. Het veldleger bestond uit 6 divisies en een cavaleriedivisie. Elk van die divisies beschikte over een ambulance met 350 brancardiers. Deze brancardiers waren geestelijken en onderwijzers vrijgesteld van militaire dienst, zonder medische scholing. Ze kregen een korte medisch-militaire cursus in het Centre d’Instruction pour Brancardiers Infirmiers vandaar dat ze CIBISTEN werden genoemd. Naast deze brancardiers was er een groot tekort aan artsen en waren er nauwelijks gediplomeerde verpleegkundigen. De eerste verpleegstersschool in België werd immers pas in 1907 opgericht onder impuls van dokter Depage en zijn echtgenote Marie Picard. De directrice van deze school was de Engelse Edith Cavell. Engeland had immers, sinds Florence Nightingale in de Krimoorlog de meerwaarde van een professionele verpleging had aangetoond, wel goed opgeleide verpleegkundigen [23] [29].

De Duitse opmars

Bij het uitbreken van het conflict voorziet Léopold Melis, Inspecteur-Generaal van de Gezondheidsdienst grote problemen en roept hij de hulp in van enkele collega ‘s, o.a. de dokters Antoine Depage en Charles Willems. Beiden hebben immers ervaring opgedaan in de recente Balkanoorlogen. Dr. Depage wordt aangesteld als lid van het medisch comité van het Rode Kruis. In een tijdspanne van slechts enkele dagen worden private ambulances opgericht in ziekenhuizen, scholen en zelfs in een vleugel van het Koninklijk Paleis. Ook in Luik en Namen worden soortgelijke initiatieven genomen. Bij de opmars van de Duitsers blijkt al heel snel dat die hospitalen de toevloed aan gewonden niet aankunnen. Bovendien moeten deze hospitalen één voor één moeten opgegeven worden wanneer de forten rond Luik en Namen vallen.

Wanneer het Belgische leger zich uiteindelijk moet terugtrekken achter de fortengordel van Antwerpen - die onneembaar wordt geacht - zal zelfs in de zoo van Antwerpen een ambulance ingericht worden [23]. Maar ook Antwerpen valt en de sanitaire treinen vertrekken, gevolgd door het veldleger, met de gewonden richting Oostende. Vanuit Oostende gaan de gewonden per spoor richting Duinkerke en Calais en per boot naar Engeland. Het veldleger trekt zich terug achter de IJzer waar het front na de inundatie vastloopt op 30 oktober. Behalve een kleine Britse ambulance in het bisschoppelijk college van Veurne, het Belgian Field Hospital, bijgestaan door Dr. Hector Munro ‘s Ambulance Corps, is er eind oktober 1914 geen enkele infrastructuur meer beschikbaar om zieken en gekwetsten op te vangen en te verzorgen [14].

Organisatie gezondheidsdienst van het Belgische leger na oktober 1914

De Koning, die op dat moment zijn hoofdkwartier in het stadhuis van Veurne heeft, roept het advies in van dokter Depage. Hij stelt aan Koning Albert voor om een Rode Kruis hospitaal op te richten dat als model kan dienen voor de gezondheidsdienst van het leger. Hij wil echter geen militair hospitaal gaan leiden omdat hij niet wil gebonden zijn door de militaire hiërarchie en bureaucratie. Hij krijgt zijn zin. Het hospitaal van Dr. Depage wordt onder de vlag van het Rode Kruis gevestigd in De Panne in het voormalige hotel l’Océan. Eind december worden de eerste patiënten er al opgevangen en na enkele maanden bedraagt de capaciteit 1200 bedden. In 1917 is er even sprake van dat de Britten de sector De Panne zouden overnemen en wordt in Vinkem een nieuw hospitaal voor het Rode Kruis opgericht. Uiteindelijk gaat dat plan niet door en blijven er dus twee hospitalen van het Rode kruis o.l.v. Depage. Ook Vinkem wordt trouwens een modelhospitaal [15] [23].

