Médecins de la Grande Guerre

Le village de Forêt-Trooz dans la tourmente des deux Guerres Mondiales.

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Le village de Forêt-Trooz dans la tourmente des deux Guerres Mondiales.

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Le monument aux morts de Forêt-Trooz. (photo F. De Look)

Dans le cimetière de Forêt-Trooz. (photo F. De Look)

Gros plan sur le monument du cimetière de Forêt-Trooz. (photo F. De Look)

 

 

Le  village de Forêt-Trooz dans la tourmente des deux Guerres Mondiales.

 

 

 

Le drame de Forêt en Août 1914.[1]

 

 

          Mardi 4 Août : Les soldats belges !

  

   4 août ! La guerre est déclarée ! C’est la consternation ! Que va-t-il se passer au paisible village de Forêt ? Il est 17 heures 30, un bruit sourd de pas précipités monte de la route de Prayon. Qu’est-ce ?

Ruisselants de sueur et couverts de poussière, nos soldats du 9e de ligne débouchent sur la Place. Ils sont une quarantaine, commandé par un lieutenant et deux sergents. Aussitôt, les sentinelles vont occuper toutes les issues du village tandis que le reste de la troupe s’installe à la ferme Delvaux. Bien vite, la population se met au service de ces braves, pour leur procurer le nécessaire : seaux d’eau, savon, essuies, victuailles affluent. On parle, on fait connaissance, on rit même !

 

          L’alerte !

 

   Tout à coup, un grand émoi parmi la population ! Attroupement ! Mme Creuven, revenue de Xhendelesse, annonce que la campagne d’Olne et les environs sont « tout gris d’Allemands », ceux-ci l’ont arrêtée plusieurs fois.

On n’en revient pas ; que faire ?...et le lieutenant n’en sait rien, qui va le lui dire ? Du groupe, Mr Charles Gigot s’avance, va trouver le lieutenant et lui annonce la nouvelle. L’officier de répondre : c’est bien vrai ce que vous dites ? Il ne s’agit plus de blagues : c’est la guerre !

   Sur ces affirmations catégoriques de son interlocuteur, le lieutenant désigne deux hommes pour interroger Mme Creuven. A leur retour, l’officier fronce les sourcils, hésite à croire, puis, dans un haussement d’épaules dit au sergent : « C’est impossible ! puis, peut-être quelques uhlands en reconnaissance… ! Mais, enfin sergent, doublez toujours les sentinelles ! »

 

          Un Brave !

 

   Bientôt, un ronflement de motocyclette retentit dans le silence de cette population consternée. Seraient-ce déjà les Allemands ? Non, le bruit vient de la route de Prayon. C’est un sergent carabinier belge suivi d’une douzaine de cyclistes. Ah celui-là c’est un brave. D’un coup d’œil étincelant, il a exploré le village et se dirige droit vers le lieutenant :

·        Le lieutenant  : Votre consigne, sergent ?

·        Le sergent      : Pousser jusque Soiron, mon lieutenant.

·        Le lieutenant  : D’où venez-vous ?

·        Le sergent      : De …x…

·        Le lieutenant  : Ah mon ami, vous en avez fait du chemin ! Eh bien, poussez jusque Soiron.

Voilà qu’un quart d’heure après, le sergent motocycliste revient à toute vitesse, il est seul et crie : « Le lieutenant, où est le lieutenant ? » Aussitôt, un soldat se précipite vers la ferme Delvaux et en revient avec le lieutenant, impassible. Le sergent tout en feu, trépigne.

   Le sergent : Lieutenant, j’ai touché l’ennemi[2], mes hommes sont en sécurité dans le fossé de la route[3]. Et le courageux soldat saute à moto et disparaît à toute vitesse !

   « Vaillant Soldat, tout noir de poussière, tu es bien le symbole du Peuple Belge, qui s’est enfoncé dans la plus noire des misères pour faire son devoir ! Honneur à toi sergent motocycliste ! Honneur au Peuple Belge ! »

 

          La nuit…

 

   Le soir tombe, et ces derniers évènements ont bouleversé les habitants de Forêt. De quoi demain sera-t-il fait ? Le lieutenant vient sur la Place et donne ordre aux habitants de rentrer chez eux et de fermer portes et fenêtres et même les soupiraux des caves. Il conseille de se barricader au mieux.

   Chacun rentre, un silence de mort plane sur le village. Soudain la pétarade de la moto du sergent retentit lugubrement dans la nuit ![4]

 

          Mercredi 5 Août : Fausse sécurité !

 

   Ce jour tragique se lève…jetant ses rayons d’or sur ce village candidat martyr. Sur la Place, tout est calme. Les sentinelles veillent. Quelques ouvriers partent au travail.

 

         Les Allemands ! Les Allemands !

