Médecins de la Grande Guerre

Le Bataillon Perdu.

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Le Bataillon Perdu.

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Photo de l’endroit où le bataillon perdu fut sauvé grâce à « Cher Ami » (photo Dr P. Loodts)

Photo de l’endroit où le bataillon perdu fut sauvé grâce à « Cher Ami » (photo Dr P. Loodts)

Photo de l’endroit où le bataillon perdu fut sauvé grâce à « Cher Ami » (photo Dr P. Loodts)






Lors de son excursion dans le ravin de Charlevaux, le Dr Loodts nous a fait quelques photos dont celles des panneaux explicatifs sur les évènements du 2 octobre 1918 au 8 octobre 1918. C’est le récit figurant sur ces panneaux que je vous présente ci-dessous :

Le Bataillon Perdu

       Le 2 octobre 1918, approximativement entre 17h30 et 19h30, le Major Charles W Whittlesey, officier commandant le 1er bataillon du 308ème Régiment d’infanterie américain de la 15ème Brigade d’infanterie de la 77ème Division de l’armée, et le Capitaine George Mc Murtry, officier commandant le 2ème bataillon du 308ème Régiment , conduisaient près de 700 hommes sous leur commandement dans le ravin de Charlevaux. Leur objectif ce jour était d’atteindre et de prendre position le long de la route Binarville-La Viergette, et de nouer à cet endroit un contact solide avec le 307ème Régiment d’infanterie américain sur leur droite et les forces françaises sur leur gauche (au Moulin de Charlevaux) de consolider leur position, et d’attendre de nouvelles instructions pour une attaque coordonnée le 4 octobre. Suivant des ordres bien définis et compétents, le Major Whittlesey et le Capitaine Mc Murtry, avaient été capables de percer la ligne principale allemande nommée Giselher Stellung, (ligne suivant le sommet de la colline comme sous le nom de côte 198, puis traversant le ravin au Sud), en fin d’après-midi le 2 octobre, puis d’avancer jusqu’à leur objectif traversant le ravin de Charlevaux. Une reconnaissance du terrain révéla toutefois, qu’ils étaient la seule unité à avoir atteint leur objectif, les forces attendues sur leur flanc Est et Ouest n’avaient pas été capables de rester au contact. Ils se trouvèrent dès lors dans une position intenable ; échoués à près d’un kilomètre en avant de leur ligne principale, sans soutien sur leurs flancs avec qui que ce soit. Toutefois comprenant bien que leurs ordres leurs interdisaient de battre en retraite, et sans plus faire attention à l’ampleur du danger, à la nuit tombante les deux commandants de bataillon donnèrent l’ordre à leurs hommes de s’enterrer.