Deze hospitalen bestaan nu niet meer maar in De Panne refereren twee gedenkplaten aan l’Océan. De ene is gewijd aan dokter Depage en l’Océan en de andere aan Koningin Elisabeth en l’Océan. In Vinkem is een naamsteen te vinden die verwijst naar de periode dat l’Océan ook daar een vestiging had [26]. In de nabijgelegen hoeve De Torreelen verbleef dokter Depage en de torens van de versterkte hoeve werden als waterreservoir voor het hospitaal gebruikt. Vlakbij bevindt zich ook een gedenkteken in de vorm van een heldenhuldezerkje voor Joe English die overleed aan een blindedarmontsteking in Vinkem.

Daarnaast wordt op initiatief van Inspecteur-Generaal Mélis beslist om in Adinkerke op het domein Cabourg een militair hospitaal op te richten. Daarvan wordt de leiding toevertrouwd aan Dr. Paul Derache. De capaciteit van dit hospitaal is 500 bedden. Dr. Derache is een goede leidinggevende die zijn deskundigheid als chirurg en zijn charisma weet te combineren. In 1917 verhuist Cabourg ‘heelkunde‘ naar Beveren aan de IJzer. In Cabourg blijft evenwel een algemeen hospitaal bestaan onder leiding van professor Nolf, onder meer bekend voor zijn behandeling van patiënten getroffen door gasaanvallen. Het militair hospitaal van Beveren is eveneens zeer vooruitstrevend en wordt door Koning Albert zelfs een militair wonder genoemd [4] [15] [23]. Het hospitaal Cabourg bestaat niet meer en ook van Beveren zijn geen relicten bewaard.

Naast deze twee hospitalen worden op advies van Dr. Derache dichter bij het front drie chirurgische voorposten ingericht. Het blijkt immers zeer belangrijk gekwetsten met buikwonden of inwendige bloedingen zo snel mogelijk te opereren. Drie naamstenen herrinneren nog aan de voorposten Abelenhof, Groigne en Sint-Jansmolen.

Volgens het VIOE hoorde de voorpost Abelenhof bij Hoogstade, de voorpost Sint-Jansmolen bij l ‘Océan en de voorpost Groigne bij Beveren [26] . (n.v.d.r. oudere bronnen linken het Abelenhof aan Beveren en Groigne aan Hoogstade). Vlak bij het front bevinden zich uiteraard nog eerstehulpposten op het niveau van bataljon en regiment waar de eerste zorgen worden toegediend. Zwaar gekwetsten gaan vanuit deze hulpposten door naar de chirurgische voorpost en dan verder naar de militaire of Rode Kruis hospitalen. Na hun behandeling daar vertrekken de gewonden richting Frankrijk indien een langere herstelperiode nodig is. Licht gekwetsten gaan van de hulppost naar een infirmerie om er te herstellen voor ze weer naar het front trekken [29].

In Hoogstade wordt vanaf 1915 het rustoord Clep als militair hospitaal in gebruik genomen. Het in het bisschoppelijk college van Veurne gevestigde Belgian Field Hospital was moest immers verhuizen wegens de zware beschietingen op Veurne. Wat voorheen een Brits hospitaal was wordt in 1916 een Belgisch militair hospitaal. Dr. Charles Willems die ervaring had opgedaan in de Balkanoorlogen neemt hier de leiding [15] [23]. In Hoogstade staat nog steeds het originele gebouw waar het hospitaal was. Het is nu het rustoord Clep. Aan de gevel herinneren twee gedenkplaten aan de periode van het Belgian Field Hospital en Dr. Willems [26].

Marie Curie in ‘Flanders Fields‘

Hierboven beschreven we dat bij de terugtrekking van het leger achter de IJzer de gezondheidsdienst quasi zonder medisch materiaal zit. Ook het medisch materiaal van het Britse ‘Belgian Field Hospital‘ is bij de terugtrekking uit Antwerpen verloren gegaan. Het duurt even voor vanuit Groot-Brittannië het nodige weer kan aangevoerd worden [14].