 

   Il est environ 8 heures 30. Tout à coup à la ferme Widart des sentinelles belges apparaissent, accourant des chemins de Saint-Hadelin. L’ennemi s’approche ! « Tout le monde dans les maisons », crie le lieutenant aux civils.

   En une seconde, tous les soldats sont regroupés autour du fossé, puis postés en tirailleurs derrière le garde-corps du fossé. Une sentinelle avancée, Joseph Inschoot, caché derrière un tronc d’arbre près de la ferme Fassotte, observe le chemin de Saint-Hadelin et la ferme Widart. On attend !...

   La sentinelle sursaute : elle a aperçu l’ennemi ! A reculons, et à moitié courbée, elle rejoint la troupe. Aussitôt, de l’épée le lieutenant fait signe de revenir à une autre sentinelle postée, elle sur la route d’Olne. Puis, jugeant la situation dangereuse, il fait reculer son détachement vers le fond du village, sur la route de Prayon.

   Pendant ce temps, au dessus du village, près de la ferme Widart, un casque à pointe apparaît : deux yeux « Boches » scrutent toute la Place. C’est un officier allemand qui s’avance à pas de loup, le sabre à la main. De sa main gauche, il fait signe d’avancer, et bientôt, c’est un flot d’uniformes gris qui débouchent de tous les chemins aux alentours et inonde quasi la Place.

   Les soldats belges, échelonnés le long de la route de Prayon, à l’autre bout du village, tirent dans la masse des envahisseurs. Quelques Prussiens tombent, c’est le signal déclenchant une terrible riposte des Boches. Notre poignée de soldats va être écrasée. Il faut fuir au plus vite ! Les balles allemandes sifflent. Abandonnant sacs à provisions, nos piottes se sauvent dans les prairies, dans les champs, le long de gros arbres bordant la route. Comme des cerfs traqués, ils dévalent vers Prayon et Fond de Forêt et enfin parviennent à regagner Liège. Parmi les fugitifs un seul a été sérieusement blessé, soigné à la ferme de « Poyonsart » (entre Forêt et Prayon) où il a été recueilli par la Croix-Rouge Belge et soustrait aux mains des Allemands.

 

          Un Héros ![5]

 

   A l’arrivée des Allemands à Forêt, un intrépide lignard, au mépris du danger, tirait avec un acharnement héroïque. Mais voilà sa retraite vers Prayon coupée ! Acculé à l’entrée du vieux chemin entre les maisons Rahier et Brisko, Joseph Inschoot se trouvait seul face aux forces allemandes. Que faire ? L’héroïque soldat décide de vendre chèrement sa peau, ses coups tuent et blessent. Mais bientôt il est cerné. Vite la fuite par le vieux chemin ! Mais celui-ci le ramène vers l’ennemi, vite par un autre chemin, celui de Fond de Forêt. Mais il est dépisté et suivi. On retrouva plus tard le beau jeune homme étendu dans un pré, le cœur transpercé, mais sa cartouchière était vide. Il avait tout donné pour son Pays. Une croix s’élève à l’endroit où tomba ce brave. Son corps, enveloppé d’un drapeau a été inhumé au cimetière de Forêt.

 

          La guerre aux Civils !

 

   Pendant que s’achèvent ces scènes de combat, d’autres prussiens s’en prennent aux civils barricadés chez eux[6]. D’abord, c’est le dessus du village qui est saccagé. Devant chaque maison surgissent des soldats hurlant comme des fauves, enfonçant portes et fenêtres, tirant à tort et à travers.

   Ils envahissent les demeures, ils fouillent et saccagent. Les habitants sont traînés, concentrés et parqués sur la Place. Et ces brutes de vociférer leurs cris de guerre : « Mann hat Geschossen ! »[7]. Les officiers gesticulent, les soldats menacent. Que vont devenir ces pauvres familles au milieu de cette soldatesque en furie ?

   On veut venir leur expliquer que c’est l’armée qui a tiré. Peine perdue ! L’affreuse comédie continue. Finalement le vieux Miest[8] intervient et calme les forcenés.

   Plus loin devant la ferme Delvaux, d’autres soudards opéraient. Ces sauvages se précipitent dans la cour, et arrêtent Mr Delvaux, vieillard de 75 ans, ainsi que ses deux fils Eugène et Fernand. Tous trois sont emmenés prisonniers.

   En quelques instants, la maison, les étables sont la proie des flammes. Deux autres fils : Victor et Joseph sont froidement abattus devant la ferme où ils gisent raides morts. Enfin Mme Delvaux et ses trois demoiselles sont entraînées dans la prairie et chassées vers Nessonvaux. Pendant ce temps la ferme Widart est également incendiée, leurs occupants maltraités et chassés vers Nessonvaux.

 

          Les horreurs !