       Ils creusèrent dans le flanc Nord du ravin, entre la route située au dessus et la petite voie de chemin de fer allemand courant parallèlement au pied de la colline, sur une position qui deviendra mondialement connue sous le nom de « La Poche ». Ils poussaient leurs flancs sur un périmètre défensif bien défini, étendu sur approximativement 300 mètres de long sur 100 mètres de large suivant le contour de la colline. Le flanc gauche du périmètre correspond approximativement au virage sur la route à l’Ouest. La liaison avec l’arrière était assurée par une série de postes d’éclaireurs qui s’étendait jusqu’à l’état-major du régiment établi près du ravin de l’Homme Mort, 2 kilomètres plus au Sud. Les messages envoyés vers l’arrière par le Major le long de cette ligne le soir du 2 octobre alertaient l’état-major du régiment du danger pour les troupes dans le ravin de Charlevaux et c’est ainsi que des éléments du 3ème bataillon du 307ème régiment d’infanterie américain furent envoyés afin d’établir une liaison sur le flanc droit du Major Whittlesey et étendue vers la ligne principale vers l’arrière a près d’un kilomètre de la position de Charlevaux. Cependant, seulement la compagnie K du 307ème d’infanterie conduite par le Capitaine Nelson M Holderman fut capable d’atteindre « La Poche » le 3 octobre vers 4 heures du matin. Néanmoins croyant sa position toujours tenable le soir du 2 octobre, le Major Whittlesey avait décidé d’attendre jusqu’au matin du 3 octobre pour envoyer un contact de son flanc gauche vers l’arrière aux éléments du 3ème bataillon du 308ème régiment d’infanterie, qui se trouvaient sur la ligne principale et avaient déjà établi la liaison avec les forces françaises plus loin vers l’Est.
Les forces allemandes le long de la ligne principale Giselher Stellung savaient que les forces du Major Whittlesey avaient pris une position dans le ravin de Charlevaux, mais ne connaissaient pas leur exact ou de quel support ils disposaient. Voyant déjà qu’il n’y avait pas de soutien complémentaire après que la compagnie K du 307ème d’infanterie du Capitaine Holderman ait atteint « La Poche », pendant la nuit, des éléments du 122ème régiment allemand de la 2ème Division de Landwehr, et du 254ème régiment d’infanterie allemand, de la 76ème Division allemande de réserve, consolidaient la brèche dans la ligne Giselher Stellung le long de la colline 198 par laquelle les troupes du Major Whittlesey avaient percées. Glissant proche de « La Poche » aux premières heures du matin, ils tuaient ou capturaient quelques éclaireurs à leurs postes le long de la ligne américaine et coupaient ainsi les troupes blotties dans le ravin de Charlevaux de tout support venant de l’arrière.
Les éclaireurs survivants se repliaient dans « La Poche » et informaient le Major Whittlesey de cela à peu près vers 10 heures du matin le 3 octobre. En même temps, les survivants d’une patrouille de la compagnie E envoyés le matin, par le Major, afin d’établir le contact entre le flanc gauche et la ligne principale, revenaient en débandade dans la position rapportant qu’ils avaient été pris en embuscade avec de lourdes pertes.
Aussitôt les Allemands commençaient à pilonner « La Poche » avec des mortiers de tranchée et des tirs de mitrailleuses, depuis leurs tranchées situées au Nord et au Sud. Une forte patrouille de la compagnie K du 307ème régiment d’infanterie qui fut envoyée ce jour par le Major Whittlesey tard dans la matinée pour essayer de percer vers le Sud-est, échouait elle aussi, subissant de lourdes pertes.
Avec le seul moyen de communication restant disponible maintenant : les pigeons voyageurs, le Major Whittlesey tenait informé du mieux qu’il pouvait l’état-major du 308ème régiment de la rapide détérioration de sa position, mais ne pouvait recevoir de message retour. Pensant que les ordres de tenir sa position qu’il avait reçu étaient toujours valables, ses troupes bivouaquant dans le ravin défaisaient quelques fortes contre-attaques allemandes, mais occasionnant beaucoup de pertes. Le soir du 3 octobre les 4 infirmiers restant dans le groupe encerclé reportaient au Major Whittlesey que tous les produits médicaux étaient épuisés, mais aussi pratiquement toute la nourriture. L’eau qu’ils pouvaient obtenir du ruisseau de Charlevaux, ne l’était plus aussi à cause du tir concentré des mitrailleuses allemandes. Les pertes furent terribles durant cette journée, avec pratiquement 20% des troupes ou blessées, incluant le Capitaine Mc Murtry qui avait reçu une balle de mitrailleuse dans le genoux.

       Le jour suivant, le 4 octobre, les troupes encerclées continuaient de repousser les attaques allemandes dans la matinée et de recevoir des tirs d’artillerie de mortiers allemands. Néanmoins, au Sud les autres éléments du 308ème , ainsi que des éléments du 307ème régiment d’infanterie lançaient des attaques répétées pour essayer de briser la ligne allemande dans le but d’atteindre le groupe encerclé du Major Whittlesey. A cette fin, des éléments de la 152ème brigade d’artillerie américaine essayait de procéder à un tir de barrage et de protection autour de « La Poche », afin d’éloigner les Allemands de celle-ci. Toutefois, à cause d’une erreur dans les coordonnées sur la carte (ce qui n’était pas du à une erreur du Major Whittlesey, comme cela a souvent été évoqué), finalement une batterie ‘artillerie par erreur ouvrit le feu directement sur les positions américaines dans le ravin au lieu de tirer autour. Avec les tirs de mortiers et des mitrailleuses allemandes assiégeant les troupes américaines encerclées dans leur étroite position, les américains n’aient pas d’autre choix que d’endurer. Après plus d’une demi heure n’ayant toujours pas réalisé l’erreur de tir, à 15 heures le Major Whittlesey relâchait son dernier pigeon nommé Cher Ami, avec un message demandant de cesser le tir.