Dokter Frans Daels is regimentsarts aan het IJzerfront en zoals vele anderen in die hectische weken na de inundatie wanhopig op zoek naar medisch materiaal. Voor de oorlog was hij hoogleraar gynaecologie en had hij contact gehad met Marie Curie om met haar van gedachten te wisselen over de behandeling van baarmoederhalskanker met de Curietherapie. Hij schrijft haar en brengt haar op de hoogte van de tragedie die zich afspeelt achter de IJzer in het hospitaal van Veurne. Op dat ogenblik is Diksmuide al in Duitse handen en is Nieuwpoort frontlinie. De verwondingen zijn verschrikkelijk want de primitieve en inderhaast aangelegde loopgraven bieden onvoldoende bescherming tegen de beschietingen van een vijand die heel dicht zit. [14] [20]

December 1914 : Veurne en Poperinge

Marie Curie aarzelt niet en op 6 december rijdt ze met haar voiture ‘E‘ naar Veurne en verblijft daar een week. Ze logeert er samen met haar dochter Irène in het hotel ‘De Nobele Rose‘. In Veurne herinnert een gedenkplaat aan ‘De Nobele Rose‘ aan haar verblijf daar [26]. Het gebouw ‘De Nobele Rose‘ is momenteel privaat bezit.

Vandeleene schrijft hierover in zijn boek ‘Op naar de Grote Oorlog ‘ :

‘Zelf had Frans Daels nooit vermoed dat zij persoonlijk naar Veurne zou komen. (...) het feit dat een geleerde van wereldformaat hem ter hulp snelde om dag en nacht honderden gewonden te verzorgen heeft een enorme indruk op hem gemaakt‘ [14].

Onmiddellijk na haar aankomst installeert ze het RX-toestel in het bisschoppelijk college en gaat ze aan het werk. Na minder dan een half uur kan de eerste patiënt onderzocht worden. De verantwoordelijke chirurg, dokter Henry Souttaer schrijft hierover:

‘One of our most distinguished and most welcome visitors was Madame Curie, the discoverer of radium. She brought her X-ray equipment to Furnes and we persuaded her to stay with us for a week. (...). Madame Curie was an indefatigable worker and in a very short time had taken radiographs of all the cases which we could place at her disposal.‘[24]


Van rechts naar links : Marie Curie, Irène Curie en Dr. Souttaer in Veurne

In een brief gericht aan de directeur van de Franse Service de Santé schrijft Marie Curie op 13 december over haar verblijf in Veurne het volgende:

‘A la fin du mois de novembre, j ‘ai reçu une demande du Grand Quartier Général Belge pour me rendre à Dunkerque et à Furnes pour examiner ce qui pourrait être fait pour le service radiologiques de l ‘armée Belge. J ‘ai pensé qu’il était mon devoir de me rendre à cet appel et je me suis rendue a Furnes avec une voiture radiologique dont le matériel m’appartient entièrement et avec laquelle j’ai déjà travaillé en divers endroits. (...) A Furnes, j ‘ai fait les examens radiologiques dans le but de rendre quelques services dans la mesure du possible. Le Roi et La Reine des Belges m’ont tous les deux exprimé leur désir de me voir continuer mes efforts dans cette situation. ‘ [15]

Tijdens haar verblijf in Veurne brengt ze ook een eerste bezoek aan Poperinge, toen nog Franse sector, waar de verantwoordelijke arts, dokter Pouy, haar vraagt of ze in het Hôpital d’évacuation n° 15 ook een RX-toestel kunnen krijgen. In zijn dagboek schrijft hij op 9 december 1914:

‘Visite de Madame Curie qui vient s ‘enquêter de l ‘utilité qu’il pourrait y avoir à faire bénéficier d’une installation radiographique ambulante dans la formation sanitaire à Poperinghe. Nous lui adressons nos respectueux remerciements et lui déclarons qu’il n’y avait qu’avantage à mettre à notre disposition une semblable installation. ‘ [31]

Januari 1915 : Poperinge

Na Veurne brengt Marie Curie een tweede bezoek aan Poperinge en stelt daar haar voiture n° 1 ter beschikking aan het Hôpital d’évacuation n° 15. In het overzicht van Marie Curie lezen we dat ze in Poperinge voiture n° 1 komt brengen in het gezelschap van Jean Perrin (n.v.d.r. Jean Perrin was één van haar directe collega’s aan de Sorbonne) en de technieker Henri Pillart.