 

   Dans le bas du village aussi, les Allemands ont commencé leurs « exploits » qui leur vaut le nom de « Boches ». Les paisibles habitants, cachés dans leur cave, sont arrachés à leur retraite. C’est horrible ! Les supplications des victimes se mêlent aux hurlements des assassins. Les incendies crépitent dans une lueur sinistre. Les fusillades se suivent. Le fort de Chaudfontaine tonne, ses obus sifflent par dessus le village, éclatent…c’est la désolation, le carnage ! Mr Jules Soury est arrêté par la soldatesque et est abattu sur ordre d’un officier, d’un coup à bout portant. Le voisin Mr Herman Smets est relâche parce que sujet hollandais.

   Les forcenés continuent. L’école est devant eux avec le drapeau belge flottant. Avec rage ils assaillent la porte, arrachent le drapeau et le piétinent. De la cave, ils font sortir l’instituteur Mr Rongy, sa dame et ses quatre petits enfants, le garde Joseph Matz et sa famille et la famille Brisko. Les hommes sont brutalisés et faits prisonniers. Alors, l’instituteur prend dans ses bras son plus jeune, un bébé de 9 mois et leur montre en suppliant !...Moment d’angoisse…sera-t-il exaucé dans sa prière ? Non, au contraire, il est brutalement empoigné et il doit fouler le drapeau belge. Puis les quatre hommes : L’instituteur Mr Rongy, Antoine Brisko, Joseph Matz et le fils Joseph, flanqués chacun de deux soudards, sont entraînés par une trentaine de bandits. On les pose vers la place puis sur la route d’Olne…que va-t-il se passer ? A l’endroit où à droite de la route débouche un chemin la troupe s’arrête, Joseph Matz père est maintenu sur la route, tandis que les trois autres hommes sont jetés dans le chemin et aussitôt criblés de balles. Mr Rongy et Matz fils tombent morts tandis que Joseph Brisko, protégé par les corps de ses deux malheureux compagnons, est indemne. Il dévale le chemin à toute vitesse, déjà il a parcouru 70 mètres…encore 10 mètres et c’est le tournant…hélas, une balle l’atteint, il chancelle et s’effondre. Le triple assassina accompli, les bourreaux relâchent Joseph Matz père et le renvoient au village.

«  Ainsi tombent les fils de l’innocente Belgique, coupable d’avoir fait son devoir et d’avoir refusé d’aider ceux qui ont été – et qui restent – les plus grands criminels des temps modernes ».

 

          Arrestations – Dévastations !

 

   Chaque coin et recoin du petit village de Forêt[9] étaient, au même moment le théâtre des atrocités teutonnes.

   Mr l’instituteur Rongy et ses compagnons étaient à peine partis pour le supplice que d’autres soldats s’acharnent sur les maisons voisines, affreux concert de hurlements, des cris de coups de feu dans les fenêtres, des coups de haches dans les portes. Les barbares forcent les habitants à sortir de leurs caves, ils fouillent et pillent les habitations, veulent emmener les hommes. Mr Jean Matz[10] père de trois enfants en bas âge est entraîné avec le beau-frère François Trillet. Le pauvre père tient un bébé dans les bras et un garçonnet par la main. Comprenant ce qui l’attend, il se jette à genoux implorant pour les petits. Une brute, sans cœur lui enlève le bébé. Celui-ci est confié à un enfant tandis que les deux hommes sont poussés en avant sans ménagement. Où vont-ils ??...mystère !

   Une autre bande se précipite dans la ferme Crahay, voisine du château. Mêmes scènes, mêmes sauvageries ! Ici le fils du métayer, André Crahay[11] vétérinaire à Olne, attire leur attention par son allure distinguée. L’officier boche le prend pour le propriétaire du château et le somme d’en ouvrir les portes. Le jeune docteur vétérinaire proteste, prouve son identité, et déclare que la propriétaire Mlle la Baronne de Fabrickers de Grâce est à Liège. Le Boche s’entête…il fait arrêter le vétérinaire, son père Mr Joseph Crahay ainsi que son oncle (le frère de sa mère) Mr Nicolas Picquereau, 71 ans…et puis « en avant »…fièrement la courageuse troupe s’en va, laissant madame et mademoiselle Idalie et Elise Crahay en larmes…

   Maintenant, c’est au tour de Mr le curé[12]. Vers 9 heures du matin, une bande de forcenés qui traînait le vétérinaire Crahay envahit le presbytère. Mr le curé, sa vieille servante et Mr Crahay sont gardés dans la cuisine par quelques soldats, arme au poing. Pendant ce temps, une nuée grise de pillards dévalisent, volent, brisent dans toute la maison de la cave au grenier. Le beau coffre-fort de la paroisse est attaqué, il résiste à leurs efforts rageurs…finalement les perquisitionneurs viennent avouer « Kein waffen » (pas d’armes). Ce nouveau fait est un crime, sans doute, car le prêtre, digne est emmené avec Mr Crahay.

