Médecins de la Grande Guerre

Paul Ooghe, le dernier ancien combattant bruxellois de 14-18.

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Paul Ooghe, le dernier ancien combattant bruxellois de 14-18[1]

Une allée Paul Ooghe perpétue sa mémoire au quartier de la Roue


       Sans doute se trouvera-t-il quelque esprit mutin pour déplorer que l'inauguration ait eu lieu en pleine campagne électorale ; reste que la commune d'Anderlecht, ses deux derniers bourgmestres, Christian D'Hoogh (PS) et Jacques Simonet et l'échevine Monique Cassart (tous deux MR) ont bien fait de rendre l'hommage qui lui seyait en donnant le nom de Paul Ooghe à une nouvelle artère du côté de  la Roue. C'est que Ooghe fut un homme exceptionnel... Non seulement, il vécut sur trois siècles puisqu'il avait vu le jour à Laeken un 17 mai 1899 pour s'éteindre à Anderlecht le 8 septembre 2001 mais il est surtout entré dans l'Histoire comme le dernier ancien combattant bruxellois de la Première Guerre mondiale.

       Le « der des der » était une personnalité attachante qui n'avait pas eu froid aux yeux puisqu'il avait menti sur son âge pour pouvoir entrer dans l'armée comme  volontaire ! Après avoir servi dans le 5e régiment des Lanciers, il avait fini la guerre aux côtés de soldats du 1er régiment des Grenadiers. « Gamin » – c'est le surnom que ses camarades parmi les Jass, les Poilus d'ici... lui avaient donné – se retrouva souvent en première ligne. Fin mars 1917, il avait participé à une attaque contre un bunker allemand à Rekkem. Il y vit la mort de près mais parvint à rejoindre ses camarades au-delà de l'Yser.

       Comme sa mission consistait à s'assurer du bon ordre de marche des lignes téléphoniques entre les avant-postes, les tranchées et l'Etat-major, il se retrouva plus qu'à son tour en première ligne. Mais la Providence veillait sur lui. Jusqu'au bout de la guerre ... En effet, le 11 novembre 1918 alors qu'il montait la garde, il espérait pouvoir fêter l'armistice sur le front avec ses copains d'infortune. Hélas, dans un ultime geste de désespoir, l'ennemi bombarda ses rangs et dix de ses compagnons périrent alors que sonnait le clairon de la fin du conflit... Une expérience pénible que Paul Ooghe n'oublia jamais.

       Titulaire de nombreuses distinctions honorifiques, il eut l'honneur en tant que (pratiquement) dernier rescapé vivant d'assister aux cérémonies du 80ème anniversaire de l'armistice aux côtés du roi Albert II. L'occasion d'évoquer encore ce triste souvenir devant le Souverain.

       Mais Ooghe était bien conscient que ce seul message ne suffisait pas pour mobiliser la jeunesse : aussi jusqu'à son dernier souffle, il tenta de lui insuffler un certain sens civique et en tout cas l'importance du devoir de mémoire. Il le fit toujours avec des mots simples mais très prenants ce qui impressionnait les jeunes clampins tout retournés d'avoir face à eux un authentique héros...

Christian Laporte



[1] La Libre Belgique du mercredi 30 mai 2007.



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