Dokter Pouy schrijft op 23 januari in zijn dagboek:

‘Madame Curie et Monsieur le Lt. Perrin professeur de physique et de chimie à la Sorbonne viennent installer dans nôtre hôpital un laboratoire de radiographie‘ [31]

Marie schrijft op 24 januari in een brief aan haar dochter Irène:

‘Après diverses péripéties, nous sommes arrivés ici, mais nous ne pouvons faire l’essai de travail qu’après avoir fait ici des modifications à l’hôpital. On veut construire un abri pour la voiture et une cloison pour former la salle de radiologie dans une grande salle de maladies. Tout çela retarde le travail, mais il est diffiçile de faire autrement. A Dunkerque, des avions allemands ont laissé tomber des bombes qui ont tué quelques personnes, mais la population n ‘est guère effrayée. A Poperinghe aussi des accidents arrivent, mais moins souvent. On entend le canon gronder presque constamment. Nous avons été reçus à l’hôpital avec une cordialité extrême, j ‘ai une bonne chambre et on me fait du feu dans une poêle à coté. Je suis mieux qu‘à Furnes, je mangerai à l ‘hôpital. [16].

Het hospitaal is op dat moment nog gevestigd in het toenmalige Sint-Stanislascollege ter hoogte van het Burgemeester Bertenplein[12]. Deel II van de archiefuitgave van het college vermeldt hierover het volgende: ‘Poperinge lag aanvankelijk in de Franse sector. Al spoedig diende het college ter beschikking gesteld te worden van de Franse ambulance. In die periode bracht de natuurkundige, mevrouw Marie Curie, drie bezoeken (januari, februari en maart 1915) aan het voorlopig hospitaal [12].


Marie Curie met op de achtergrond een radiologievoertuig in een schuilhok

Februari 1915 : Poperinge

Op 6 februari ontvangt het hospitaal volgens het dagboek van dokter Pouy een schenking van 25 bedden met het nodig bedlinnen dankzij de tussenkomst van Marie Curie bij de Patronage National des Blessés. In het boek ‘Albert en Elisabeth, 1914-1918‘ is melding van de aanwezigheid van Marie Curie in Poperinge op 13 februari waar ze een labo installeerde voor het onderzoek en de behandeling van tyfus [10]. Onwaarschijnlijk is dit niet aangezien Marie Curie nauwe banden had met het Institut Pasteur, dat instond voor de diagnose en behandeling van deze besmettelijke ziekte. In het dagboek van dokter Pouy vinden we echter niets terug op deze datum. Mogelijks had het labo van het Institut Pasteur geen formele band met het militaire hôpital d’évacuation n° 15.

De 27ste en 28ste februari 1915 is Marie Curie terug in Poperinge, dit keer komt ze per trein, om na te gaan of de apparatuur van de ‘petite Curie n° 1’ goed werkt [16].

Dokter Pouy schrijft :

‘Arrivée de madame Curie qui vient se rendre compte du fonctionnement de la voiture radiographique. [31]

Maart 1915: Poperinge en Adinkerke

In maart 1915 bezoekt Marie Curie nogmaals het Hôpital d’évacuation n° 15 te Poperinge. Haar overzicht maakt melding van de trip naar Poperinge met de voiture ‘E’ in het gezelschap van Henri Pillart. Het doel is patiënten te onderzoeken. Maar waarom gaan met de voiture ‘E’ als er zich ter plaatste een radiologievoertuig is, de voiture n° 1? Het antwoord lezen we in het dagboek van dokter Pouy :

‘Visite au laboratoire de radiographie de Madame Curie. Après mise en marche de l’appareil il est décidé que le moteur de la voiture n° 1 sera entièrement à revoir. Madame Curie pense que le meilleur moyen de faire toutes réparations utiles serait d’envoyer la voiture elle-même à Paris pour examiner les divers organes‘. [31]

Dit was het laatste bezoek van Marie Curie aan het Hôpital d’évacuation n° 15 in Poperinge. In juni 1915 gaat de sector Poperinge immers definitief over van Franse in Britse handen [19]. Zo komt het dat op Poperinge New Military Cemetery en op Lyssenthoek Military Cemetery naast Britse ook Franse graven te vinden zijn.