 

          Mais le village de Forêt n’est pas encore au bout de son calvaire !

 

   La civilisation allemande allait continuer son œuvre aux abords du village, au Saint Puits. Le gros de troupe prussienne s’est installé au château, dans le par cet aux alentours. C’est là dans une drève, qu’ils amènent d’abord Mrs Jean Matz et François Trillet. Arrivent ensuite le groupe Crahay Picquereau, puis Mr le curé. Le ministre du Divin Crucifié est bien à sa place pour consoler et soutenir ses pauvres paroissiens. Voici qu’arrivent d’autres compagnons d’infortune : Paul Bailly et Henri Roland, domestiques de la ferme du château, la ferme Crahay. Enfin deux passant arrêtés dans le bois de Navette viennent compléter l’équipe de la souffrance. Ce sont Mr Emile Ancion de Prayon et Fernand Gigot qui retournait chez lui à Forêt.

   Ils sont là ; gardés de près, les mains liées derrière le dos. Qui pourra dire les mauvais traitements qu’ils auront subits, les insultes reçues, leurs angoisses, les souffrances de ces Martyrs pendant de longues et interminables heures de cette affreuse journée ? Pendant ce temps, le château est cambriolé. Coups de crosses et coups de feu se succèdent ; les meubles sont enfoncés, les tableaux éventrés, le linge volé, éparpillé, la cave vidée. Des centaines et des centaines de bouteilles apparaissent dans les groupes des Boches qui s’enivrent…et la fête commence !! Mais le fort de Chaudfontaine tonne toujours…soudain, deux boulets atteignent le château ! C’est la panique ! Château et parc deviennent inhospitaliers, aussi les noceurs se retirent-ils avec prisonniers et bagages, dans un repli de terrain appelé le Saint Puits.

   C’est là que pendant toute la journée vont couler les vins du presbytère et du château, plaisanteries et beuveries se succèdent sous les yeux des dix infortunés qui souffrent, pleurent et prient en silence.

 

          Deux nobles cœurs ![13]  

 

   Vers 14 heures Mr le curé obtient la permission d’aller chercher de la nourriture pour ces compagnons, après ce premier succès diplomatique, l’abbé Chabot commence à parlementer avec les Boches. Il leur demande leur délivrance.

   Les pourparlers sont humiliants, mais finalement semblent réussir. En effet, la liberté est accordée…mais au curé et au vétérinaire seuls…Mr le curé insiste. Peine inutile ! C’est à prendre ou à laisser. Alors, les deux libérés se regardent ! Que faire ? Un silence…Vont-ils, au prix de leur vie tenter une ultime chance d’obtenir la libération de leurs compagnons ? Oui, Mr Crahay refuse de partir sans son père, et le curé – noble pasteur du troupeau – n’accepte sa délivrance qu’après la libération de « tous ses paroissiens ».

   Le fils et le prêtre viennent de signer le sacrifice de leur vie !

 

          En route !

 

   Le soleil descend derrière les grands arbres du parc du château. Dans la campagne de Forêt, un commandement de l’Etat-major retentit de campement en campement : « Ordre de marche[14] ! » Furieux et contrariés, les soldats en liesse et ivres pour la plupart se lèvent. Que vont devenir au milieu de ces tigres en colère, nos malheureux « prisonniers civils » ? Les voilà rudoyés et disséminés dans les rangs prussiens…en route…et où vont-ils ?

   Ils contournent leur village, qu’ils ne reverront plus. A travers champs, prés, bois, ils descendent vers Saint Hadelin, injuriés, battus, torturés de mille manières.

 

          A Saint Hadelin !

 

   La nuit tombe…La longue troupe pénètre à Saint Hadelin, et dépasse la batterie allemande qui bombarde le fort de Fléron. Mais bientôt, vers 10 heures 30, celui-ci a repéré la batterie et commence son tir…les obus pleuvent sur les Boches et ravagent leurs rangs.

   Alors, ces soudards, ivres de vengeance, se précipitent sur les prisonniers et sur les civils. Les fusils tirent, les crosses s’abattent et assomment, les baïonnettes transpercent, St Hadelin est un enfer rouge de feu et de sang. Jean Matz, Paul Bailly, le vétérinaire Crahay sont tués sur « le Faweux[15] » Mrs Picquereau et Trillet assommés sont laissés pour morts, inanimés qu’ils sont. Plus tard, ils parviendront à regagner Forêt, mais dans quel état ?

 

          A Soxhluse !

 

   Pendant ces affreux massacres, parmi cette hécatombe, les cinq autres prisonniers devaient continuer leur chemin de calvaire vers Magnée et Soxhluse.