Nous sommes le long de la route parallèle au point 276.4.

Notre propre artillerie tire un barrage directement sur nous

Pour l’amour de Dieu stoppez-le

Whittlesey, Major 308

       Vingt minutes plus tard, Cher Ami arrivait avec le message, mais il avait perdu un œil  et une patte et avait été touché dans la poitrine. L’artillerie, toutefois avait déjà découvert son erreur, durant ce temps par d’autres moyens et avait cessé le tir. Malgré tout, les dommages dans « La Poche » avaient été tragiques : quelques 80 hommes avaient été blessés durant le barrage (dont l’un des quatre infirmiers restant), quand approximativement 30 autres avaient été tués. En plus un groupe d’hommes de la compagnie E avait été capturé durant une attaque allemande qui avait été lancée dans la position immédiatement après le barrage. Parmi eux, il y avait deux officiers, les Lieutenants James Leak et Victor Harrington qui, interrogés, contribuèrent largement à faire croire au commandant du 254ème régiment d’infanterie allemand, que la force en présence dans le ravin était deux fois plus importante.
A l’aube du 5 octobre, la force dans « La Poche » fût rapidement affaiblie. Sans eau et nourriture, ainsi que l’intensité du combat pesant de plus en plus lourd sur eux depuis le 26 septembre, quelques hommes du Major Whittlesey trouvèrent encore la force d’enterrer leurs morts, car les corps jonchaient la colline. Sans aucun approvisionnement disponible pour les trois infirmiers restant, et forcés de rester sous un temps pluvieux et glacial, les blessés étaient dans un état terrible et commençaient à succomber aux infections et à la gangrène. Les attaques répétées des Allemands étaient parées tout au long de la journée, quand au Sud, on pouvait entendre le bruit désespéré de la bataille du reste de la 154ème brigade d’infanterie qui continuait à essayer de percer le Giselher Stellung et de pénétrer dans le ravin de Charlevaux. Ce jour des avions de la 50ème escadrille d’observation américaine apparaissaient au-dessus du ravin, volant à basse altitude et lentement dans un effort de localiser exactement la position du Major Whittlesey et de ses hommes, afin d’essayer de les réapprovisionner par avion, ce qui devrait être une première tentative de cette ampleur dans l’histoire.
Pendant ce temps, là-bas au Etats-Unis, les journaux, les journaux reportaient déjà la critique de ce qu’ils appelaient « Le Bataillon Perdu ». Ce nom était une grosse exagération des faits.
Les hommes du Major Whittlesey n’étaient pas perdu dans le sens ou personne ne savait où ils étaient : En fait, rien n’était plus éloigné de la vérité. Tout le monde savait où ils étaient. (Surtout les Allemands !) Le terme « Perdu » en fait était plutôt en référence à leur situation sans espoir. Non plus, le fait qu’il n’était qu’un seul bataillon, mais une unité composée de quatre bataillons différents. La force commandée par le Major Whittlesey dans le ravin était constituée d’éléments des compagnies A, B, C du 1er bataillon du 308ème régiment ; des compagnies E, G et H du 2ème bataillon du 308ème régiment d’infanterie et approximativement d’un peloton de chaque compagnie C et D du 306ème bataillon de mitrailleuses (avec 9 mitrailleuses lourdes Hotchkiss), et la compagnie K du 307ème régiment d’infanterie. En complément se trouvaient là quelques hommes des compagnies D et F du 308ème d’infanterie, aussi bien que du 3ème bataillon du 308ème d’infanterie et du 302ème train de munitions. Tout en pensant qu’il n’y a pas de documents officiels sur le nombre d’hommes qui se trouvaient dans « La Poche » entre le 2 et 7 octobre 1918, l’historien du « Bataillon Perdu » Robert J. Laplander a été capable de confirmer (en octobre 2008) que 687 hommes et officiers sont entrés dans le ravin. Déjà quelque soit leur nombre, le fait est que, au soleil levant du 6 octobre 1918, le total des pertes dans « La Poche » atteignait les 70%.