Na haar bezoek aan Poperinge gaat ze met de voiture ‘E’ naar Adinkerke om daar patiënten te onderzoeken. Er is echter geen duidelijkheid waar deze onderzoeken juist plaatsvonden. Het hospitaal Cabourg in Adinkerke opende pas zijn deuren einde april dus daar kunnen de onderzoeken niet plaats gevonden hebben. Mogelijks zijn in Adinkerke patiënten onderzocht die naar één van de Belgische hospitalen in Frankrijk werden overgebracht. Het was immers de gewoonte om patiënten die een langer herstel behoefden naar veilige hospitalen in Frankrijk over te brengen. We tellen meer dan 130 dergelijke Belgische hospitalen in Frankrijk! Later zal Marie Curie een vaste radiologie-eenheid schenken aan het hospitaal Cabourg [4] [15] [20].

Augustus 1915 : De Panne en Hoogstade

In augustus bezoekt Marie Curie het hospitaal l’Océan in De Panne als radiologie-experte en brengt ook voiture n° 10 naar Hoogstade. Daar voert ze eigenhandig 37 radiologische onderzoeken uit. In l’Océan functioneerde al een radiologieafdeling onder de leiding van dokter Henrard [16] [20].

In de toelating om het Belgische kantonnement te mogen betreden afgeleverd op 17 augustus 1915 door het hoofdkwartier van het Belgische leger o.l.v. Koning Albert lezen we :

‘J’ai l’honneur de porter à la connaissance des autorités militaires alliés que j’autorise Madame Curie et Monsieur Henri Pillart habitant la France à se rendre à Hoogstade et De Panne pour mission en Belgian Field Hospital et à l’Océan.’ [32]

September 1915: Hoogstade

Marie en Irène Curie komen in september per trein naar Hoogstade om er met voiture n° 10 RX-onderzoeken te doen. Het zullen er 25 worden. Ze krijgen er bezoek van Koning Albert en Koningin Elisabeth. Irène blijft nadien in Hoogstade om het personeel op te leiden. De dokters-radiologen hebben het echter moeilijk met deze 17 jarige verpleegkundige die hun zegt hoe het moet. Irène heeft het op haar beurt moeilijk met haar collega’s-dokters die ‘vijanden zijn van de meest elementaire beginselen van de geometrie‘ [6]. Door Cabourg wordt ze op een bepaald moment te hulp geroepen maar ze verlaat niet graag haar post in Hoogstade want ze heeft geen vertrouwen in haar Belgische collega ‘s geneesheren. Op 13 september schrijft ze aan Marie :

‘Je n ‘ai pas osé proposer que le médecin belge assure seul le service ici parce que je crois qu’il pourrait très bien démolir les choses, même en quelques jours seulement. J ‘ai donc demandé qu’on nous envoie ceux des blessés de Cabourg qui seraient transportables‘.

Het antwoord van Marie volgt 3 dagen later :

‘J ‘ai reçu ta lettre du 13 et suis enchantée que tu aies passé un jour de fête sans tristesse (n.v.d.r: op 13 september was Irène jarig). Je vois que tu te tire bien d’affaires et cela me fait plaisir. (…) Vous auriez bien fait d ‘aller à Cabourg il me semble, car ce service est bien mauvais (…)!‘

Eind september laat ze weten aan Marie dat Dr. Willems materiaal nodig heeft om de radiologische dienst te kunnen ontdubbelen. Ze vermoedt dat hij een vijandelijke aanval vreest. Van Cabourg volgt ondertussen goed nieuws:

‘A Cabourg, ils ont une nouvelle installation à présent, et elle marche très bien à ce que dit le médecin radiographe de la Panne. Je ne crois pas qu’on doive s’en inquiéter pour l’instant‘ [16]


Marie Curie in gesprek met Koning Albert In Hoogstade

Oktober 1915 : Hoogstade

Irène blijft in Hoogstade tot oktober 1915. In haar brieven aan Marie laat Irène weten dat er technische problemen zijn maar dat ze die heeft kunnen oplossen. Verder zorgt Marie Curie ervoor dat Dokter Willems het gevraagde materiaal krijgt om het toestel te ontdubbelen. Ze schrijft aan Irène op 2 oktober dat ze het nodig materiaal zal meebrengen de eerstvolgende keer dat ze een installatie in Calais moet gaan doen [16].

Vlakbij het hospitaal bevindt zich een Belgische militaire begraafplaats voor de patiënten van het hospitaal die hun verwondingen jammer genoeg niet overleefden, een trieste realiteit in ieder hospitaal. Naast de officiële Belgische grafstenen ontworpen door de Brusselse architect Simons vinden we er ook zes heldenhuldezerkjes naar het model van Joe English terug [26].


Marie en Irène Curie in Hoogstade

De balans

In het najaar van 1915 stopt de activiteit van Marie Curie in Flanders Fields. In totaal bracht ze in de periode van december 1914 tot oktober 1915 maar liefst elf keer een bezoek aan ‘la brave petite Belgique‘. Het Belgian Field Hospital in Veurne (1 bezoek) en in Hoogstade (3 bezoeken), Poperinge (5 bezoeken), Adinkerke (1 bezoek) en l’Océan in De Panne (1 bezoek): ze konden allemaal op haar inzet rekenen. Op de 30 bezoeken die ze bracht aan de Westelijke frontlijn is dat er één op drie.

Van de twintig ‘petite Curies’ die dankzij haar het westelijke front doorkruisten vinden we er 3 terug in de Westhoek, de wagen met de kenletter ‘E‘ waarmee ze Veurne ter hulp snelde, de wagen nr. 1 die in Poperinge bleef en wagen nr. 10 voor Hoogstade, dat is iets meer dan één op zeven.

Maar dit zijn enkel de cijfers. Zij geven niet weer hoe deze oorlogservaringen beleefd werden door Marie Curie zelf en door haar patiënten.

Haar dochter Eve Curie schrijft in dit verband :

‘Elegante dames meten met een blik deze grijsharige eenvoudig geklede vrouw die vergeet haar naam te noemen en behandelen haar dan dikwijls als een ondergeschikte. Haar vermaken deze vergissingen. Als zulke hoogmoed haar prikkelt dan ontlast ze haar gemoed door te vertellen van een verpleegster en een soldaat die haar zwijgzame en hardnekkige helpers waren in het hospitaal van Hoogstade: Koningin Elizabeth en Koning Albert van België. Madame Curie die zo dikwijls koel en op een afstand kan zijn is allerliefst voor de gewonden. Boeren en arbeiders zijn soms bang voor de röntgen-apparaten en vragen of het onderzoek pijn zal doen. Zij stelt ze gerust, je zult zien, het is niet anders dan of je een foto laat nemen. Ze heeft dingen die hun aangenaam zijn: een mooie stem, vlugge handen, veel geduld en een onmetelijke eerbied voor het menselijke leven. Om een man te redden, om hem lijden te besparen of een amputatie, een verminking, is ze bereid zich tot het uiterste in te spannen. Ze geeft een geval niet op eer alle kansen uitgeput zijn.‘[1]

Zelf liet Marie Curie zich in een zeldzaam moment van openheid ontvallen :