   C’est aux premières heures du jour que les troupes arrivent dans ce hameau. De paisibles habitants sont arrachés de leur lit par la soldatesque. Et puis, les fauves en furie tirent dans le tas, assomment, massacrent…jusqu’au dernier Belge. Après le départ des assassins, on retrouvera nos cinq martyrs parmi les cadavres horriblement mutilés. Mrs Joseph Crahay, Fernand Gigot, Emile Ancion et Henri Rolland purent être identifiés aisément, mais l’abbé Chabot était déchiqueté, méconnaissable. Dieu seul sait ce que ce régiment de Brandebourg lui aura fait subir au cours de cette longue nuit.

 

Aux Martyrs : O vous, les meilleurs de chez Nous, Vous qui êtes montés au sommet de la souffrance, de la gloire, recevez les plus purs hommages de nous tous qui sommes restés bien petits dans cette vallée de terrestre !

                          Grandissez nos âmes au contact des vôtres ! Que votre mort héroïque nous excite à une vie toujours plus courageuse !

                          Du haut du Ciel, faites-nous saisir cette pensée trop peu comprise : « Le plaisir n’est qu’un à côté dans la vie ; celle-ci ne vaut que par ses sacrifices ».

 

Récit de l’exécution de Lambert Rongy, instituteur à Forêt-Trooz par les Allemands, le 5 août 1914.

  

Témoignage de Mr Eugène Delvaux donné à Forêt le 14 septembre 1914, recueilli par Henri Rongy chanoine professeur au grand séminaire de Liège et oncle de Phina.

 

   Mercredi 5 août vers 8 heures, une bande d’Allemands entre dans Forêt par tous les coins à la fois, par chemins et haies.

   Ils frappent d’abord à la ferme Delvaux, qui avait été fermée expressément sur l’avis d’un lieutenant belge pour éviter que des soldats belges n’y cherchent refuge.

   Eugène Delvaux vint leur ouvrir. Il leva de suite les bras pour montrer qu’il n’avait point d’armes et dit à son père et son frère qui le suivaient de faire de même. On lui fit mettre une échelle contre la grange. On le força à sortir devant les soldats ainsi que son père et son frère Fernand. A peine avaient-ils fait dix mètres qu’ils virent que tout flambait. Le feu avait été mis à plusieurs places à la fois.

   On les força à descendre devant la troupe. On emmena aussi un domestique de chez Halleux. Devant le château, on attrape de même le fils Matz qui rentrait paisiblement de Liège. On lui brisa l’instrument de musique qu’il portait et on le fit marcher aussi en tête de la troupe.

   Sous le château, on fit marcher de même le vieux Montfort, vieillard presque impotent. On le tint quelques temps sous le château, en face du fort de Chaudfontaine en tête de la troupe. Quand le fort tirait, on les forçait à se tenir debout, alors qu’eux se courbaient ou se couchaient. Quand ces très paisibles bourgeois faisaient mine de se courber, pour éviter les obus de Chaudfontaine, on les mettait en joue, les menaçant du fusil ou du revolver.

   Eugène Delvaux dit à un officier, chargé de  décoration (un colonel pense-t-il) que ce ne devait pas être selon les lois de la guerre que d’agir ainsi, que c’était lâche de s’en prendre à des civils inoffensifs. On lui imposa silence, mais à partir de ce moment, on ne les brusqua plus (avant cela, on les brusquait, on les poussait violemment, toujours un revolver braqué sur eux). Le soldat qui gardait Eugène Delvaux avait même les larmes aux yeux. Durant 5 ou 6 heures environ (??), on les tint ainsi.

   Tous les soldats qui étaient en avant avaient une carte à leur ceinture. Ces soldats étaient du numéro 20. Eugène Delvaux n’a vu que des numéros 20. On lui a dit après qu’il y avait aussi des 35.

   Le père Delvaux de 74-75 ans, Mme Delvaux (70 ans et pleine de rhumatisme) étaient cachés dans la cave avec trois demoiselles Delvaux, ses filles et Juliette, sa petite fille. On tira dans la cave et dans les fenêtres. Elles se sauvèrent quand elles virent les lueurs de l’incendie. Deux soldats les forcèrent à marcher au milieu des troupes allemandes qui remplissaient les prairies. On les fouilla un peu, demanda si elles étaient françaises, si elles étaient mariées, que l’on voulait les hommes. On leur fit parcourir les prairies au milieu des troupes et des canons. On les ramena à la ferme Widart. Là, on força les Widart et d’autres à marcher avec elles. On les fit marcher ainsi de force jusque Hauzée (Dép. de Olne à une ½ heure de forêt), mais par de longs détours. Là, on les relâcha…et ils se sauvèrent à Nessonvaux.

   La petite Julienne (7ans) disait sans cesse aux soldats : Je veux bien mourir, mais je ne veux pas qu’on me tue.