       Ce matin du 6 octobre, pendant que les hommes du Major Whittlesey, combattaient contre les premières attaques lacées contre eux ce jour (dont une à l’aide de lance-flammes), le premier des survols de la 50ème Escadrille américaine pour essayer de réapprovisionner le Major Whittlesey et ses hommes avait lieu. Aucune des tentatives ne rencontra des succès, et toutefois l’escadrille perdait trois avions à cause du tir ennemi depuis le sol. Vu du ciel les contours imprécis et l’épais brouillard qui enchâssaient le paysage de la forêt d’Argonne, faisaient qu’il était très difficile de localiser « La Poche », et par conséquent tous les paquets lancés tombèrent aux mains des Allemands. Toutefois pendant le premier survol de la journée, les Lieutenants Harold Goettler (le pilote), et Erwin Bleckley (l’observateur), pensant qu’ils avaient vu les signes des hommes du Major Whittlesey au travers de l’épais brouillard, et voyant que leur avion avait été très sérieusement touché durant ce vol, et ne pourrait pas être utilisé pour le reste de la journée, empruntèrent l’avion d’un de leur camarade et se mettaient en route pour une mission à basse altitude extrêmement dangereuse afin de localiser précisément le « Bataillon Perdu ». Durant ce second survol, le Lieutenant Goettler reçu une balle en pleine tête tirée depuis le sol, ce qui causa l’écrasement de l’avion au sol, et le Lieutenant Bleckley souffrant de lourdes blessures internes décédait dans l’ambulance sur le chemin de l’hôpital. Pour leur acte volontaire et partagé, ils furent décorés à titre posthume de la Médaille d’Honneur du Congrès (en 1922). Malgré tout, les essais de réapprovisionnement continuaient, mais rien de ce qui fut lancé n’a jamais atteint les hommes assiégés du Major Whittlesey.
Vers 10 heures, le 7 octobre, 9 hommes, sans avoir reçu d’ordres, tentèrent de s’éloigner du flanc gauche de « La Poche », pour essayer de localiser un des paquets que les avions avaient lancé durant l’après-midi précédente, et qu’ils croyaient tout proche. Aussitôt encore tout près du flanc, ils furent pris en embuscade par les mitrailleurs allemands. Cinq d’entre eux furent tués sur le coup, quant aux quatre autres, seulement blessés ils furent capturés. Un homme, le soldat Lowel Hollingshead, de Mont Sterling dans l’Ohio, avait reçu seulement une légère blessure au genou et fut par conséquent conduit à l’officier de renseignements allemand du 254ème régiment d’infanterie qui lui demanda de porter une lettre au Major Whittlesey, lui suggérant la reddition des forces se trouvant dans le ravin. Après quelques débats, le soldat Hollingshead accepta de le faire et fût immédiatement relâché avec la lettre. Le soldat Hollingshead présenta la lettre au Major Whittlesey vers 16 heures de l’après-midi, sur quoi d’après la légende, le Major après avoir lu la lettre, se retournait vers les lignes allemandes et hurlait qu’ils pouvaient « aller au diable ! » En vérité, le Major Whittlesey n’avait rien dit de la sorte, mais donna l’ordre à ses hommes de se préparer pour une attaque car il était sur qu’elle allait avoir lieu depuis qu’il avait laissé la lettre sans réponse. Il fi passer à ses hommes l’ordre de ramasser tous les tissus blancs disposés au sol pour les avions, car cela pourrait être un signe mal interprété de reddition. Une fois que le bruit de la demande de reddition des Allemands avait filtré parmi les hommes sur le flanc de la colline, et malgré cela, il recommençaient à tirer sur les Allemands de leur propre initiative, sans aucun doute ou terme de politesse.
L’attaque finale allemande touchait les assiégés, qui furent encerclés peu après 17 heures cet après-midi et dura plus d’une heure et demie. Une fois encore comme durant la dernière attaque du 6 octobre, les Allemands apportaient des lance-flammes pour porter coup contre « La Poche », mais ils furent repoussés et tués, comme ils le furent le jour précédent. Malgré tout, cette attaque qui fut la plus acharnée, épuisa complètement les hommes du Major Whittlesey et le reste des munitions. Toutefois des dommages avaient été causés un peu plus loin sur la ligne allemande à l’Est, et avaient un effet positif ce jour, la ligne allemande était complètement démantelée en même temps que la dernière attaque prenait fin sur « La Poche » cette nuit là. Dans leur dernier effort afin d’éradiquer « La Poche », repoussés et sous l’incessante pression du 307ème et de ce qu’il restait du 308ème régiment d’infanterie américain (les deux unités attaquant fortement au Sud et au Sud-est), les forces allemandes encerclant le ravin de Charlevaux, se retiraient brusquement juste avant 19 heures. Peu de temps après, la ligne américaine sous la forme de la compagnie B du 307ème régiment d’infanterie atteignait la position du Major Whittlesey.

