Médecins de la Grande Guerre
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Né le 1° sept 1890 à Binche Attaché ensuite, au 4° régiment de chasseurs, il est contraint presque immédiatement, par suite d'une fracture du bras, de regagner l'arrière. Sa blessure à peine guérie, une entérite se déclare, et le malade doit enter à l'infirmerie d'Yvré-l'Evêque. Après un long séjour dans cet hôpital, il rejoint la 1° Cie du 9° de ligne où son frère est capitaine. A Merckem, où son régiment sera très éprouvé, il se dépense sans relâche trois jours et trois nuits. Il décrit ainsi son travail de brancardier: «On m'avait signalé un blessé à quelque distance du poste de secours. Pendant que je le transportais dans un abri bétonné, pour le préserver du bombardement qui continuait, un obus éclate, blessant un homme à quatre ou cinq mètres de moi. J'ai alors connu quelque chose de la misère humaine. Se trouver dans un abri de cinq mètres carrés, avec vingt hommes apeurés et deux autres gravement blessés, alors que le bombardement vous prive de toute communication avec l'extérieur, n'est pas une chose fort agréable. Heureusement, j'ai pu garder mon sang-froid, et ce sursaut d'énergie a mis littéralement tous ces hommes à mon service; ils m'ont aidé à déshabiller et à panser provisoirement les victimes! j'ai même pu trouver un volontaire pour aller avertir le docteur; tout cela sous un bombardement si précis que je sentais dans l'abri le déplacement de l'air. Cela fait du bien, ces moments là; mais heureusement que l'on croit; sans cela, il serait difficile de dominer ses nerfs. Petits incidents de la vie actuelle, moins durs à supporter, que les souffrances morales qu'on y rencontre.» «Son occupation favorite, nous dit un de ses compagnons était « la chasse au cafard». Il allait de cantonnement en cantonnement, faisant à pied jusqu'à 15 km pour nous rencontrer. (....)» Le 28 septembre 1918, il fit une longue course pour revoir Jules Deflandre qui venait d'être blessé. Le soir même, c'est lui qui sur le champ de bataille dirigeait le travail des brancardiers. Le 29, vers midi les Belges occupaient Langemarck. L'avance dépassait les prévisions et de ce fait le feu de barrage allié était devenu trop court et atteignait ceux qu'il aurait dû protéger. Près du carrefour de Vijfwege, Paul Eyckmans, avec un sergent de sa compagnie, s'étaient blotti dans un trou d'obus. Il crut de son devoir d'aller au poste de commandement demander qu'on allongeât le tir ; mais à peine eut-il quitté son abri que l'intensité de feu le contraignit d'y rentrer. Quelques instants après, nouvelle tentative, également impuissante. Cependant, au tour de lui, les victimes tombaient. Une troisième fois, il se leva ; au sergent qui voulait le retenir, il dit simplement : - C'est mon devoir, j'y vais. Et il partit pour ne plus revenir. On le trouva le lendemain, gisant au bord de l'entonnoir creusé par l'obus qui l'avait tué. Deux gros éclats avaient atteint, l'un la tempe, l'autre la poitrine ; la mort avait dû être instantanée, il avait 28 ans. (source : « Au service des blessés », E.Laveille, S.J,
Éditions Duculot)
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