   Un soldat tâche de la calmer, lui disant qu’on ne lui ferait rien et lui donna même des bonbons. Il y a parfois un bon parmi eux.

 

 

Deuxième témoignage d’Eugène Delvaux.

 

 

   36 soldats belges venus le mardi (4août) du 9e de ligne avaient l’ordre de se retirer à l’approche de l’ennemi. Ces soldats firent feu. Léon Sliepens, domestique du château dit qu’un Allemand fut tué. Les Allemands dirent qu’on avait tué un de leurs hommes. Un Belge fut tué dans le vieux chemin en dessous de l’église. Les Allemands jetèrent son corps dans une prairie. Les soldats belges surpris par l’avalanche des Prussiens qui sortaient de toute part, abandonnèrent leurs sacs depuis la route d’Olne, la ferme Delvaux jusqu’au bas du château. Il y en avait un peu partout. Les Allemands mirent même un shako (coiffure des gardes républicains et des Saint-Cyriens) sur la tête d’Eugène Delvaux.

   Ils n’avaient donc aucune raison de diffuser que c’étaient des civils qui avaient tiré. D’ailleurs, dit Eugène Delvaux, on distinguait bien les balles des soldats en usage dans l’armée, des balles que ne peuvent avoir des civils.

   En arrivant, ils volèrent le cheval avant de mettre le feu. Le feu mis sans perquisition préalable, car c’est aussitôt que le feu éclate. Les Allemands auraient du reste épargné la riche provision d’avoine. Je les abordais sans la moindre crainte, croyant les Allemands qui n’auraient pas la lâcheté d’attaquer des gens inoffensifs et sans défense. Je constatai bien vite qu’ils sont pires que des bêtes féroces que l’on calme encore en leur donnant quelque chose à manger.

 

 

Récit de Mr Henri Fassotte

 

 

   Le mardi (4 août) arrivent à Forêt 36 soldats du 9e de ligne.

   Ils logèrent dans la ferme Delvaux. Le lendemain vers huit heures, les sentinelles annoncèrent l’approche des Allemands. Nos troupiers firent feu sur l’ennemi, qui arrivait sur la route d’Olne, mais au même moment, des bandes d’Allemands surgirent partout des chemins donnant accès au village. La petite troupe belge se retira aussitôt abandonnant ses sacs sur la route de Prayon.

   Les Allemands en très grand nombre mirent aussitôt le feu à la ferme Delvaux et emmenèrent le père et les deux fils avec eux les mettant devant eux, en face du feu du fort. Deux autres fils sortirent de la ferme incendiée et furent fusillés quelques pas plus loin. L’un d’eux, Joseph eut le dessus de la tête emporté ce qui porterait à croire qu’on aurait employé une balle explosive ou qu’on eut tiré en très grand nombre. Ils furent fusillés pendant qu’ils se sauvaient.

   Mr Souris qui voulait regagner sa maison fut appréhendé avec Mr Smets. La femme de celui-ci, une hollandaise implora grâce pour son mari qui fut relâché, mais Mr Souris fut fusillé immédiatement en face de sa demeure.

   Les assassins s’attaquèrent à la maison d’en face qui est l’école communale. Ils firent sortir de la cave, à la menace de la baïonnette la famille de l’instituteur Rongy et les familles Matz et Brisko qui s’étaient réfugiées à l’abri des balles. Devant la maison, ils s’empareront des quatre hommes qui étaient là, prirent même au milieu d’eux, une fillette de 7 ans (Agnès Rongy) de l’instituteur qu’ils bousculaient violement. La mère dut s’élancer pour la leur arracher.

   L’instituteur arracha à sa femme son quatrième enfant, une fille de 12 mois (Berthe Rongy), qu’il présenta aux soldats pour les apitoyer, mais en vain. On fit passer les quatre prisonniers à côté des trois cadavres, on les conduisit sur la route d’Olne à quelques pas du village et là on fusilla aussitôt l’instituteur Lambert Rongy, Antoine Brisko, jeune homme de 16 ans et le fils Matz, 23 ans. Le père Matz fut relâché.

   Pendant ce temps, d’autres bandes cassaient fenêtres et portes à coups de crosses et de haches. Une autre bande se rendit à la ferme Wuidart où se trouvaient également plusieurs familles. On expulsa tous ces réfugiés et on mit le feu à la ferme à trois et quatre places différentes.

   D’autres personnes, Mr le curé Oscar Chabot, Jean Matz, François Trillet, Joseph Crahay et son fils André médecin-vétérinaire et leur domestique et Mr Picquereau beau-frère de Crahay furent emmenés prisonniers dans la drève sous le château, où les Allemands s’étaient réfugiés pour ne pas être vu du Fort. L’après-midi, un autre domestique de Mr Crahay qui était venu chercher un bœuf pour les soldats fut également retenu prisonnier.