       Avec cela, la dure épreuve du « Bataillon Perdu » était terminée.
Toutefois le coût avait été très élevé. Sur approximativement 687 officiers et hommes qui entrèrent dans le ravin de Charlevaux le soir du 2 octobre, seulement 194 furent capable d’en sortir « debout » l’après-midi du 8 octobre – le coût des pertes (tués, blessés/ou malades/ou prisonniers) atteignait près de 72 %. Sur 19 officiers qui a l’origine entrèrent dans « La Poche », seulement trois furent capables d’en sortir sur leurs jambes. Pour leurs efforts dans le ravin, en tenant leur position, aussi bien qu’étant complètement assiégés dans d’incroyables et difficiles circonstances, le Major Whittlesey, le Capitaine Mc Murtry et le Capitaine Holderman, furent chacun décorés de la Médaille d’Honneur, et le Major Whittlesey fût immédiatement promu Lieutenant Colonel. En plus de cela, deux soldats qui avaient permis de percer les lignes jusqu’au Major Whittlesey furent aussi décorés de la Médaille d’Honneur, ainsi que l’étaient à titre posthume, les Lieutenants Goettler et Bleckley de la 50ème Escadrille américaine. De cette façon, il y eu 7 Médailles d’Honneur attribuées pour cet évènement de 5 jours, plus que le nombre qui devait être attribué pour un seul évènement jusqu’au raid sur les champs pétroliers de Ploesti en 1943. Plusieurs années après les évènements du ravin de Charlevaux, la légende qui avait grandi autour, faisait du « Bataillon Perdu » l’une des histoires les plus populaires de la participation des Américains dans la première guerre mondiale. Le Général John J. Pershing, le Commandant en chef des Forces américaines en France, qualifiait cette histoire comme l’un des trois plus extraordinaires évènements de la guerre et Charles Whittlesey l’un des trois soldats les plus impressionnants.
Aussi Charles Whittlesey et ses hommes se trouvèrent transformés en héros à leur retour à la maison. Déjà c’était une distinction qui affectait la santé de Whittlesey, et il essayait de se soustraire à cela : c’était quelque chose qui était très difficile, voire impossible. Sa renommée aussi bien que sa maladie étaient le résultat de ses expériences de guerre, qui le suivaient constamment. Par conséquent, en 1921, après trois années de publicité incessante sur l’évènement, une santé défaillante et des tourments psychologiques, Whittlesey s’enregistrait sur un voyage à bord d’un vapeur pour Cuba. La nuit du 26 novembre 1921, la première nuit de son voyage, vers 23 heures 30, Charles Whittlesey se levait de la table au bar du bateau qu’il avait partagé avec un ami passager, s’excusait, passait la porte rapidement dans l’obscurité et sautait par-dessus bord.

       Son corps ne fut jamais retrouvé.

 



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