‘Je n’ai jamais pu oublier la terrible impression produite par toute cette destruction de la vie humaine et de la santé. Pour haïr l’idée même de la guerre, il devrait suffir de voir une fois ce que j‘ai vue si souvent pendant toutes ces années: des hommes et des garçons apportés jusqu’a l ‘ambulance à l’intérieur des lignes, dans un mélange de boue et de sang, beaucoup mourant de leurs blessures et beaucoup d‘autres se rétablissant, mais lentement, péniblement, après des mois de souffrances‘ [9]

Besluit

Marie Curie was een intelligente en sterke vrouw die de gave bezat om theorie en praktijk te verenigen. Ze leefde in een tijdperk waar het geloof in de wetenschap bijzonder sterk was. Maar ze leefde ook in een tijd waarin de positie van de vrouw nog ondergeschikt was aan die van de man. Daarom is het zo bijzonder dat het woord ‘eerste vrouw‘ en ‘enige vrouw‘ een steeds terugkerende constante is in haar leven. Eerste vrouwelijke Nobelprijswinnaar, enige dubbele vrouwelijke Nobelprijswinnaar, eerste vrouwelijke professor aan de Sorbonne, enige vrouw in de Académie de Médecine, de enige vrouw in Ernest Solvay ‘s‘Raad van Fysica‘ ...

Ze had een zeer eigenzinnige kijk op wetenschappelijke ontdekkingen. Toen men haar aanraadde om een patent te nemen op het radium om rijkdom te verwerven antwoordde ze:

‘Het radium moet niemand rijk maken. Het is een element. Het behoort de hele mensheid toe‘ [1].

Marie Curie beschikte over een bijzonder sterk sociaal netwerk. In België was ze thuis aan het hof en onderhield vriendschappelijke relaties met Albert en Elizabeth, ze was thuis in de hoogste wetenschappelijke en de industriële kringen, denken we maar aan de industrieel Ernest Solvay en de directie van de mijnen in Katanga. Ze kende de medische wereld van de dokters Daels, Depage en Derache. Ook in haar adoptieland Frankrijk onderhield ze relaties met de hoogste wetenschappelijke en politieke instanties. Ze liet zich niet afschrikken door de militaire hiërarchie en bureaucratie en ging tot op het hoogste niveau om haar zin te krijgen.

Deze unieke mix van persoonlijke eigenschappen brachten haar tot deze buitengewone maar veel te weinig gekende prestatie waar ook ‘la brave petite Belgique ‘ dankbaar gebruik van kon maken. Een grote bescheidenheid typeerde immers deze bijzondere vrouw die zoveel levens gered heeft. We besluiten daarom dit werk met twee citaten van personen uit haar intiemste kennissenkring :

‘Marie Curie is van alle beroemde mensen de enige die

 door de roem niet is bedorven‘ (Albert Einstein)

‘Ze leed onder de figuur die de wereld in haar wou

 zien, zo sterk en onaantastbaar was haar natuur dat ze

 tot aan het einde onmachtig bleef zich een houding aan

 te nemen die met roem samengaat, ze heeft nooit de

 kunst verstaan beroemd te zijn‘ (Eve Curie)

 

Bibliografie

Boeken

1. CURIE, E., Madame Curie, haar leven en werk, elfde druk, H. P. Leopold ‘s Uitgevers-Maatschappij N.V., Den Haag, 405p.

2. CURIE, M., La Radiologie et la Guerre, Librairie Félix Alcan, Paris, 1921, 143p.

3. DEPOORTERE, C., COSSEY, S., en TILLIE, W., De oorlog achter het front, Uitgave van de Kring voor Heemkunde ‘Aan de Schreve ‘, 1999, 207p.