   Fernand Gigot de Forêt et Emile Ancion de Prayon-Trooz furent faits prisonniers, alors qu’ils se dirigeaient paisiblement sur Forêt.

   Tous ces prisonniers eurent les mains brutalement liées sur le dos et durent marcher en tête des troupes, qui se dirigeaient vers Saint-Hadelin dans l’après-midi. Entre Saint-Hadelin et Ayeneux, on commença à les brutaliser, à leur donner des coups de crosses. Mr Picquereau, après avoir reçu plusieurs coups sur le crâne, fut laissé inanimé dans une rigole. Ce vieillard de 70 ans revint la nuit comme il pût et resta huit jours inconscient. Il portait plusieurs blessures au crâne.

   François Trillet, l’autre rescapé, se laissa tomber comme mort et fut abandonné par la troupe. Il rampa dans les prairies, alla se cacher dans un saule et le lendemain revint à Forêt. Les autres prisonniers furent tous retrouvés morts, les uns entre Saint-Hadelin et Ayeneux, les autre sur la commune de Romsée, au faubourg de Bouny.

   L’après-midi du mercredi, Henri Fassotte et d’autres gens du village demandèrent la permission de ramasser les six cadavres de la commune. L’officier l’accorda et désigna deux soldats pour les accompagner pendant le trajet. Un des soldats tâcha de convaincre Henri Fassotte qui connaît l’allemand, que c’était le feu du Fort qui avait incendié les fermes. Les soldats de cette journée étaient du 20e et 35e régiments. Deux jours après, Henri Fassotte alla rechercher le cadavre d’un soldat belge tué dans une petite prairie. Mr Bottin fermier à Magnée a reconnu et conduit les cadavres de Mr le curé et de Mr Crahay.

   Le mercredi, les Allemands tâchèrent vainement d’installer leurs batteries en face du mur du château. Sitôt arrivés là, ils étaient délogés par les boulets de Chaudfontaine. Ils tentèrent alors de s’installer à la route d’Olne, mais repartaient aussitôt. Ils ont fait trois fois cette manœuvre, puis se sont réfugiés dans la drève du château. Du château où ils s’étaient installés, ils furent dérangés par un obus. Un soldat belge était près du poteau électrique à côté de la ferme Delvaux, il tira plusieurs coups sur les Allemands qui ripostèrent et transpercèrent le poteau. Des officiers demandaient qui sont les soldats, combien y en avait-il ?

 

 

 

Et trente ans après, la nouvelle tragédie de Forêt-Trooz

 

 

 

   Pour le 60e anniversaire de la libération de la Cité Ardente, nous croyons qu’il est de notre devoir d’adresser une pensée émue et reconnaissante à tous ceux qui ont payé de leur vie ces heures d’indicible allégresse.

   Parmi ces héros obscurs qui souvent n’avaient que leur poitrine à opposer aux balles ennemies, il existe un groupe que nous ne pouvons nous empêcher d’ennoblir et de considérer comme la plus sublime manifestation de la Résistance.

   En saluant la mémoire de ces 44 victimes de l’odieux massacre de Forêt-Trooz, nous nous inclinons devant tous les combattants du Front Intérieur et nous exaltons le sacrifice de leur mort.

 

 

« N’oublions jamais »

 

 

   Extrayons du journal « Le Monde du Travail » des 17 et 28 septembre 1944, les quelques passages du récit de l’horrible attentat, par un témoin oculaire.

   Depuis le début de la guerre, le Château de Madame la Baronne del Marmol était le centre d’un vaste mouvement de résistance. C’est là que, dès le 3 septembre 1944, affluèrent de nombreux patriotes désireux d’apporter leur contribution à la victoire finale. Ils furent répartis dans les fermes environnantes, en attendant les armes promises par Londres.

   A l’aube du 6 septembre, des coups de feu éclatent dans les environs ; les partisans belges attaquent les Allemands pour se procurer des armes et des munitions en plus grand nombre.

   Dans une ferme, 150 hommes sont protégés par un fusil et trois pistolets.

   Les escarmouches se multiplient ; les Boches ripostent avec toute la puissance de leurs armes automatiques. Des vides se creusent dans les rangs des patriotes qui perdent peu à peu du terrain et se replient dans la ferme contiguë au château, avec l’intention d’y organiser une résistance plus efficace.

   Mais, ils ont compté sans les multiples ressources d’une armée aguerrie et bien équipée, où, quand les fusils et les mitraillettes ne suffisent pas, les grenades sont tout indiquées.

   Au milieu des explosions meurtrières, les « Soldats sans uniformes » se ruent au dehors et, à la faveur de l’obscurité, gagnent les prairies et la forêt avoisinante.

   La fusillade cesse petit à petit et une nuit sereine remet le calme dans les esprits. Chez les glorieux maquisards, naît un désir plus fort que leur bon sens et leur volonté, un désir qui étouffe l’instinct de conservation, un désir qui, tout en causant leur perte, va les immortaliser : il faut laver l’affront fait par les Boches, il faut se battre…vaincre…ou mourir ! Beaucoup rejoignent le chemin du P.C.

 

 

***

 

   Le 6 au matin, les S.S. reviennent à la charge. Pendant plus de 6 heures, un combat titanesque se déroule. Ceux qui ont des armes sont postés aux fenêtres du château et en défendent l’accès avec un courage et un acharnement admirable.

   Les autres se sont réfugiés dans les caves, dans les étables et dans les fenils.

   L’inévitable survient. Les Boches font irruption dans la cour de la ferme et jettent des grenades dans les caves. Les hommes s’en échappent et sont abattus à bout portant d’une balle dans la tête.

   Les féroces S.S. neutralisent bientôt toute résistance et entassent morts et blessés sur la paille des étables. Après les avoir aspergés d’essence, ils y mettent le feu qui gagne le château et les dépendances, obligeant les derniers survivants à sortir de leur retraite.

   A genoux, devant la soldatesque nazie, des hommes qui, hier encore, étaient des enfants, implorent leur pardon.

   Les S.S., ivres de sang et de meurtre, ont tôt fait de leur tirer une balle dans la tête et de jeter leur cadavre dans le brasier qui augmente d’intensité, éclairant ces scènes d’horreur et d’épouvante. Les assassins se retirent en emportant le produit d’un pillage systématique.

 

***

 

 

   Les Américains approchent en chassant devant eux les hordes nazies. Sous la menace qui se précise, les assassins du Major Schmitz, cantonnés au Casino de Chaudfontaine, entament une retraite stratégique.

   Les libérateurs sont là ! Pieusement, les habitants de Forêt-Trooz se rendent au château sinistré et tandis que les autorités constatent l’épouvantable massacre, ils se font un devoir de rassembler les restes calcinés des victimes afin de leur donner une sépulture décente.

   Un officier américain dira de ce spectacle que c’est la chose la plus horrible qu’il ait vue depuis le débarquement de Normandie. Bientôt, les compagnons d’armes de ces héros, accompagnés des plus Hautes Autorités civiles et militaires de la Province, iront se recueillir sur les lieux qui servirent de cadre à cette tragédie.

   Nous convions les Liégeois à se joindre à eux afin de rendre hommage à ceux qui sont tombés face à l’ennemi, par sa défense et le maintien de leur liberté.

 

« Nous ne vous oublierons jamais ! »

 

(Extraits du journal « la Meuse » du 3 septembre 1946.)

N’oublions pas que Forêt-Trooz fut aussi dans la tourmente en 1944.

 

 



[1] Texte d’origine sous la plume de Henri Fassotte.

 

 

[2] Croix Renard, entre Forêt et Olne

[3] A mi-chemin entre Forêt et la Croix Renard.

[4] Le sergent motocycliste Imschoot est venu loger chez Fassotte et est repartit de bon matin.

[5] Etudiant en droit, fils du Notaire Inschoot de Gand, 21 ans.

[6]  D’après le droit international, connu des Allemands, la guerre se fait entre soldats armés. Les civils ne peuvent être prisonniers.

[7]  « On a tiré »…La même tragédie s’est produite en 1944.

[8]  Le vieux Miest était un Allemand vivant à Forêt seul et travaillait dans les fermes. Il avait été absent plusieurs jours avant la guerre et on ne sait où il était allé ?

[9]  Près du château, sur la route de Prayon, un vieillard chancelant Mr Monfort et Léopold Matz sont arrêtés et gardés prisonniers avec Mr Delvaux et ses deux fils jusque 14 heures.

[10]  Frère de Joseph Matz père.

[11]  Le 4 août, de bonne heure, Mr le vétérinaire Crahay était revenu chez ses parents à Forêt, il était allé à Chevremont et avait communié à Forêt le lendemain matin.

[12]  Mr l’abbé Chabot, originaire d’Ans, habita ensuite Tirlemont. Ordonné prêtre en 1900, il fut successivement vicaire à la Chatqueue (Seraing), puis à Mortier. Il fut nommé curé à Forêt en 1913. Estimé partout pour sa grande bonté et son agréable serviabilité. Il avait 33 ans quand il mourut.

[13]  Ce beau trait de caractère nous est connu grâce au témoignage de deux rescapés.

[14]  Ils devaient partir à l’assaut des forts de Chaudfontaine et de Fléron.

[15]  A St Hadelin, les Allemands brûlèrent 40 maisons et massacrèrent 59 civils dont 44 paroissiens de St Hadelin.



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