4. DESIERE, N., Cabour, De Panne-Adinkerke, 2005, 192p.

5. DE WEERDT, D., De vrouwen van de eerste wereldoorlog, Stichting Mens en Kultuur, Gent, 303p.

6. PFLAUM, R., Marie Curie and her daughter Irène, Leener Publications Company, Minneapolis, USA, 1983, 144p.

7. QUINN, S., Marie Curie, Editions Odile Jacob, Paris, 1996, 483p.

8. REGAUD, J., Claudius Regaud, Maloine s.a. éditeurs, Paris, 1982, 233P.

9. REID, R., Marie Curie: derrière la légende, Editions du Seuil, traduction française, 1979, 341p.

10. SCHEPENS, L. en VANDEWOUDE, E., Albert & Elisabeth 1914-1918, Gemeentekrediet, 1984, 229p.

11. SCHOETERS, S., De grote oorlog toen en nu: WO I in monumenten en begraafplaatsen, Davidsfonds, Leuven, 2011, 271 p.

12. SCHOONAERTS, G., Evolutie van het Sint-Stanislascollege Poperinge in de 20ste eeuw, Deel II, 1906-2001, Uitgave Archief College Poperinge, 365p.

13. SKLODOWSKA-CURIE, M., Esquisse autobiographique, Editions Dom Wydawniczo-Promocyjny GAL, 2006, 155p.

14. VANLEENE, P., Op naar de Grote Oorlog, De Klaproos, Koksijde, 199p.

15. VAN TIGGELEN, R., De eerste Wereldoorlog in België, Radiologie in ‘Trench Coat ‘, Belgian Museum of Radiology, Brussel, 2011, 143p.

16. ZIEGLER, G., Correspondance Marie- Irène Curie (1905-1934), Les éditeurs Français Réunis, Paris, 1974, 348p.

Artikels

17. CURIE, M., The story of my life, The Delineator, February, 1922, p.19-20.

18. CURIE, M., The story of my life, The Delineator, March, 1922, p.15 & 90-91.

19. DEPOORTER, C., Militair hospitaal bij Kerkhof Remy (1915-1916), Aan de Schreve, XXX, 3, p. 67-87.

20. MORELLI, A. Marie Curie sur le front belge pendant la première guerre mondiale, in Maria Sklodowska Curie et la Belgique, Université Libre de Bruxelles Brussel, 1990, p.71-78.

21. WIRTZ-CORDIER, A., Marie Curie et Ernest Solvay, in Maria Sklodowska Curie et la Belgique, Université Libre de Bruxelles, Brussel, 1990, p. 25-36.

Informatie via het internet

22. PASACHOFF, N., Marie Curie and the Science of Radioactivity, Oxford University press, 1996, http://www.aip.org/history/curie/contents.htm 79p.

23. LOODTS, P., Brève histoire du Service de Santé Belge, résumé du site ‘Médecins de la grande guerre ‘, 2000-2005, http://www.1914-1918.be  

24. SOUTTAER, H.S., A Surgeon in Belgium, The Project Gutenberg eBook, 2004, http://www.gutenberg.org/files/11086

25. VAN BERGEN, L., Ziekte, verwonding en hulpverlening in de Eerste Wereldoorlog http://www.wereldoorlog1418.nl/   geneeskunde/hulpverlening/index.htm

26. Inventaris van het Wereldoorlogerfgoed, http://www.inventaris.vioe.be/ WO1/relicten 974, 1599, 1594, 994, 1093, 1094, 1469, 1603, 970, 458, 1031, 688, 30982, 866, 865.

27. The official Web Site of the Nobel Prize, http://www.nobelprize.org  

28. WIELINGA, M., Het ontstaan van het Westelijk Front in het begin van de eerste Wereldoorlog, http://wereldoorlog1418.nl/westelijkfront/index.html  

Andere bronnen

29. BOMMAREZ, L., De Gezondheidsdienst tijdens de Eerste Wereldoorlog, persoonlijke documentatiemap.

30. FEYS, W. en VANDERBEKE, J., De Grote Oorlog in de Kleine Westhoek, cursus War and Remembrance vzw, 2010.

31. Ministère de la Défense et des Anciens Combattants, Musée Service de Santé des Armées, briefwisseling referentie n°91/EVDG/Musée en referentie n°120/EVDG/Musée.

32. Nouvelles Acquisations Françaises, Manuscrits, 18437, Guerre 1914-1918, mr° 300 (Fonds Pierre et Marie Curie)

33. Nouvelles Acquisations Françaises, Manuscrits, 18442 II, nr.° 131.


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